Extraits

— Par tous les dieux ! s’exclama-t-il tout à coup. Que s’est-il passé ?

Il désigna les blessés puis l’obélisque dont il ne restait que la base.

— Ah, ça, fis-je.

— Ça ? Le symbole de Washington, au sol ? reprit-il. Qu’est-ce que tu as foutu ?

— Comment ça qu’est-ce que j’ai foutu ? rétorquai-je. Tu sors de cinq semaines de coma et tu m’accuses directement d’avoir brisé l’obélisque en deux ?

— Parce qu’il y a quelqu’un avec plus de pouvoir qui aurait pu, peut-être ? cingla-t-il.

-Morane a quelques problèmes avec la femme de sa vie, expliqua le guide en se raclant la gorge.

-Elle m'a trompé, gronda le vampire.

-Oh, fis-je sans comprendre où l'on voulait en venir.

-Il aimerait regagner l'amour de sa femme, poursuivit le roi. Il a essayé plusieurs choses jusque-là, mais rien n'a marché.

-Je lui ai apporté la tête coupée de son amant sur un plateau serti d'or, mais même ça, elle n'a pas apprécié.

Je fis de mon mieux pour ne pas reculer d'horreur.

-Il a besoin d'une experte en amour, termina le roi en me désignant de la main.

Moi? Experte en amour? Par tous les dieux, nous étions mal barrés.

- Bon tu ne sers à rien, dis-je. Soit tu contactes ton dieu et il a une meilleure solution à proposer, soit c'est la fin du voyage pour toi. Le spectacle était sympa, mais là, je suis fatiguée de ta présence. Tu vois, les gens et moi, on ne s'entend pas beaucoup. Tu as un peu perturbée ma méditation intérieure.

Il se tourna complètement, sa main trouva à nouveau ma joue et la caressa avec délicatesse. Je fermai les yeux, appréciant son contact sur ma peau.

— Tu ne peux pas renoncer à Akalie, c’est son sang qui coule en toi. Tu peux être Anna si tu le souhaites. Tu peux aussi être les deux. Embrasse qui tu es, ne te cache pas. Tu peux être fière de toi, du sang qui coule dans tes veines, de tes responsabilités, de ce que tu as accompli, de…

Ses lèvres étaient à présent si proches des miennes qu’il ne pouvait plus parler sans risquer de nous embarquer dans un baiser enflammé. Son front se colla au mien et nous restâmes ainsi quelques secondes, comme si le temps était suspendu, nos respirations lentes, mais emballées à la fois, réfrénant nos désirs. J’étais incapable de reculer, mais il réussit. Il se détacha et reprit sa place.

— Nous ne pouvons pas recommencer sans en discuter sérieusement, dit-il.

— Pourquoi ? demandai-je.

— Parce que tout ça aura des conséquences. Parce que tu es toi et que je suis moi. Tu es l’héritière des elfes, je dirige deux meutes. Tu es… tu es multiple : elfe, déesse, prêtresse. Je suis un changeling.