Extraits

Tous les chagrins sont méprisants, imprenables, perchés à des hauteurs que personne ne peut rejoindre. Peut-être a t-on trop peur qu'une consolation efface ce qu'il reste des souvenirs.

"- Ça, c'est du grec, disait le docteur.

- Et ça veut dire quoi ?

- Ça veut dire qu'elle parle grec."

Tout le monde admira le raisonnement.

Il avait posé la question au hasard, sans savoir. Mais cette curiosité le décevait rarement. Il y avait toujours quelque chose à remonter de cet hameçon qu'il lançait parfois. "Et elle?" Même le plus vertueux de ses moines pâlissait. Et Zefiro était ému de ces yeux tout à coup brouillés, comme l'eau d'un marais, par cette ligne qu'il jetait.

Elle. Pour chacun, même pour Zefiro, les quatre lettres correspondaient à un être précis, parfois très lointain, un rêve, une ombre ou un regret.

Longtemps,Setanka avait cru que son père était jardinier.Dans les maison de campagne de Sotchi, de Crimée ou de la région de Moscou, il aimait toucher les fleurs et les arbres.Elle voyait sa belle moustache frémir au parfum des roses.

Un an après la mort de sa mère, en entrant à l'école qu'on appelait "vingt-cinquième école modèle", dans le passage qui donne sur la rue Gorki, elle avait été surprise de voir sur tout les murs des portraits de son père. c'est à ce moment là qu'elle avait compris que son père n'était pas jardinier.

Il était le maître absolu d'un pays qui allait jusqu'à la Mongolie et au pacifique.

Il s'appelait Joseph Staline

Spoiler(cliquez pour révéler)- J'ai vu qu'il est mort, dit la jeune fille.

- Qui ?

- L'homme que tu cherchais... Cafarello...

- Où ?

- A la prison de Sing Sing.

- Où l'avez-vous vu ?

- On l'a découpé.

Vango frissonna.

- On a découpé qui ?

- L'article, dans le journal.

- Ah !

"Si je ne compte pas les jours, à quoi sert chaque jour de plus?"

- Des rumeurs ? répéta Eckener.

Max Gründ inspira l'air. Il y avait une odeur persistante de térébenthine.

- Oui. Des travaux de peinture qui mettent en cause l'honneur de notre pays.

Eckener sourit.

- Ce qui reste de cet honneur est bien mince s'il est mis en danger par un pot de peinture.

C'était la guerre. On pouvait se passer de presque tout. Mais pas du beurre

- C'est vous, padre ? demanda Vango.

Il se pencha encore plus.

- Vis... Va-t'en et vis, Vango. Laisse tout. Recommence.

- Padre...

- Oublie.

"[...] Celui-ci écarquillait les yeux. Il pensait aux histoires de princesses enlevées par des dragons. Mais qui donc enlevait les princesses de quatre-vingt-huit ans ? Des vieux dragons ?"