Elsa Marpeau

Une histoire intéressante où le passé et le présent se mélange. Ce n'est pas un coup de coeur mais j'ai tout de même passé un agréable moment de lecture.

Personnellement, j'ai eu un coup de cœur pour les textes de du Bellay et Lamartine.

Mais certains textes de Ronsart et Baudelaire m'ont un peu révoltée ... : d'après eux, les femmes de leurs pensées devraient se laisser aller et donner ce qu'elles ont à offrir (...) puisque leur beauté n'est qu'éphémère et que seul l'art des poètes restera éternellement et témoignera de leur beauté passée. Oui, oui ! Vous avez bien lu ...

Sinon, je suis ravie d'avoir pu découvrir Louise Labé, la seule femme présente dans cette anthologie ! Son poème est tout en désir et sensualité.

Chronique complète à retrouver sur mon blog :

http://tralilou-lit.over-blog.com/2019/09/carpe-diem-l-art-du-bonheur-selon-les-poetes-de-la-renaissance.html

"L'âme du fusil " met en scène la vie d'un homme, qui pourrait être votre voisin, un de ceux dont il n'y a pas grand chose à dire. Il est chômeur et il passe son temps à picoler et chasser avec ses potes pour oublier son mal-être, jusqu'au jour où...

Le déclencheur de l'action, c'est le désir. Son moteur, c'est la vengeance. Avec ce qui pourrait n'être qu'une histoire déjà vue, Elsa Marpeau nous propose un très beau roman noir, intense,tant elle est brillante pour analyser les motivations de ses personnages, aller au coeur de ce qu'ils sont au plus profond d'eux-mêmes.

Une écriture puissante et belle au service d'une tragédie poignante à lire absolument.

"Les corps brisés" ce sont les corps de personnes dites valides qui sont devenues handicapées.

Sarah coureuse de rallye est passionnée par la vitesse et les voitures : son corps ne fait qu'un avec la voiture. Chaque vibration du moteur lui procure un plaisir tel qu'il n'est jamais le même d'une course à l'autre. Cette course elle doit la gagner. Elle a une revanche à prendre. Mais un accident brise la voiture et son corps.

La voilà, après des mois de combat, repliée sur elle même car désormais c'est avec un fauteuil roulant qu'elle fait corps.Son frère la dépose dans un centre de rééducation au milieu des montagnes. Un lieu où elle va attendre et espérer. Se réapprendre et s'accepter. Ne plus être un être humain, juste un corps, une machinerie avec une tuyauterie capricieuse. Être tâtée, auscultée, lavée. Devoir compter sur d'autres pour tout : "Sarah ne s'est jamais vraiment habituée à être déshabillée, frottée, torchée. La pire des pertes, à l'hôpital comme en soins de suite, c'est celle de l'intimité".

Sarah, abandonnée des siens qui ont des difficultés à la regarder, fait la rencontre de personnes comme elles au "corps brisé". Ce sont ces "corps brisés" qui vont donner le courage à Sarah de se surpasser pour se construire une nouvelle vie. Clémence, se sachant condamnée, est une de ses rencontres qui par la peinture sur son corps et hors du corps ,s'illumine et illumine Sarah.

"Ces corps brisés" c'est aussi ce qu'en fait le kinésithérapeute pendant et après, à la vue de tous ou pas à leur insu, pour tirer profit de ces corps et ces âmes traumatisées en faisant de Clémence, de Sarah et de certainement d'autres avant elles, des proies et des victimes de cette société où seuls la performance et l'argent priment.

Sarah malgré "son corps brisé " trouvera néanmoins un avenir qu'on pense radieux auprès d'un aide soignant avec qui elle connaîtra à nouveau l'amour, le vrai celui qui répare, qui prend le corps tel qu'il est pour s'intéresser à l'âme.

Ce roman qui met en lumière des femmes nous fait surtout réfléchir à la place du handicap dans notre société, au regard porté par les autres et aux valeurs de la performance véhiculées par notre société.A lire surtout qu'il est tiré de faits réels et que la ressemblance avec des faits ou des personnages ayant existé n'est pas pure coïncidence.

