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Extrait ajouté par Spika 2017-05-20T15:00:30+02:00

Wastburg n’avait pas une très longue tradition de bourreaux. Avant, c’était les majeers qui prenaient en charge la punition. L’enquête, le jugement, le châtiment… Toute la procédure judiciaire passait entre leurs mains.

Ils vous extirpaient des aveux à grands coups de sortilèges, vous condamnaient et ensuite, selon le crime, ils vous arrachaient toute envie de recommencer ou vous imposaient une souffrance de tous les jours en guise de pénitence. Il n’y avait pas de Purge en ce temps-là : les coupables rentraient chez eux le soir même du procès, mais ils n’étaient plus les mêmes. Ils portaient leur prison en eux, c’était encore pire.

Après la Déglingue, il avait fallu improviser. On avait vite nommé un bourreau et on avait trouvé une justice à base d’amputation. Vol à la tire ? Une paluche à la poubelle. Viol sur la fille d’un notable ? Dis au revoir à ton petit moineau. Meurtre ? Ablation de la tête. C’était efficace, mais Wastburg s’était vite retrouvée peuplée d’infirmes. Parce qu’un homme devenu manchot, il avait du mal à se trouver un emploi honnête, fallait bien l’avouer. La justice n’avait fait que créer une armée de mendigots, c’était pas une solution viable.

Maintenant, on enfermait les coupables et on les tatouait à leur sortie de la Purge, pour se rappeler de ce qu’ils avaient fait, la prochaine fois qu’on les attraperait. Par contre, pour les gros crimes, on avait gardé la bonne vieille méthode. C’était comme si toute la cruauté des amputations d’avant se retrouvait concentrée dans ces exécutions publiques. Le bourreau ne coupait plus une dizaine de mains par semaine, mais en échange il vous travaillait un condamné à mort aux petits oignons. La qualité l’avait emporté sur la quantité.

Bourrel ne s’appelait Bourrel que depuis le jour où son maître avait cassé sa pipe en pleine corvée. Il en était au stade où il devait utiliser une lourde barre à mine pour briser les tibias, et en soulevant le truc, le cœur avait lâché. Drôle d’ambiance sur les planches. Son apprenti avait pris immédiatement la suite des opérations, même que la barre à mine avait failli lui glisser des mains tellement il transpirait. Quand plus tard, il avait donné le coup de grâce, il était officiellement devenu le nouveau Bourrel.

La première fois qu’il était monté sur la scène pour filer un coup de main à son maître, il avait demandé au vieux pourquoi on faisait tout ce tralala pour les exécutions. Au Waelmstat, ils pendaient, et en Loritanie… on ne savait pas trop ce qu’ils faisaient. Et le vieux lui avait répondu :

« Quand un juge rend justice dans un théâtre, le moins que tu puisses faire pour exécuter la sentence, c’est de monter sur les planches, de jouer ton rôle et de saluer le public à la fin. »

C’était comme ça : à Wastburg, le bourreau était une sorte d’artiste. Bourrel avait donc appris à faire dans le tape-à-l’œil, à reprendre à son compte les astuces des saltimbanques. Il n’était plus choqué par les applaudissements : au moins les spectateurs ne lui demandaient pas un rappel.

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Extrait ajouté par JadeRanka 2017-11-05T10:02:35+01:00

Il lui restait à fouiller la grosse armoire, qui pouvait encore réserver des surprises. Il rengaina l’épée et ouvrit d’un coup brusque les deux battants du meuble. Des draps, de la mauvaise vaisselle et des guenilles, le tout sur des étagères de guingois qui tombèrent quand il cogna contre le dos de l’armoire à la recherche d’un double fond. Chou blanc, une fois encore.

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Extrait ajouté par Spika 2017-05-20T14:59:09+02:00

Les gars l’attendaient sur le chemin car ils n’étaient pas assez sans-gênes pour venir l’emmerder chez lui. Dès que l’un d’eux le reconnut de loin, il donna des coups de coude aux autres pour les prévenir. Les cinq gardoches s’approchèrent groupés, pas menaçants mais imposants. Bourrel ne les connaissait pas particulièrement, mais eux semblaient avoir déjà vu sa trombine.

