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N’importe quelle vie vaut mieux que pas de vie du tout.
Afficher en entierUn vieux souvenir d’école lui revient, un passage de Thomas Hobbes. Quelque chose comme : « La vie. Solitaire, pauvre, laide, brutale, courte. »
Et la journée ne fait que commencer.
Afficher en entierIl y a deux saisons, le jour et la nuit.
Afficher en entierCentre-ville. Des caisses ici et là, à demi ouvertes; une grappe de bâtiments brillants qu'on ne laissera pas vieillir.
Afficher en entierHollywood. Les collines sont légalement vertes, d'un vert sans mort. Couleurs du crépuscule vues dans le demi-jour de midi. Palmiers en nature morte, des cendres de crématorium sur leurs feuilles. Le paysage vieillit à la manière d'un canapé en vinyle. Le silence est sinistre.
Afficher en entierSunset Strip. Un hommage à la libre entreprise démocratique, vu par un caricaturiste. Ses panneaux d'affichage dressés au-dessus des bâtiments bas pour faire oublier le ciel, l'air souillé, vendent des vanités. Les cafés en terrasse abondent près des voitures hermétiquement fermées conduites avec colère. Les flâneurs sont des intrus.
Afficher en entierIl y a Beverly Hills. Ici tout est neuf. Voitures aussi fraîches que des oeufs, consortiums constitués sur un coin de nappe, vêtements récents dessinés dans des villes antiques, peintures iridescentes presque sèches, chaussures à semelles gaufrées qui ne foulent jamais le sol mais enfoncent des accélérateurs allemands, cartes de crédit chic et colorées, coiffures jeunes. Tout ce qui a été dit hier est oublié aujourd'hui. Seul le neuf est crédible, admiré. Tout est, comme chacun le sait, temporaire. Hanté par les fantômes des célébrités défuntes, celles qui sont montées en standing, maison après maison, parfois simplement en louant, puis qui sont mortes. Racines égalent stagnation. Usure égale pauvreté. Agents immobiliers égalent beau monde. Les oranges gisent dans le caniveau à côté de balles de tennis pelucheuses. Il n'y a pas de pauvres.
Afficher en entierSa terre a été volée aux Indiens chumash par les Espagnols, puis volée aux Espagnols par les Américains. Aujourd'hui, les Indiens sont morts, les Espagnols sont repartis, et Los Angeles attend la revanche du comté ruiné au nord, le comté asséché qui est aujourd'hui mort. Le temps du châtiment est venu.
Afficher en entierLos Angeles n 'a pas d'histoire, pas de monuments, pas de statues, pas de commentaire. Elle existe parce qu'elle a jadis volé l'eau du comté d'Inyo au nord.
Afficher en entierIci, le vent ne souffle jamais, il ne pleut presque jamais. La pluie ne vient pas à Los Angeles; ses maisons de stuc changent de couleur comme un sweat-shirt de joggeur. Aucun bâtiment n'est décrépi, rien n'est patiné, il n'y a pas de rouille, pas de maisons délabrées, de cimetières oubliés.
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