Extraits

J'étais incapable d'aligner trois mots corrects. Ses yeux, sa voix, sa présence, s'en était trop !

- Comment rentres-tu ?

- Voiture !

- Pardon ?

- Je... enfin ma voiture est garée dehors.

- Il est hors de question que tu prennes le volant dans cet état.

Attends quoi... ce n'est pas un ordre ça ? Non mais, ça va pas bien ?!

- J'ai mon papier tu sais ! Et toc !

Je lui avais dis fièrement !

- Ton papier ?

- Qui dit que je peux rouler.

- Ton permis de conduire, ok. Mais tu vois, je crois qu'il ne te sera d'aucune utilité ce soir !

Elle me regardait et j'étais subjugué par sa beauté. Nous étions là , à nous dévorer du regard sans oser briser la pudeur de cet instant. L'éloignement de ces derniers jours avait installé une certaine distance entre nous et bien que tout mon corps la réclame , je ne voulais pas la brusquer. J'avais envie qu'elle sache , qu'elle me fasse à nouveau confiance . Je ne pouvais pas lui dire ce que je ressentais . On ne m'avait pas appris le langage du bonheur . Je savais qu'elle s'attendais à reprendre en douceur . J'étais prêt à lui laisser le temps dont elle avait besoin pour qu'elle me revienne totalement. Ces derniers jours sans elle m'avaient semblés interminables.

Mon meilleur ami Ronan était gay. Lui et Nathan ont toujours eu du mal à s'entendre. Nathan était trop coincé et chiant aux yeux de Ronan. Quant à Ronan, il était "trop excentrique" et c'est ce qui agaçait Nathan.

Je la serrai dans mes bras, et je sentis sa peau frissonner sous mes doigts. Elle était arrivée dans ma vie depuis peu et pourtant, j'avais le sentiment que je l'attendais depuis toujours. J'étais certain qu'elle était capable de me voir tel que j'étais. Avec toutes ces casseroles que je traîne. Je posai ma joue contre son front. Mes doigts caressaient ses cheveux. Je me sentais bien, pour la première fois de ma vie, j'avais moi aussi un endroit tout près des étoiles.

Elle avait raison. Mais aussi tordu que soit le caractère d'Hugo, il me plaisait, j'aimais son insolence. Il n'avait pas de filtre et quand il faisait preuve de douceur, je savais qu'il était aussi capable du meilleur.

Je mis mon téléphone à charger et je vis effectivement les appels et les messages. Pourtant, un seul arriva à retenir mon attention.

"Bonne nuit Torne, merci pour ce bon moment. J'adore passer du temps avec toi.

Nous étions toxiques l'un pour l'autre. Comment gérer toute cette noirceur quand il nous était impossible de vivre l'un sans l'autre.

Je me laissai tomber dans le fauteuil. La tête en arrière, j'enfuis mon visage dans mes mains et ravalai les larmes qui menaçaient d'exploser, de venir m'affaiblir.

Au bout de plusieurs longues minutes, elle revient s'installer à mes côtés.

- Je... je crois que je vais aller prendre une douche.

- Tu devrais peut-être rentrer chez toi!

- Tu veux que je m'en aille?

- Je crois que tu crèves d'envie de te barrer. Je te donne juste une bonne raison de le faire.

- Non... ce n'est pas...

- Je veux que tu t'en ailles.

Elle enfila son manteau et s'empara de son sac. Je savais qu'elle prenait son temps pour que je l'arrête, mais je n'avais pas le courage de lui faire face.

Quand elle fut prête à partir elle se planta devant moi.

- Je t'aime Hugo! Peu importe ce qu'on t'as fait ou ce que tu as traversé. Si je pouvais t'aider à cicatriser tes blessures je le ferais mais, si tu me fermes la porte, je ne peux pas aller de l'avant. Je voudrais pouvoir me battre avec toi et je n'ai plus la force ni la patience de me battre contre toi!

- Tu es la seule à lire en moi, je n'ai jamais autorisé personne à voir plus loin que ce que je voulais bien montrer.