Les cinq qui avançaient de front, le bouclier au flanc, ça faisait un mur sur pattes. Bourrel se laissa aimablement rabattre vers un coin à l’abri des oreilles indiscrètes.

« J’imagine que tu sais de quoi on est venu te causer, le Bourrel.

— C’est toujours pareil, les gens viennent rarement me demander mon avis sur le bon moment pour planter des radis. »

En dehors de Bourrel, personne ne daigna sourire.

« Il ne mérite pas de souffrir, pas un gars comme lui. C’est un des nôtres, grimoire. On ne dit pas qu’il n’est pas coupable, on dit juste qu’il a droit à une meilleure sortie que ça.

— Attendez, vous savez bien que j’y peux rien, moi. Je suis comme vous autres, je reçois des ordres.

— Oui, mais toi, tu peux lui accorder le peu de clémence que le juge lui a refusé. Un coup de lame bien placé dès le début du truc, et il ne souffrira pas.

— C’est pas si simple. C’est que je suis surveillé, moi. J’ai pas le droit de couper court, si le juge a décrété que ça devait traîner en longueur, ben je dois faire avec.

— Allez, le beau geste, quoi.

— Vous êtes marrants, les gars. Et la foule, vous croyez qu’elle va bien le prendre si je bâcle ça ? Ça c’est déjà vu, des bourreaux piétinés par un public chatouilleux, vous savez. Ils viennent voir du sang, alors si vous les privez, ils se rattrapent en faisant couler celui de l’employé de justice.

— T’exagères…

— Surtout que là, pour une fois que c’est un garde qui passe à la casserole, je peux vous dire qu’ils vont être nombreux à venir voir l’attraction. Il paraît que les gens viennent de l’autre côté du fleuve pour le coup. Les habitants qui ont une baraque à étage sur la place, ils louent leurs fenêtres à ceux qui veulent avoir une vue dégagée sur la scène.

— Bon, on a compris. Combien tu veux ? Cinq cents geldoches ?

— Mais non, c’est pas une question d’or. C’est comme si vous me demandiez d’empêcher le fleuve de couler : JE NE PEUX PAS.

— Mille, alors.

— Vous êtes bouchés. Et pis d’abord, pourquoi vous ne lui avez pas filé du poison en prison ? Il paraît qu’on peut se payer un purgeard pour moins cher qu’une Loritaine, ces temps-ci.

— C’est que… justement, ils ne l’ont pas mis à la Purge. Ils le planquaient ailleurs, le burgmaester a même engagé des gars de l’extérieur pour que personne se laisse acheter. T’es le dernier chaînon qui peut faire quelque chose, Bourrel. Tu peux bien lui trancher un nerf pour qu’il reste en vie mais qu’il ne sente pas que t’es en train de lui jouer dans les boyaux, non ?

— Hey, nettoyez-vous les cages à miel : je suis pieds et poings liés, moi. »

Un muet essayant de convaincre un sourdingue de ce qu’a vu un miraud aurait eu plus de chance de réussir que les gardoches. Plus ils insistaient et plus Bourrel s’enlisait dans son refus. Il ne faudrait plus longtemps avant que les menaces commencent à prendre le pas sur les arguments.

Bourrel faisait partie de ces gens que la loi de Wastburg protégeait plus que les autres. Lever la main sur lui, un juge ou un maester, c’était signer son arrêt de mort, même pour un membre de la Garde. Il ne restait plus que ce rempart pour empêcher les gardoches d’être moins diplomates.

« Au lieu de m’emmerder, vous feriez mieux de vous occuper de lui avant qu’il n’arrive à moi. Vous pouvez lui régler son compte à distance avec un bon carreau, si votre tireur n’est pas manchot. Enfin, moins manchot que Polkan. »

Et sur cette saillie, Bourrel se fraya un chemin entre les boucliers en rigolant seul de sa blague.

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Extrait ajouté par Spika 2017-05-20T14:58:06+02:00

Rida ravaudait la tenue de son homme en se demandant à quoi ça rimait, toutes ces cachotteries. Tout le monde savait qui se cachait derrière cette cagoule, fallait vraiment être bigleux pour pas reconnaître son mec quand il bossait sur la place et qu’il arrachait un doigt à la pince. En tous cas, dans le quartier, ils n’étaient pas neuneus et ils l’appelaient Bourrel. Même qu’elle, ils la surnommaient la Bourrelle, des fois, mais elle n’aimait pas bien ça.

