Azar Nafisi

Histoire authentique ici.

Ces femmes qui subissent la répression en Iran se rencontrent pour lire de la littérature dite "sulfureuse" pour ce pays.

Véritable cercle de lecture où ces femmes étudiantes vont en cachette retrouver une professeur d'université afin de discuter, découvrir des auteurs occidentaux.

Ces femmes sont exemplaires.

Prix des Lectrices Elle, catégorie Document, en 2005

Je sors passablement échaudé et dégoûté de la lecture des "Versets Sataniques" de Rushdie et j'enchaîne avec cette tranche de biographie d'une iranienne. Bien m'en a pris. j'avais appris que dalle sur l'Iran et l'islam avec Rushdie, ici c'est un véritable journal au féminin d'une universitaire rentrée au pays avec des ambitions pédagogiques.

Ce n'est pas un pamphlet contre l'état islamique mais la description de petites vexations au quotidien vis-à-vis des iraniennes perpétrées par de vicieux gardiens de la foi. Bien qu'autobiographique, ce n'est pas l'écrivain qui en est l'héroïne principale mais les étudiantes de l'auteur, étudiantes qu'elle décrit dans leurs aspirations, leur travers, leur naïveté, leurs mimiques, leurs amoures. Par petites touches elle nous brosse une étude éthologique de la jeune fille iranienne sous le régime de la république islamique d'Iran.

Comme elle ne se départit jamais de son rôle académique, par certains aspects ce livre me fait penser à celui qu'écrivit par Herman Hesse: "Le jeu des perles de verre". J'ai été particulièrement sensible à la description plutôt fouillée du plaisir, voire de la jouissance que peut apporter la lecture. Je m'y retrouve totalement.

Moins amateur qu'elle de littérature anglophone, l'auteur me fait découvrir des écrivains que je ne connais que de nom mais que je n'ai jamais lu: Nabokov, Fitzgerald, James, Austen. Elle utilise cette découverte d'auteurs pour faire totalement fi d'une quelconque chronologie, ce sont ces découverte littéraires qui cadencent le déroulement du livre. Ingénieux!

La conclusion m'a plutôt déçu. Ce ne sont pas les allusions à "Pierre de Patience - Syngué Sabour" de Atiq Rahimi publié en 2008 ou à " Jamais sans ma fille" de Betty Mahmoody de 1987 qui auraient pu me réconcilier avec cette fin particulièrement bâclée. Dommage!

Ce livre a été écrit aux Etats-Unis. C’est dans la langue de l’exil que l’auteur nous raconte son histoire. Si vous avez lu les éléments biographiques, vous comprenez que le choix de la langue n’est pas anodin. En effet Azar Nafisi était professeur de littérature anglaise, à l’université de Tabatabaï qui compte parmi les universités prestigieuses et nombreuses du pays. Elle nous conte l’expérience qu’elle a menée suite à sa démission de l’université. Elle propose un séminaire littéraire chez elle et elle choisit les meilleurs élèves. Il n’y aura que des filles, le seul garçon intéressé, pour des raisons de sécurité, viendra un autre jour.

Les auteurs dont elle parle sont Nabokov, James, Fitzgerald et Austen. S’il s’agissait de simples cours de littérature anglaise, je vous dirais de ne pas ouvrir le livre et d’aller à l’original, les cours de Nabokov, édités intégralement sous le titre Littérature, chez Laffont. Or ici, il s’agit de les lire en Iran, pays où sa grand-mère se promenait non voilée et avait choisi son mari, pays qui passe de temps plus répressifs à des temps plus souples, mais où le goût pour la littérature est inextinguible. On apprend que des auteurs étrangers sont venus donner des conférences, dans ces moments de « souplesse », comme V.S. Naipaul, prix Nobel de littérature en 2001, auteur d’ouvrages critiques sur l’islam et sujet à polémique.

L’expérience prendra fin, je ne vous dirai pas comment et vous laisse le découvrir.

Le livre est beau parce qu’il démonte l’idée que la littérature ne sert à rien. Oui, elle sert, elle sert à vivre quand tout autour n’est que répression et l’auteur nous le dit tout au long des 387 pages. Lire Lolita à Téhéran éclaire sur la réalité du pays et sur la richesse du peuple iranien.

J'ai acheté ce livre par hasard dans un magasin de livres d’occasion, juste parce qu'il était en très bon état et que la couverture me plaisait (et elle me plait encore plus maintenant que j'ai lu le livre). Le résumé ne laisse pas du tout présumer du contenu de ce livre, qui m'a ouvert un monde qui m'est totalement inconnu: les études littéraires. Mais aussi l'importance de la littérature. Ayant suivi un cursus scientifique, j'ai toujours entendu que la littérature était secondaire, accessoire, juste utile pour avoir quelques points de plus aux concours si on arrivait à avoir une note correcte et ainsi faire la différence en cas d'égalité sur la note en maths... Autant dire que je n'ai jamais vraiment adhéré à cette philosophie, mais cependant la société et mon entourage ne me donnait aucune preuve de l'importance de la littérature. La lecture oui, pour se reposer l'esprit et se cultiver, mais l'étude réelle du contenu des œuvres majeures et leur application dans le monde d'aujourd'hui pas vraiment. C'est ce que ce livre m'a permis de faire. Et il le fait de manière pas du tout scolaire et totalement divertissante, voire poignante et bouleversante parfois. J'ai vraiment adoré l'analyse de chacune des œuvres mentionnées et leur place dans la vie de l'auteur. j'ai également aimé découvrir la vie de l'auteur et des personnes de son entourage, leur combat, leur souffrance, leur sagesse aussi. J'ai adoré l'écriture du livre, qui montre une grande intelligence et érudition de l'auteur mais sans rendre le livre dur à lire ou ennuyant. C'est vraiment une très bonne surprise, qui m'a donné envie de me replonger dans la lecture de livres classiques.