"Ils ont vite oublié la colère" : les résistants de la dernière heure, ceux qui voulaient tondre coûte que coûte une femme ayant eu une relation avec l'occupant allemand.

"Ils ont vitre oublié la colère" eux aussi : les personnages, leurs descendants victimes du lynchage collectif, d'une honte qui ne dit pas son nom alors qu'il y avait peu de "Jean Moulin" comme chante Renaud.

Un aller retour entre 2015 et 1944, savamment orchestré par Elsa Marpeau entretient un certain suspense même si certains faits semblent invraisemblables.

Je ne qualifierai pas ce roman de thriller car le suspense n'est pas si haletant que ça .Je préfère l'Histoire rappelée dans cette histoire et surtout celle de l'amnésie entretenue du peuple français qui aux yeux des dirigeants n'était composé que de "résistants."

Un bon roman néanmoins où les héros sont des héroïnes : ça change.

"L’expatriée" c’est le mode de vie des expats(les expatriés français) plutôt de leur femme qui vivent dans la frivolité, l’ennui, le désœuvrement et la mesquinerie. Les relations sont superficielles car les gens sont de passage et on comprend bien que les femmes suivent les hommes pour leur carrière.

L’ambiance extérieure est admirablement décrite avec cette chaleur moite, oppressante où cohabitent et s'opposent les expatriées et leur maid, cette abondante verdure et le béton des constructions démesurées de Singapour.

Ce climat équatorial, chaud et orageux prend la première place dans le récit, que ce soit dehors et dedans et rythme l'inactivité ambiante et pesante.C'est luiqui conditionne les relations humaines, les activités, les horaires et égare les esprits.

L'autrice nous entraine dans une spirale où présent et flash-back se mêlent. Elle avance dans son récit pour mieux revenir en arrière et apporter des détails qui relancent la narration en nous tenant formidablement en haleine.

Un beau roman auquel on s’accroche et pour suivre l’autrice dans ses turpitudes, ses ennuis et découvrir une fin inattendue.

"Son autre mort" c'est la deuxième mort de Berrier, écrivain célèbre, qui vient écrire son dernier livre dans le gîte d'Alex et Antoine.

Le soir des 40 ans d'Alex, Berrier tente de violer Alex qui le tue.Alors s'enclenche une fuite tant physique que psychologique.Alex, se transforme en Léo qui est tout son opposé.Elle monte à Paris, se fait passer pour l'assistante personnelle de Berrier et essaie en infiltrant son entourage de mieux le connaître et surtout d’échafauder qui pourrait donner à Berrier"son autre mort" et ainsi disculper Alex de sa première.

Dans ce roman policier ou thriller psychologique, peu importe,on assiste à la transformation machiavélique d'Alex : transparente, fade, anxieuse, intègre, fidèle,timide elle devient une furie ne reculant devant rien, pensant à tout, se nourrissant de ses souvenirs de films ou livres policiers, ment à chacune de ses paroles, trompe son mari et met en scène "son autre mort". Elle prévoit, anticipe tout ou presque alors que plus jeune,elle agissait par instinct, faisant ressortir d'elle une violence inouïe et incompréhensible qui lui a alors valu l’internement en hôpital psy.Mais Alex n'est-elle pas ces deux personnages qui se dévoilent, se croisent et ne cache-t-elle pas une personnalité plus complexe que la sienne au début du roman.

L'autrice ne se prive pas de critiquer amèrement le monde littéraire,celui de l'édition et des réseaux sociaux, celui des hommes en général qui considèrent la femme comme leur bête pour assouvir leurs fantasmes les plus fous.

Elsa MARPEAU réussit une prouesse de nous maintenir en haleine dans un roman policier bousculant tous ses codes : dès le début on connaît la meurtrière, la victime et le mobile mais on se laisse embarquer dans la voie mensongère choisie par Alex, on tremble pour elle même si certaines situations semblent invraisemblables, comme souvent dans l'univers de cette autrice.

C'est néanmoins, un beau roman qui se lit bien,entretient le suspense en étudiant avec raffinement cette femme et les autres qu'elle rencontre : elles ont toutes le mauvais rôle celle de côtoyer Berrier et d'être femmes asservies par les hommes et les milieux de pouvoirs.

