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Mark avala une gorgée de café. Le conflit faisait de nouveau rage en lui. D’un côté la Voix le poussait à avancer vers le quai, de l’autre la terreur lui interdisait de céder. Ses mains tremblaient, il faillit renverser sa tasse. Il la reposa brusquement sur la soucoupe, se passa les doigts dans les cheveux, et jeta un regard désespéré en direction de la porte
Afficher en entierLe flot des voyageurs qui se pressaient vers les quais s’amenuisait peu à peu. Bientôt il n’y eut plus qu’une poignée d’attardés, ceux qui ne s’étaient pas réveillés à temps et qui couraient vers leur train en préparant déjà leurs excuses. Mark sortit la coupure de journal de son portefeuille et la déplia sur la table. Il en connaissait le texte presque par cœur
Afficher en entierMark y voyait le signe indéniable de sa folie naissante. Cette force extérieure à lui, totalement indépendante, annihilait sa volonté et exerçait son emprise sur sa vie psychique. Dédoublement, schizophrénie... Autant de mots pour exprimer le même phénomène. Et l’opinion de son psychiatre le Dr Aynsley, ne changerait rien à sa conviction intime
Afficher en entierIl reconnaissait bien maintenant ces deux émotions contradictoires. Dans un premier temps, sa peur régressait, bien qu’elle restât tapie au plus profond de son être. Puis une force irrésistible le poussait à avancer vers les quais. Il ne pouvait pas faire semblant de l’ignorer. Sa peur montait de lui-même, mais cet appel-là provenait de l’extérieur. C’était une sensation indescriptible qui se glissait en lui, l’envahissait tout entier. La Voix lui chuchotait des mots que son cerveau était incapable d’interpréter, mais que son être comprenait. Elle l’attirait, elle l’implorait, elle le suppliait et exigeait d’être obéie. Insidieusement, elle essayait de l’amener jusqu’à l’entrée des quais. Elle l’assurait que tout irait bien, qu’il n’avait qu’à présenter son billet au contrôleur. Elle promettait que ses tourments s’évanouiraient, que son esprit, et son corps, guériraient...
Afficher en entierQui lui ordonnait de passer sur le quai, comme le jour de son terrible accident ? Quelle était cette peur irraisonnée qui l’empêchait alors d’obéir
Afficher en entierAlors que ses tympans lui semblaient sur le point d’exploser, le son s’arrêta brusquement, comme obéissant à un ordre inaudible. Au silence succédèrent de nouveaux cris déchirants de la jeune fille, et le couteau s’enfonça profondément en son sein, sous les yeux de Mark impuissant. Elle eut un soubresaut, une tache écarlate s’étala sur sa longue tunique blanche, ruissela sur la dalle. L’un des druides se détacha du groupe. Il portait respectueusement un cercueil de bois de très petite taille. Agenouillé devant la dalle, il trempa ses doigts dans le sang et en enduisit la figurine que renfermait le coffret. La jeune fille inconsciente remuait silencieusement les lèvres, et la brume violacée envahissait la scène, effaçant les pierres une à une.
Afficher en entierSurgie de nulle part, la brume mauve déferla de nouveau et Mark ne distingua plus rien. Lorsque les nuées disparurent, il était debout sous l’une des arches de pierre. Les silhouettes en longues robes, une cinquantaine environ, s’étaient regroupées au centre du cercle. Elles avaient allumé des torches. Quelques mètres à peine les séparaient de Mark, mais il savait qu’il ne pouvait être vu. Une voix entonna une étrange psalmodie dans une langue inconnue. Plusieurs formes se détachèrent du groupe. Immédiatement, la jeune fille fut amenée jusqu’à la dalle. Mark se fraya un chemin à travers la foule, mû par une force irrésistible. Il avançait avec la curieuse sensation de flotter, tel un fantôme sans consistance qui traverse les corps
Afficher en entierLorsqu’il parvint devant la dalle, il remarqua des taches singulières sur la pierre grossièrement taillée. Deux hommes encapuchonnés obligèrent la captive à s’allonger. Mark comprit enfin pourquoi la jeune fille terrifiée ne proférait aucun son : ses lèvres avaient été cousues
Afficher en entierCette fois, lorsque le brouillard s’était levé, il se tenait debout sur une colline. Il reconnaissait l’endroit. Le soleil levant éclairait les arbres de ses rayons rougeoyants. Mark tourna les yeux vers les pierres levées qui se dressaient au centre de la vallée. Cet ensemble de pierres alignées sur une circonférence semblait avoir été érigé dans un but qui lui échappait. Au centre, autour d’une dalle rectangulaire, l’herbe était roussie par le feu
Afficher en entierCela commençait invariablement par le brouillard, un brouillard violet qui l’enveloppait en tourbillonnant et lui donnait l’impression de flotter dans le vide. Et puis les mêmes visions étranges émergeaient de la brume : une grosse pierre mal taillée, des grilles ornementales, un cercueil miniature qui renfermait une figurine de bois. Les nappes de brume pourpre voilaient le coffret, et Mark se retrouvait seul dans les limbes
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