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Bink aurait pu en faire le tour et voler dans les plumes de ce voyou, mais il était sûr de se heurter à d’autres manifestations du mur. Il en pâtirait plus que cette vermine. Ça ne valait pas le coup. Si seulement il avait eu un pouvoir quelconque, comme le crame-miches de Numbo, il lui aurait fait regretter ses mauvaises plaisanteries, mur ou pas mur. Mais ce n’était pas le cas, et Chilk le savait. Tout le monde était au courant. C’était un gros handicap pour Bink. Il constituait une proie facile pour les plaisantins parce qu’il était incapable de riposter, magiquement du moins, et qu’il n’était pas simple de réagir matériellement. Cela dit, en cet instant précis, il était tout disposé à payer de sa personne.
Afficher en entierSabrina se mit à fredonner. Elle avait une jolie voix ; pas extraordinaire, mais suffisante pour son pouvoir. Le nuage bleu se mit à frémir en cadence, prit de la substance et devint grossièrement sphérique. La jeune fille changea de tonalité et le bord extérieur devint jaune. Elle ouvrit la bouche, entonna le mot « fille », et les couleurs esquissèrent la forme d’une jeune fille en robe bleue à volants jaunes. La silhouette était en trois dimensions, visibles de tous les côtés avec des différences de perspective.
Afficher en entierLe souvenir de la douleur était encore tenace, mais ce n’était pas le pire : comme il n’était pas censé jouer avec le hachoir, il n’avait pas osé crier ni parler de sa blessure. Il avait pris sur lui, souffert en silence, enterré son doigt et réussi, en serrant le poing, à dissimuler sa mutilation pendant plusieurs jours. Finalement, son secret fut découvert, mais trop tard pour tenter un enchantement réparateur ; son doigt avait pourri et ne pouvait être regreffé. Un sort assez puissant aurait pu le remettre à sa place, mais ce serait demeuré un doigt zombi.
Il n’avait pas été puni. Sa mère, Bianca, pensait que ça lui servirait de leçon. Ça, pour comprendre, il avait compris ! La prochaine fois qu’il s’amuserait en cachette avec un hachoir, il regarderait où il mettrait les doigts. Quant à son père, il semblait secrètement satisfait du courage et de la ténacité dont Bink avait fait preuve dans l’adversité, même si c’était au prix d’une bêtise.
Afficher en entierBink heurta de l’orteil une aspérité de la roche. Il était debout sur une plate-forme disloquée, formée des générations plus tôt par l’éclatement d’un bloc de pierre d’une belle couleur, quand...
C’était donc ça ! Un autre bloc de pierre proche de la Vigie et de taille similaire avait été pulvérisé pour former ce chemin et la terrasse qui se trouvait au bout. L’autre rocher avait perdu son identité, mais la Vigie était restée. Il ne viendrait à l’idée de personne de la détruire ; ça ferait un vilain chemin alors que sa magie altruiste la rendait utile là où elle se trouvait. Un mystère anodin en moins.
Son esprit insatiable s’obstinait pourtant à lui rappeler les implications philosophiques du phénomène : comment un objet inanimé aurait-il pu penser ou éprouver des sentiments ? Que pouvait bien signifier la survie, pour un rocher ? Un bloc de pierre n’était qu’un fragment d’une ancienne couche rocheuse ; pourquoi aurait-il eu une personnalité alors que la roche en avait toujours été dépourvue ? Cela dit, on pouvait poser la même question pour les hommes : ils étaient formés par les tissus des plantes et des animaux qu’ils absorbaient, et pourtant ils avaient leur individualité...
Afficher en entierChapitre 1
BIQUET BINK ET BISQUE RAGE
Une petite lézarve était perchée sur une pierre brune. Elle vit le couple approcher sur le chemin. Se crut-elle menacée ? Toujours est-il qu’elle se métamorphosa en dorypicphore, en cancoyote puis en une farouche salamandre.
De la frime, se dit Bink en souriant.
Il reconnaissait la forme de ces petits monstres nuisibles, mais non leur essence. La bestiole aurait été bien en peine de piquer, de puer ou de brûler. C’était un caméléon ; son pouvoir consistait à imiter des créatures vraiment menaçantes, pas à les incarner pour de bon.
Pourtant, à l’instant où elle se transforma en basilic, elle jeta à Bink un regard si férocement noir qu’il sentit sa bonne humeur baisser d’un cran. Si la méchanceté pouvait tuer, il aurait succombé dans des souffrances horribles.
C’est alors qu’une mite-railleuse s’abattit du ciel en crépitant et emporta dans son bec la lézarve. Celle-ci poussa un cri strident, se tortilla, puis la railleuse prit son essor et le petit corps du caméléon se mit à pendre lamentablement. Il avait eu beau faire, il était mort, anéanti par une force implacable, au moment où il tentait d’effrayer Bink.
Celui-ci digéra peu à peu sa surprise. Le caméléon était inoffensif, contrairement à bien des créatures de cette sauvage contrée. Etait-ce un présage déguisé, une subtile évocation du sinistre destin qui l’attendait, lui ? Il ne fallait pas prendre les présages à la légère ; ils finissaient toujours par se réaliser, même si la plupart du temps on se rendait compte au dernier moment qu’on les avait mal interprétés. Bink était-il destiné à périr brutalement, ou ce sort était-il réservé à l’un de ses ennemis ?
Il ne se connaissait pas d’ennemis.
Afficher en entierLe Magicien Maléfique secoua la tête avec une feinte tristesse.
-Bink! Bink! Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
Afficher en entier[...]
Trent: Prends mon épée, Bink, et passe-la au travers de tout ce qui bouge. Si tu ne sens rien, tout va bien; ça veut dire que c'est un vrai fantôme. Et si ça résiste...eh bien, il y a peu de chance que ça survive au fil de mon épée.
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