C'était un des livres de la sélection qui me donnait vraiment envie, avec son résumé qui mélangeait histoire et enquête. En effet, tous les livres qui parlent de la guerre (ici de la Seconde Guerre Mondiale) m'attirent beaucoup surtout quand c'est lié à des secrets de familles.

Et bien je ne fus pas déçue du tout du tout ! Ce livre est déjà d'une part merveilleusement bien écrit. L'auteur a une plume à la fois révoltante qui déborde de liberté et poignante qui nous fais vivre sans soucis toutes les émotions de nos personnages.

Un livre qui porte un clin d'œil sur une partie de l'Histoire pas toujours exposée en plein jour et qui reste encore assez sombre pour nous faire réaliser l'horreur que certaines femmes avaient pu vivre.

Nous découvrons en même temps que l'enquête et l'intrigue, deux passés : celui du capitaine Garance, qui reste un grand secret pour nous dont elle essaye de se cacher ; et celui de Marianne, l'ancêtre de la famille Marceau. Autour du meurtre, vont donc évoluer ses passés et tous va enfin prendre un sens.

Mais l'auteur arrive tellement bien à placé ses péripéties qu'elle nous fait perdre le sens de l'intrigue pour enfin nous conduire à un dénouement exceptionnel dont on se doutait pas une seule seconde (enfin pour ma part). En bref ce roman était en quelque sorte entouré d'un voile brumeux énigmatique remplis de secrets où le passé refait surface.

Je recommande ce livre au adorateur de bon policier où le passé refait surface et se mêle aux histoires de famille et si vous aimez être surpris et perdu dans vos lectures!

"L'âme du fusil"c'est celle de Philippe, chasseur invétéré, passionné.

C'est aussi l'histoire de deux meurtres racontés par Philippe à son neveu pour qu'il en fasse un livre.

Philippe est un cinquantenaire paumé par son licenciement qui a perdu ses repères dans sa vie de rural, plombée par les incertitudes de la vie du moment.Il vit dans l'attente : celle de son fils Lukas lycéen , celle de sa femme Maud qui travaille dans un restaurant huppé du village.Ces seuls moments de bonheur, c'est le dimanche, quand il retrouve ses copains d'enfance, copains de chasse, de fêtes, de beuveries avec l'accord tacite et servile des femmes dont la sienne.

L'auteure démarre le roman par l'enfouissement par Philippe d'un corps et le termine de la même manière en expliquant qu'il ne lui est rien arrivé en conséquence.Entre les deux, c'est Philippe; le narrateur, qui tente d'expliquer ce qui a poussé aux deux drames qu'il va connaître en mêlant son histoire à celle des ruraux désorientés par les pouvoirs technocratiques pro-citadins au point d'occuper les ronds points en gilet jaune pour qu'on ne les oublie pas eux les oubliés.C'est aussi une peinture sublime de la nature que seuls ces ruraux connaissent , partagent, respectent et rend la chasse inhérente à la campagne, à la ruralité, empreintes de traditions ancestrales presque "humaine".

C'est un beau polar rural, écrit avec poésie et respect pour ces gens qui habitent la campagne...de loin le meileur que j'ai pu lire de cette auteure.

Pour qui découvre ces poètes, c'est un beau travail. Pour moi, qui pense se trouver un moyen de ne pas avoir à farfouiller dans ma bibliothèque, Du Bellay, ? alors, où ? Lagarde et Michard ?), Je râle un peu. Mais en moins de cent pages, et pour deux euros, on ne peut pas avoir l'encyclopaedia universalis... Mon bémol, il va surtout dans le débordement du sujet : les poètes de la renaissance, c'est moins de la moitié du livre, et on finit avec l'échec du carpe diem au XIXème et Beaudelaire.! le propos est intelligent, instructif, mais un peu plus de "carpe diem" de la renaissance m'aurait mieux convenu, sans s'obliger à aborder classiques et romantiques . Toute anthologie prend le risque du choix personnel, et du discutable.