« Lizba, vas donc voir si l’eau bout. »

La gamine laissa en plan ses travaux d’aiguille pour aller touiller avec le battoir la marmite pleine de linge qui mijotait. C’était un des gros inconvénients d’avoir épousé le père Bourrel : il salopait beaucoup de fringues. Et pas avec du jus de framboise : quand il rentrait d’une séance privée à la Purge, avec son ballot de linge sale sous le bras, c’était à croire qu’il avait égorgé des gorets toute la journée.

Au cours des années, Rida avait essayé toute sorte de méthodes pour venir à bout du sang séché. Mais il n’y avait pas à tortiller du fion, on ne faisait pas mieux que le savon loritain pour décrasser le sirop de taulard.

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Extrait ajouté par Spika 2017-05-20T14:50:28+02:00

Sandec referma doucement derrière lui pour ne pas interrompre la discussion, qui était menée par un vieux de la vieille. La pièce avait des airs d’étuve enivrante car une casserole remplie de vin saupoudré d’épices paressait tranquillement sur le feu alors que tous étaient pendus aux lèvres du vétéran. Il lui manquait tellement de dents qu’on avait l’impression qu’il parlait avec la bouche plein de compote, aussi ils tendaient tous l’oreille pour ne rien louper.

« Et donc mon père-grand, qui patrouillait déjà dans les mêmes rues que nous autres, y’avait plusieurs bordels sur sa tournée. Mais ‘tention, dans son temps, c’était pas des claques loritains d’arrière-cour, non messieurs. Y z’appelaient ça des maisons de tolérance. T’avais du satin rouge sur les murs, des fleurs dans les chambres, et les filles étaient toutes vierges. Ç’avait d’la classe. C’était même bien vu d’aller là-bas, c’était limite si ta régulière te forçait pas à y aller pour montrer à la voisine que t’étais du beau monde.

» C’est quand les affaires des majeers se sont mises à piquer du nez que ça s’est mis à aller à vau-l’eau dans c’négoce. Avant, jamais t’aurais vu un majeer dans une maison de passe. C’est pas qu’c’était interdit chez eux, c’est juste que la magie, ça les rendait tout mou du salsifis. Si si, j’vous jure, y pouvaient pas bander et incanter en même temps. Fallait bien qu’la magie ait un prix. Et grim’, j’sais pas comment y faisaient pour accepter ça, mais y le faisaient. C’est pour ça qu’la magie les faisait tous vriller du ciboulot : à force de se priver de cul, y devenaient dingues. C’est pas pour rien qu’y finissaient tous par être obsédés par le pouvoir, vu que y’avait plus que ça pour les exciter. T’imagines l’truc ? Ouais ? Ben pas moé. Y z’essayaient tous de trouver des sortilèges pour compenser, mais ça fonctionnait jamais.

» Sauf qu’un jour, blam, la magie s’est asséchée. Plus moyen de faire mu-muse avec. Les tours ne communiquaient plus entre elles, y z’étaient plus capables de faire la pluie et l’beau temps. Les plus branques sont devenus encore plus cintrés et se sont jetés du haut d’la tour. Ça pleuvait comme pendant la porchaison. Ceux qui n’ont pas eu les couilles de sauter, y z’ont dû apprendre à vivre à la dure, comme des honnêtes gens. À se salir les mains. À payer des taxes.

» En même temps qu’y redescendaient sur le plancher des vaches, y z’ont découvert un truc : y z’avaient maintenant le poireau qui les démangeait. Mais alors, pas à peu près. Du genre matin, midi et soir. La trique en action pour un oui pour un non. C’est devenu leur nouvelle obsession. Faut dire qu’y z’avaient des années à rattraper de ce côté-là. Mon grand-père m’a dit que les majeers étaient tellement chauffés à blanc que les filles waelmiennes, dans les belles maisons de tolérance, elles z’en pouvaient plus. Y’a des limites, même pour des nanas comme ça.

