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Chapitre 2
LES ROIS DE MACÉDOINE
Je fus appelé aux fonctions de premier conseiller sacré et de devin officiel environ le temps où Philippe de Macédoine fit assassiner sa mère, la reine Eurydice. J’étais fort jeune, ayant de peu dépassé les vingt ans, et celui que j’avais à conseiller, si jeune qu’il fût également, était déjà mon aîné ; mais lorsqu’on est le meilleur, il n’est pas nécessaire de vieillir dans les emplois inférieurs avant d’accéder aux magistratures suprêmes. Chaque homme dès qu’il devient adulte peut être mis dans la charge à laquelle le destine sa nature.
Afficher en entierLa race de Macédoine n’a rien à envier à celle des Atrides, ni à celle des Labdacides. Eurydice la Lynceste avait dans le crime surpassé Clytemnestre ; le survivant de ses fils allait être obligé de surpasser Œdipe.
Spoiler(cliquez pour révéler)Ce dernier fils, Philippe, savait trop bien quel sort on lui apprêtait ; il prit les devants et fit assassiner sa mère. La boucle était bouclée, le cercle refermé ; le matricide compensait l’infanticide.
Afficher en entierAux temples de Thèbes en Égypte, où j’ai étudié, se trouvent certains murs faits alternativement, comme en damier, d’une grande pierre gravée et d’une qui ne l’est point. Ce qui est écrit sur les pierres gravées se lit aisément et compose un texte dont le sens est clair. Ceux qui l’ont lu sont certains d’avoir compris. Or il n’en est rien. Car, pour comprendre, il faut pénétrer dans la salle suivante. Au revers du mur, chaque pierre laissée vierge dans la première salle se révèle gravée sur sa face arrière et fournit la suite et le sens véritable de ce qui figure de l’autre côté.
Si tu n’es pas admis à lire les deux côtés du mur, tu ne peux pas savoir la vérité. Je suis de ceux qui ont été désignés pour lire toutes les pierres.
Afficher en entierChapitre 4
PHILIPPE RÉGENT
(...)
Il possédait donc à présent tout ce qui est nécessaire à un roi ; il ne lui manquait plus que le consentement des dieux sans lequel ne se conserve guère le consentement des peuples. Ceux-ci s’impatientent sous une main trop forte et, vite oublieux, font volontiers grief à leurs seigneurs des actes mêmes pour lesquels ils les ont précédemment acclamés.
Philippe avait délivré la Macédoine des crimes d’Eurydice et des attaques des Lyncestes ; il demeurait néanmoins le meurtrier de sa mère.
Pour effacer cette tache dont on chuchotait dans toutes les boutiques à chaque nouvel édit promulgué, je conseillai à Philippe d’accomplir le pèlerinage de Samothrace où le sacrifice aux dieux Cabires lave tout homme, quelle que soit la nature ou la raison de son meurtre, de la faute d’avoir versé le sang.
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