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« — Bon sang, Yaël, est-ce que tu as ne serait-ce qu’un peu de bon sens ?
— Absolument aucun dès qu’il s’agit de toi. »
Afficher en entier« — Ce n’est vraiment pas une bonne idée que je sois là, Yaël !
J’étais plus tendu que jamais.
— C’est la meilleure de toutes. »
Afficher en entier« Il explosa de rire. Enfin. Je crus qu’il ne rirait plus jamais. Et ce rire, c’était un soleil, c’étaient des étoiles, c’était tout un ciel au-dessus de ma tête. »
Afficher en entier— Fais attention à toi, lui ordonnai-je.
Fais attention à ne pas te perdre.
— Reçu, souffla-t-il.
J’emportai ce simple mot avec moi. Il avait toujours voulu tout dire. Il avait toujours été un monde dans lequel se réfugier. Il avait toujours été la plus belle, la plus grande, la plus incroyable façon de dire je t’aime.
Et tu le sais, Yaël…
Afficher en entier— Tu sais ce que c’est ? déglutis-je.
— Quoi ? articula-t-il d’une voix éraillée.
— D’être l’oxygène d’un homme qui se noie.
D’être mon oxygène.
Afficher en entierJe ne sais pas comment faire pour rester où que ce soit, Yaël. Je suis comme ça, tu sais. À un moment donné, il faut que je m’en aille. Rester figé, ça m’est impossible. Ce n’est plus possible. Ça me rend dingue. Il me faut du mouvement. Il faut que je sente que ça n’arrivera plus jamais. C’est ma façon de lutter contre la peur, contre ce qui me bousille. Bouger. Constamment. Ne pas attendre, ne pas m’attacher, ne pas rester.
Il contourna le bar pour me rejoindre, un pas après l’autre. Je penchai la tête, comme si je pouvais échapper au frisson qui me parcourut de nouveau.
Il s’arrêta juste devant moi.
— Ne pas aimer, ça me garde en vie, soufflai-je.
Ne pas t’aimer…
Afficher en entierUne fatalité. Mais la vie même était une immense fatalité. Nous n’avions pas tous les mêmes chances au départ. Certains pouvaient recommencer après une tragédie. D’autres passaient des années coincés avec un SSPT.
Ce n’était qu’une gigantesque loterie.
Afficher en entierJ’avais le sentiment de le retrouver ici. C’était faux, bien sûr, mais j’avais envie d’y croire. Je m’y accrochais encore après tant d’années d’errance, tant de journées grises à chercher ce qui se cachait avec tant d’obstination au fond de mon âme, tant de nuits à ressasser ces douleurs peintes en camaïeu de noir d’où surgissait le seul moment que j’aurais voulu oublier. Les cendres qui tombaient sur New York.
Afficher en entierC’était une autre des raisons qui me poussaient à partir. Je n’étais pas fait pour la vie de caserne. J’étais fait pour le reste du monde.
Afficher en entier— Tu peux rester, me dit-il en reculant d’un pas.
Non, je ne peux pas.
— C’est inutile.
— Je t’assure qu’il y a assez de place pour nous deux dans cette maison, continua-t-il, comme s’il ne m’avait pas entendu.
Il me jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.
— Vin, whisky ou bière ? me demanda-t-il.
Les secondes s’étirèrent tellement que je pus entendre les aiguilles de l’horloge tourner et tourner encore.
C’était une simple question. Elle n’engageait à rien. Et pourtant, à l’instant où je répondis « bière », un sourire apparut sur ses lèvres. J’eus alors l’impression que d’une manière ou d’une autre, que ce soit lui ou non, il avait gagné la première course. Il m’était passé devant, juste avant la ligne d’arrivée. Et moi… Moi, je frôlais le bitume, à chaque virage un peu plus, cherchant seulement à le rattraper.
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