Extraits

« Kyle ne regretta jamais son choix. Cette maison avait été le lieu de leurs renaissances.

Cette maison était son chez lui. Leur chez eux.

Clara serait fière de lui. La vie avait repris ses droits. Dans ces murs, témoins silencieux d’une évidence. »

« Je vais bien, Kyle. Tu dois arrêter de t’en faire pour moi. »

« Désolé. J’y arrive pas… Parce que je te connais mieux que je ne me connaîtrai jamais moi-même et je sais que tu ne vas pas bien. »

Josiah baissa la tête.

« Je veux juste que tu saches que si tu as besoin de moi, je suis là. »

« Je le sais… Merci, Kyle. »

Celui-ci s’éloigna vers la porte et, au moment de sortir, il se retourna.

« Tu nous manques, J. Tu me manques. »

Josiah entendit la porte se refermer et releva les yeux sur les collines qui se dressaient devant lui, les larmes aux yeux

Ce fut du bruit dans la salle de bain qui le réveilla. Il jeta un œil distrait à sa montre.

« Putain… Six heures trente ! », en relevant son édredon sur sa tête.

Un coup sur la porte et celle-ci s’ouvrit sur ses enfants.

« Et merde ! », grommela-t-il, tête dans l’oreiller quand ceux-ci se ruèrent sur lui.

« Debouuuuut ! », hurla Jewel.

« Merde, les gosses, vous avez vu l’heure ? On est en vacances, je vous signale… Je suis fatigué. »

« Dépêche-toi ! Manfred a dit que le petit déjeuner serait servi à sept heures », lança Chadwick tout en le secouant.

« Si Kyle reste avec Paige et si Josiah… » Il suspendit ses mots. « Ça voudra dire que cela en sera fini de cette famille… Et ça, je ne peux pas m’y résoudre. »

« Tu le dois. Les choses sont ainsi faites. Ce sont les choix d’une vie. »

Reginald l’embrassa doucement.

« Je veux que Kyle partage avec lui ce que je partage avec toi… Je veux que Josiah puisse être aimé par lui parce que Kyle est l’homme de sa vie, et que Dieu sait que j’ai raison. »

« Dieu ? », en se reculant tout en posant sa main sur celle de Reginald toujours sur sa joue.

« Dieu ou moi… Quelle différence ? », en lui souriant tristement.

« Tu es une véritable tête de mule flanquée d’un cœur en or, ça doit être pour cela que je t’aime. »

« Ça et plein d’autres choses », sur un ton grivois.

« Je croyais que tu n’avais pas la tête à ça aujourd’hui ? »

Non, mais je sens que tu vas m’aider à changer d’avis », en l’embrassant avec fougue.

« Je ne veux que ton bien, tu le sais, n'est-ce pas ? »

« Oui je le sais, mais arrête avec tout ça », en inclinant la tête tout en laissant sa main sur son visage.

« Putain, J-iah... Mais c'est tellement évident... Pourquoi ? », se désespéra-t-il.

« Parce que c'est Kyle », d'une voix lasse. « Et qu'il ne franchira jamais le pas. Parce qu'il ne pense même pas à le faire... Il ne m'aime pas, Reggie, tu comprends ça ? », continua- t-il en lui caressant la joue du pouce, machinalement, sans le regarder. « Mais ça ira... Tant que tu es là et que je suis ici avec eux... Avec lui.»

« J'aimerais tellement que... », soupira Reginald en posant sa main sur celle de Josiah sans terminer sa phrase.

Ils s'étaient compris.

« Moi aussi, mais après dix ans, je me suis fait une raison, tu sais », en l'attirant vers lui et en l'embrassant avec tendresse.

« Il hésita quelques secondes puis finit par prendre le dernier paquet. Il était accompagné d’une carte de vœux glissée sous la ficelle. Elle était un peu ringarde avec son Père Noël en paillettes. Kyle avait probablement dû la trouver à la dernière minute. Il n’était jamais très à l’aise avec ce genre de démonstration et le fait qu’il ait fait cet effort pour lui le toucha.