» C’est là que les marlous sont allés chercher des Loritaines pour satisfaire la demande. Ces filles-là ont pas dit non : elles z’ont mis les bouchées doubles. Si bien que quand les majeers z’ont épuisé tout l’or qu’y z’avaient mis de côté pendant les beaux jours, la rue s’est adaptée. Les prix ont chuté, les chambres sont devenues moins propres, les filles moins mignonnes. Mais le pli était pris : ce gagne-pain était définitivement devenu loritain. On n’a jamais revu les maisons de tolérance, depuis, c’est resté du tapin. Pas étonnant que ça soit un mot loritain. »

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Extrait ajouté par Spika 2017-05-19T23:03:31+02:00

Cette rue-là, la Vanne, était des plus lugubres, avec ses portes démantibulées, le lierre qui rampait sur tous les murs et une drôle de mentalité. C’était le repaire de ceux qui avaient un travail honnête et qui s’usaient les doigts comme vanniers. À se couper les paluches sur l’osier sec. La journée, ils s’asseyaient devant chez eux sur des billots de bois qui avaient fini par épouser la forme de leur cul joufflu. Et là, sous le regard des passants, ils tressaient sans fin des paniers pour bobonnes, en se surveillant les uns les autres du coin de l’œil. Toujours à se gueuler dessus en prétextant que le voisin avait copié un tressage particulier ou un motif qui n’appartenait qu’à eux. Ça n’allait jamais plus loin que les insultes, mais ça mettait toute une ambiance dans la rue.

Quelque part, les clients venaient autant pour les paniers que pour les gros mots. Si bien qu’ils en rajoutaient une couche, pour faire plaisir. À en perdre la voix. Pour se renouveler, ils inventaient même des expressions qui faisaient ensuite le tour de la cité aussi vite que la chtouille. C’était eux qui avaient ciselé des injures comme « se faire ramoner la ruche à coup de flutrain » (sans que personne ne sache ce qu’était précisément un flutrain) ou encore « avoir les groseilles qui font lèchefesse ». Bien évidemment, ils prétendaient tous en être l’auteur original et hurlaient à qui voulait l’entendre que les autres n’avaient fait que le copier, comme pour la vannerie.

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Extrait ajouté par Spika 2017-05-19T22:20:08+02:00

« Il faudra que je discute avec l’échevin pour ton engagement. Il exigera certainement que tu fasses tes preuves en patrouille avant d’accéder à la prévôté. Ça veut dire que tu vas passer entre les mains de Gemackt, l’instructeur. »

Sans la cotte de mailles, Recht était plus coulant. Le repas formait une respiration dans sa journée, un moyen d’en avoir moins sur les épaules, dans tous les sens du terme. Comme si le prévôt n’avait sa place que sur son cheval et que l’état de piéton l’obligeait à la simplicité. D’ailleurs, les rares fois où il becquetait à la même table que des gardoches, il était moins guindé avec eux. On ne pouvait pas non plus parler de camaraderie dans ces moments là, mais il y avait un soupçon de relâchement. On l’avait même entendu dire « merde » une fois, c’est dire.

« Mais il va falloir que tu fasses des étincelles pour mériter ta prévôté. Elle ne va pas te tomber toute cuite dans le bec sous le prétexte que je suis ton père. Au contraire, les hommes risquent de te manifester un certain mépris. Ils seront d’autant plus injurieux que tu leur donneras des prétextes pour te jalouser. Tu vas devoir trouver un équilibre entre fierté et confraternité. Car c’est ça, commander : une question de dosage. »

Entendre Recht parler de solidarité, c’était aussi savoureux que de prêter l’oreille à une greluche de la rue de la Bouche qui cause de chasteté tout en transpirant du nombril.

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Extrait ajouté par Spika 2017-05-17T09:42:04+02:00

Bref, les journées au péage étaient longuettes, mais d’un autre côté, les pontards étaient rarement en danger. Le coupable ne pouvait pas décaniller en direction du Waelmstat, il y avait le même service d’ordre de l’autre côté du pont. Un coup de sifflet et les collègues d’en face savaient qu’un type essayait de se débiner. Paniqués, les fuyards sautaient généralement du pont, en oubliant qu’ils savaient nager aussi bien que des galets. C’était alors aux gardes fluviaux de mettre le grappin sur le fugitif tout mouillé, après lui avoir appris à faire la planche à coup de rame.

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