Extraits

- Le chevalier de Clermont ? répéta Gallowglass en renversant la tête en arrière et en poussant un rugissement de rire. Par le Christ, mon garçon. C’est ton créateur ! Je comprends que tu rechignes à l’appeler « père » – Matthew est aussi paternel qu’un porc-épic en colère – mais tu pourrais au moins l’appeler par son prénom.

Philip laissa échapper un énorme bâillement. Le griffon en fit autant.

- Je crois que c'est l'heure de faire la sieste. Tu t'es beaucoup dépensé, aujourd'hui, dit Matthew en faisant valser son fils dans les airs. Viens. Allons retrouver ta soeur.

- Pollon aussi ? s'enquit Philip en faisant le joli coeur.

- Oui, Apollon peut dormir près de la cheminée. ( Matthew me donna un baiser.) Tu viens avec nous ?

- Il y avait un seau de cerises dans la cuisine ce matin. Je ne cesse d'y penser depuis des heures en me demandant ce que Marthe compte en faire, avouai-je en les précédant vers la cuisine.

Marcus éclata de rire et m'ouvrit la porte, très gentleman comme d'habitude. Je comprenais désormais que c'était sa mère qui lui avait inculqué ces bonnes manières. Mes pensées retournèrent vers Hadley et l'histoire de Marcus.

- Tous les sang-chauds s’imaginent qu’une seconde chance dans la vie est la réponse à tous leurs problèmes.

— Alors que ce n’est pas le cas, dit Miriam. C’est simplement une occasion de plus de tout recommencer de travers.

Le chevalier de Clermont versa de nouveau un peu d'eau entre ses lèvres. cette fois, un filet coula jusque dans sa gorge à vif et parvint jusqu'à son estomac. L'effort lui coupa le souffle. Mais aussi vite qu'elle était descendue, l'eau remonta. Son corps n'en voulait pas.

Un linge frais et humide nettoya ses yeux, descendit pour essuyer les traces de bile et d'eau de sa bouche et de son menton. Une main rinça le linge et l'imprégna d'eau propre avant de lui essuyer délicatement les joues et le front.

- Mère ?

Personne d'autre ne l'avait jamais touché avec autant de tendresse.

- Non. C'est Matthew.

Ses sens s'emballèrent à leur tour. Elle n'entendait plus que les battements de son cœur. Ne sentait plus que l'odeur si particulière de Marcus. Elle ne pensait plus qu'à lui. Sa peau mourait d'envie de sentir le contact de ses mains.

Et en un éclair, elle se retrouva dans ses bras, ses lèvres collées aux siennes, environnée de l'odeur fraîche de réglisse, de monarde et de pin et d'une centaines d'autres notes qu'elle ne sut ni reconnaître ni nommer.