Extraits

Ce n'est qu'une fois sur le palier qu'il l'a entendue murmurer quelque chose qui ressemblait vaguement à... merci. Le temps de se retourner, la porte s'est refermée sur lui...

- De rien, Jo...

Clac !

-... celyne.

C'était un peu sec.

Mais il y avait du progrès dans leur relation.

Il lui avait pourtant bien fait la leçon sur les sept exceptions des mots en "ou" qui prennent un x au pluriel ! Bijoux, cailloux, choux, genoux, hiboux, joujoux, poux. Mais pas bisous ! Pour s'en rappeler, il lui avait fait répéter la phrase idiote qu'on lui avait apprise en classe : "Viens mon chou, mon joujou, mon bijou, sur mes genoux, jeter des cailloux à ces vieux hiboux plein de poux".

Tom est allongé par terre, la tête sous le mobil-home. Il caresse la poule doucement. Elle a pondu son premier oeuf. Il a peur que s'il le lui prend maintenant, ça la décourage d'en pondre d'autres.

Samy raccroche, l'air gêné. Et puis il pose son menton sur ses genoux repliés. Regarde l'eau couler. Se laisse hypnotiser encore un peu, avant de se lever pour partir. Encore un tout petit peu... C'est si bon de regarder l'eau de la rivière passer. Ca lave la tête. Caresse le cerveau...

Madeleine a bien compris que Joss se moquait de ses peurs et de ses chagrins pour éviter qu'ils ne deviennent trop gros et ne l'anéantissent. Et elle s'est dit que ça lui aurait bien servi de savoir faire ça, en son temps. Elle aurait moins usé ses yeux à pleurer, peut-être.

– C'est quoi, la poisse ? – Ben, c'est quand tout ce que tu fais, tout ce que tu touches, se transforme systématiquement en merde.

En vieillissant, les gens prennent conscience de leur santé. Enfin, peut-être… En tout cas, pour eux, ça a été évident : finis les produits chimiques, les désherbants systémiques, les pesticides foudroyants. Bonjour le purin d'ortie, la binette à papa

Samy est resté tard, ce soir-là. Et Tom a beaucoup pleuré. Madeleine a compris qu'il s'était passé quelque chose. Elle a insisté pour qu'ils lui expliquent. Elle s'est levée de son lit, a pris Tom dans ses bras, l'a bercé en fredonnant une chanson enfantine. Et puis elle lui a dit qu'elle aussi, un jour, on lui avait tout volé. Mais qu'il ne fallait pas pleurer, petit homme. Tu vas t'user les yeux pour rien. Elle, elle avait pleuré toute sa vie comme une madeleine. Et tout ce que ça lui avait rapporté, ça avait été des yeux tout délavés et un prénom de gâteau ! Tu parles d'une affaire ... Mais maintenant, elle pouvait bien arrêter à jamais. Puisqu'elle était enfin tombée sur eux. Ses deux si gentils petits enfants...

Tom installe Madelaine dans la brouette, la cale avec des coussins. Elle a du mal à marcher. Ça la fatigue trop. Là, il peut la promener facilement. Et elle peut surveiller tout ce qu’il fait, lui dire comment jardiner. Entre deux micro-siestes, elle pointe avec sa canne… Limace à tribord… Marche pas là pauv’malheureux ! tu va m’écraser le persil qu’essaye de lever…. Là, y a un gourmand…

Tom a préparé trois grands bocaux. Et sur les étiquettes, il a écrit…

Sauce Tomtomato

Pour les spaghettis. Mais c’est bon avec d’autres trucs aussi.