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Lorsqu’un garçon me montrait un intérêt quelconque, j’ai toujours pris soin de l’éconduire poliment. Comment se laisser aimer quand on se trouve trop maigre ? Peu désirable ? Quand on se fait une piètre opinion de son corps et de son reflet dans le miroir ?
Cependant, tout a une fin. La roue de la destinée a tourné, introduisant dans le vaste jeu de la vie de nouveaux acteurs au sein de ce quotidien sans surprise, rythmé par les arts plastiques, la solitude et les aléas de maladie.
À cause de l’entrée dans ma vie de deux personnes : deux hommes aussi différents que le jour et la nuit, hors de portée des limites du temps.
L’un s’appelle Victor, l’autre a pour nom Solstice.
Maintenant que j’y pense, avec du recul, je me demande si l’irruption de l’un dans ma vie n’a pas obligé l’autre à se révéler à moi. Peut-être voient-ils en ma destinée un enjeu qui m’échappe. Victor et Solstice sont si différents et pourtant tellement similaires. Comme les deux faces d’une même pièce. Deux volontés opposées qui évoquent les contrastes et l’osmose du Yin et du Yang.
Afficher en entierJ’aurais eu tout pour être heureuse, si ma constitution n’avait pas été aussi fragile. Je pense que les garçons me trouvent plutôt jolie, même si mon physique est loin d’être exceptionnel : des cheveux raides et châtains, des yeux amande hérités de mon père et un visage aux traits délicats, mélancoliques. Depuis toute jeune, seule une constitution fragile vient entacher ma quiétude. Mon poids se situe dix kilos au-dessous de la normale pour une jeune fille de mon âge. Je suis faible et malade en permanence, succombant au moindre microbe qui traîne. Les médecins disent que ma santé précaire est due à un système immunitaire déficient.
Dans mon cas, certains spécialistes affirment même qu’il est quasi inexistant. On a voulu à une époque m’isoler du reste du monde, afin que je sois un minimum en contact avec des facteurs infectieux. Plus de sorties, plus de lycée.
Même si je ne suis pas très sociable, j’ai refusé net cette solution. À mon sens, une existence courte mais épanouie est préférable à une vie de claustration. Au diable les contraintes, si c’est pour grappiller quelques années de sursis dans de mauvaises conditions.
J’ai toujours chéri ma liberté. Toujours !
Afficher en entierPourquoi la vie est-elle si coutumière aux épreuves douloureuses ? De quel droit quelques esprits cruels nous imposent-ils des décisions vouées à faire souffrir inutilement ?
L’un de ces choix terribles, inéluctables, s’impose à moi.
Un déchirement m’obligeant à prononcer ma faveur entre deux sorts peu enviables, représentant chacun un avenir indésirable… Un choix funeste m’acculant à la damnation ou à la mort. Survivre quoiqu’il en coûte, ou mourir ?
Je tremble de tout mon être, car ce choix, je dois le prononcer maintenant !
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