Il l’ouvrit et reconnut son écriture, mal assurée sur le coup.

« J.,

Clara m’a offert ceci peu après la naissance de Jewel en m’expliquant que je devais le garder précieusement jusqu’à ce que, comme elle, je trouve à mon tour la personne qui partagerait mon destin. Je lui ai dit que je l’avais déjà trouvée. Elle m’a souri et m’a répondu que rien ne devait jamais être vécu comme une certitude et qu’il fallait profiter du moment présent comme si c’était le dernier, continuer à vivre même si plus rien, un jour, ne nous en donnait l’envie, parce que le destin trouvait toujours un moyen de dresser sur notre chemin une personne pour nous guider et nous ramener vers la lumière.

Ce jour-là, je n’ai pas compris ce qu’elle avait voulu me dire. Elle était ma vie, ma seule destinée, mon seul guide. Ma lumière.

Mais aujourd’hui, les choses ont changé. Ma vie a changé et je comprends à présent ce qu’elle avait essayé de me dire alors.

Tu es cette personne, J.

Merci.

Joyeux Noël

Kyle  »

«  La vie est trop courte pour faire des compromis… Je préfère que les choses soient dites dès le départ, cela évite les malentendus et les non-dits qui pourrissent les relations humaines et faussent le jeu avec de mauvaises cartes  »

« le Boss vient juste de m’annoncer qu’il aimait un mec, ça m’a surpris. »

Les rires cessèrent.

« Pas trop tôt », s’exclama Kimo.

Kyle se figea, tout comme Franck.

« Pardon ? », l’interrogea Kyle.

« C’est Josiah, je suppose ? », dit-il d’un air distrait.

« Mais… Je… Tu… »

Cette fois-ci, ce fut Kyle qui bafouilla.

« Depuis le temps que vous jouez au chat et à la souris, vous deux », en se retournant vers son patron. « Vous en tirez une tête ! », en passant de l’un à l’autre.

« Comment tu savais ça, toi ? » l’interrogea Franck, les sourcils relevés.

« Tu les as déjà vus ensemble, ces deux-là ? »

« Bah oui. »

« T’as déjà vu des potes se comporter comme eux ? »

« Bah non », après un court moment de réflexion, parlant entre eux comme si Kyle était absent de son propre bureau.

« Bah alors », lança Kimo en haussant les épaules. »

«  Je préfère vous voir heureux même si c’est avec un mec. Après tout, c’est pas moi qui couche avec ! »

Il pâlit.

« Désolé, c’est pas ce que je voulais dire. »

« Franck, calmos », le rassura Kyle.

« C’est juste que je m’y attendais pas. Je pensais que… Bah les femmes, quoi ! », dit-il, sourire crispé.

« Moi aussi, Franck. Comme quoi il ne faut jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau. »

« Euh j’aurais préféré une autre image pour le coup », en se mettant à rire, soudain détendu. »

« Josiah se pencha vers Kyle.

« À tout à l’heure », suivi d’un rapide baiser.

« Cinq dollars. »

Ils se retournèrent surpris, pour se retrouver face à face avec Jewel qui tendait la main vers son frère.

« Merde, je te les donnerai ce soir », pesta-t-il en soupirant.

« Chad ? », l’interpella son père. « Ça signifie quoi ça ? », le visage déconfit.

« J’ai parié sur aucun, elle sur un… J’ai perdu », en sortant, rageur.

« Merci », leur sourit Jewel, suivant son frère.

« Dites-moi que je rêve », laissa tomber Kyle, sidéré.

« Je pense que Reggie a eu une très mauvaise influence sur eux », se mit à rire Josiah.

« Merde ! », marmonna Kyle, ne semblant toujours pas s’en remettre.

« Tu devrais trouver ça génial. »

« Quoi ? Que mes gosses parient sur nos patins ? », dit-il, effaré. »