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Le séisme politique, l'élimination des deux partis qui dirigent la République depuis cinquante ans, la présence de l'extrême droite au second tour avec un nombre de suffrages jamais atteint, le surgissement d'un novice, la fracturation de la France, on se dit que tout cela devrait occuper les analystes. Mais non. Ce qui intéresse les commentateurs professionnels et les réseaux sociaux, c'est la soirée de La Rotonde. Comment peut-on, à ce point, préférer l'accessoire à l'essentiel ?
Afficher en entierMais le plus grave est ailleurs , notre homme s'adresse à l'intelligence ( c'est respectable ) pas au cœur ( ce n'est pas un gros mot ) .
Afficher en entierL’enfant de Picardie, l’ado de la Providence, le comédien amateur sur les planches, l’énarque qui s’espérait romancier, le banquier d’affaire millionnaire, le conseiller de l’ombre, tous ceux qu’il a été un jour ne pouvaient donc pas envisager pareil destin.
Afficher en entierDu reste, il cite Camus "Oui, j'ai une patrie : la langue française".
Afficher en entierLes journalistes, comme souvent suiveurs d'opinion, flairent aussitôt le filon. Ils se rangent, plus ou moins ouvertement, derrière l'enfant prodige, tant qu'il a les faveurs du peuple. Ils le traîneront dans la boue dès que le vent tournera, cela ne fait pas le moindre doute. En attendant, ils lui consacrent leurs couvertures.
Et puisque son bilan a été décortiqué dès l'annonce de sa démission, puisqu'il n'a pas encore de programme, il leur faut trouver autre chose. Ils s'intéressent donc à son épouse.
Il faut reconnaître que Brigitte M. détonne. Tout, chez elle, retient l'attention : l'apparence, l'allure, l'âge, la liberté présumée, les conventions bousculées, les codes déplacés. Et quand on la fréquente un peu, comme c'est mon cas, on demeure quand même surpris, intrigué, troublé. A un magazine qui me demande son portrait, je livre ceci :
"Elle est née Trogneux, dans une famille bourgeoise très aisée. Son père dirigeait une fabrique de chocolat ainsi qu'une quinzaine de magasins, sa mère le secondait. Elle dit souvent que ses parents formaient "un couple indissociable". Elle est la petite dernière d'une fratrie de six, arrivée longtemps après ses frères et soeurs. Elle m'a avoué, un jour : "J'ai été très gâtée, affectivement, socialement, j'avais tout, je ne pouvais me plaindre de rien et pourtant, j'ai été une adolescente en souffrance." J'ai alors voulu savoir si la raison de cette souffrance était à chercher du côté d'un désir informulé de s'affranchir de son milieu, elle m'a répondu, malicieuse : "J'ai fait quinze ans de Sacré-Coeur, ça te maintient dans le droit chemin."
Afficher en entierSeptembre
Il effectue sa première sortie officielle d'homme "libre" dans les allées de la foire de Châlons-en-Champagne. Il est suivi par une nuée de journalistes, de photographes, de cameramen. Ceux-là ne voudraient pour rien au monde passer à côté d'un possible phénomène, mais ce faisant, ils participent à son avènement. Sur place, c'est la folie, ça se bouscule, ça se piétine, ça s'agglutine, ça hurle. La foule réclame des selfies, il s'y prête sans retenue. Un vieux routier de la politique, observant ce tumulte, le concède : "Il se passe quelque chose." Je sens qu'on va l'entendre souvent, cette phrase.
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