Extraits

Dès le début, le jeu avait été mal réparti. Deux garçons pour trois filles. Une de trop...

Mandy ? Appela-t-elle de nouveau. Michèle ?

Seul le silence lui répondit. Le silence.... Il avait beau être le plus souvent son ami, en de telles circonstances il pouvait devenir son pire ennemi. Jill posa une main sur la poignée. Elle lui sembla froide. Dans un pays comme Hawaï, c'était plutôt étrange. Tout était censé être chaud et vivant.

Tu es ridicule. Cette poignée est froide parce qu'elle est en métal. Aucun cadavre ne t'attend de l'autre côté de la porte, dans une baignoire ensanglantée.

Malgré elle, Jill enviait Michèle, qui avait dévoré son petit déjeuner un peu plus tôt avec Mandy. D'une part, elle pouvait manger ce qu'elle voulait sans jamais prendre un gramme et, de surcroît, elle pouvait payer toutes ses dépenses avec la carte de crédit de son père.

Jill savait ce que « faire connaissance » voulait dire avec Michèle. C'était une beauté blonde que tous rêvaient d'emmener dans une crique cachée des regards curieux. Michèle n'était pas vraiment l'amie de Jill et de Mandy. Elles s'étaient connues quand elle avait décidé de les accompagner à Hawaï. Michèle s'était tout simplement invitée à faire ce voyage avec elles.

- Comment sont-ils ? Demanda Jill, intriguée.

- Ils s'appellent Dave et Johnny et ils sont moniteurs de plongée. Ils entraînent des plongeurs débutants dans la piscine de l'hôtel et leur apprennent tout ce qu'ils doivent savoir avant de se lancer dans l'océan. Il y a un cours chaque jour, qui commence à onze heures. On y est toutes les trois inscrites.

- Quoi ? S'exclama Jill.

- Tu vas adorer, tu verras. Ils sont super. Ils vont t'apprendre à respirer sous l'eau. Tu n'es pas fâchée que je t'aie inscrite d'office ?

- Est-ce qu'il faut un coupon pour suivre ces cours, ou est-ce que... notre corps suffira pour régler la note ?

- Jill... ne t'en fais pas. Le bateau leur appartient. Mais les leçons se passent dans le cadre de l'hôtel. Il nous faudra un coupon.

- Mais, alors, on ne pourra pas faire la balade en hélico au-dessus du volcan Haleakala ? Se lamenta Jill. Mon guide dit que c'est le plus beau cratère de l'île.

- Si, on pourra. A condition de ne pas faire du para-ski.

C'est mon avion, pensa Jill Farlow, le cœur battant.

C'étaient les vacances de printemps et elle partait pour Hawaï. Le rêve ! Engloutissant la fin de son beignet, elle avala d'un trait le reste de son coca. Le paradis l'attendait... Elle mit son sac en bandoulière, saisit son bagage à main – non sans vérifier pour la centième fois qu'elle avait bien son billet – et se dirigea vers la porte d'embarquement.

Jill ne connaissait pas Hawaï. Elle était née à Los Angeles et n'avait jamais mis les pieds hors de la Californie.