Extraits

– Enjel, tu vas te brûler les ailes…

Son buste se penche, m’enveloppe un peu plus.

– Sûrement, mais tu sais le meilleur dans tout ça ? C’est qu’on brûlera ensemble. 

– Désirer jusqu’à la douleur.

Son poing se referme dans mon cuir chevelu. Il se fige une seconde avant de poser ses lèvres à la commissure des miennes.

– Et là, tu as mal, ma reine ?

– Atrocement.

Tu veux que je sois un enfoiré, ma reine ? Eh bien je serai un enfoiré. Un putain d’enfoiré qui mettra à sac tout ton royaume pour caler ton petit cul sur son cheval et enfin te kidnapper.

Sur ces paroles, il rouvre la porte en grand. Puis me tourne le dos.

Elle se cache pour résister. Je me dévoile pour anéantir.

 – Alors nous sommes en guerre ?

– Tu l’as dit, bébé : je suis un anarchiste. Les couronnes, je les aime brisées et jonchant le sol, pas sur la tête d’une gamine trop riche. »

— Putain d’hypocrite que tu es. Putain d’hypocrites que vous êtes tous. Vous vous permettez de me juger alors que je ne fais que vous donner raison. Je suis exactement celle que tout le monde veut que je sois. Je m’adapte, me fonds dans ce rôle que vous crevez tous d’envie de me voir endosser.

As-tu toujours l’air aussi furieux ? murmuré-je si bas que je doute un instant qu’il m’ait entendue.

– Et toi ? As-tu toujours l’air aussi paumée ? Aussi… malheureuse ? 

– Tu le sens, hein ? murmure-t-il pour que je sois la seule à entendre. Que ta partie de cache-cache est terminée… oui, je suis sûr que tu le sens. Tiens-toi prête, Laria. Toi et moi, on va s’éclater cette année.

– Qui es-tu ? murmuré-je si bas que je doute un instant qu’il m’entende.

– Quelqu’un qui t’a entendue crier.

– Je peux t’accorder au moins ça, tu as de quoi être satisfaite de ton reflet.

Mes yeux fusent sur ceux d’Enjel à travers la surface dépolie. Les mains fourrées dans ses poches, il m’étudie sans la moindre gêne, la tête légèrement penchée. Quelque chose remue au fond de mon ventre. S’agite sous ma peau. Fout totalement en l’air le peu de maîtrise que l’alcool n’a pas encore fait disparaître. J’accroche mes doigts aux rebords de la coiffeuse, m’inclinant en avant. Enjel suit la courbe de mon corps, de mes fesses plus particulièrement, là encore sans une once de pudeur.

– Tu aimes ce que tu vois, Enjel ? je demande d’un ton égal.

– Je pense que tout homme capable de bander aimerait ce que je vois.

Le choix de ses mots m’écorche sans que je n’en saisisse la raison. Après tout, il ne fait que répondre à ma question avec sincérité.

– Et toi ? j’insiste.