- Embrasse-moi...

La douceur de son baiser enivra mon cœur, mes émotions avaient pris le dessus sur tout le reste. Je ne contrôlais pas les larmes qui m'envahissaient. Je ne contrôlais rien des battements de mon cœur, de l'intensité avec laquelle je l'embrassais. J'étais submergée, heureuse qu'il soit là, qu'il s'ouvre à moi.

- Hugo...

Il continua à m'embrasser, ses lèvres étaient douces, je sentais la retenue de ses gestes. Il regrettait ce qu'il avait fait et il n'osait pas aller plus loin. Je pris sa main et la posai sur mon sein en lui caressant le visage. Son regard était incertain.

- Tu veux vraiment?

- J'en ai besoin

- Oh bon sang, j'ai tellement envie de toi!

Il se leva et m'entraîna avec lui.

- Je veux pouvoir te contempler...

Il enleva ma blouse, embrassa mon cou, ainsi que mon visage. Ses mains parcouraient mon dos, mon soutien-gorge atterri au sol sans même que je ne m'en aperçoive.

Il embrassa ma poitrine, comme s'il vivait ses derniers instants. Ensuite il me poussa sur le lit et fit défiler mon pantalon le long de mes jambes.

- Torne...

- Oui...

- Tu es si belle...

Ses mots n'étaient qu'un souffle.

Il se pencha sur moi, et m'embrassa à perdre haleine...

Sa cuisine était ouverte, elle était d'un noir laqué et le plan de travail se trouvait au centre de la pièce. Le même parquet que dans son bureau couvrait le sol. Tout était moderne et raffiné. Il scruta mon regard et se mit à sourire.

- C'est joli chez toi.

- Ma décoratrice d'intérieur à plutôt bon goût. Viens t'asseoir, j'ai du Fragolino au frais, je t'en sers un verre?

- Du quoi?

Il sorti une bouteille de vin du frigo et prit deux verres dans l'armoire.

- Il faut que tu goûtes, ce vin est une pure merveille.

Il me donna un verre et me scruta. Il attendait que je goutte et que je lui donne mon avis. Je trouvais ça attendrissant. Je m'exécutai et bus une première gorgée. Ce vin était divin! Il pétillait et avait un goût de fraise. Je n'en avais jamais goûté de semblable.

- Il est délicieux.

- J'étais sûr qu'il te plairait.

- Tu as vu juste.

L'ambiance était plutôt tendue, nous n'avions pas encore vraiment engagé de conversation. Hugo brisa le silence.

- Tu t'intéresses à la musique depuis longtemps?

- Je l'adore depuis toujours.

- Pourquoi avoir attendu autant de temps?

- Par manque de confiance... On m'a encouragé et j'ai finalement passé le cap. Une cliente m'a donné tes coordonnés. Elle t'a recommandé en m'affirmant que tu faisais des miracles.

- Et encore, tu ne sais pas à quel point!

Il avait parlé en portant le verre à ses lèvres. Le regard qu'il me lançait par-dessus me donna des frissons. Il fallait que je me calme. C'est quoi ces pulsions soudaines? Je lui souris et je dus paraître plutôt mal à l'aise puisque son regard se fit soudain curieux. Il s'avança vers moi. Sa lenteur me parut insoutenable. Mes pieds étaient comme cloués au sol, il m'était impossible de bouger. Quand il arriva à ma hauteur il me prit par la taille.

- Tu es si belle Torne, je ne veux pas t'entendre douter de toi.

Je lui souris timidement. Incapable de répondre..

Le silence avait envahi la pièce. Elle était allongée près de moi et aucun de nous ne s'était donné la peine de parler. J'avais l'impression qu'une éternité venait de s'écouler. Je la repoussai doucement, elle dormait, enfin je crois... Comme à mon habitude je me réfugiai dans mon bureau. Je pris ma guitare et après avoir posé le casque sur mes oreilles, je me mis à jouer. La musique a toujours été mon échappatoire. L'unique façon de gérer mes émotions. Je grattais ma guitare, sans tenir compte du temps qui passait.