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Il avait agi. Cela n'aurait eu aucune importance s'il n'avait pas eu envie de vivre, mais il en avait envie ce qui faisait toute la difdférence. Il espérait survivre à l'épreuve, mais il était prêt à mourir s'il le fallait pour prouver qu'il était vivant.
Afficher en entierOn aurait difficilement été plus nu que ce cadavre ouvert
Afficher en entierDans les années 1830, l’Acte de déportation des Indiens les avait exilés — Choctaws, Chickamaugas, Cherokees et Chickasaws. Les soldats avaient contraint tous ceux qu’ils avaient attrapés à parcourir près de deux mille kilomètres à pied, long chemin de larmes menant aux nouveaux territoires indiens, dans ce qui serait un jour l’Oklahoma. Un génocide tranquille. Des milliers d’hommes, de femmes, d'enfants avaient succombé durant le voyage. Quand on a gagné, on a gagné, nul ne peut dire le contraire.
Afficher en entierEt quels animaux ! impressionné, Ombre contempla les centaines de créatures grandeur nature fixées sur la plate forme. Certaines réelles, d’autres totalement imaginaires, et des mélanges des deux. Toutes étaient différentes ; il vit sirène et triton, centaure et licorne, éléphants (un gigantesque, un tout petit), bouledogue, grenouille et phénix, zèbre, tigre, manticore et basilic, des cygnes tirant un carrosse, un taureau blanc, un renard, des morses jumeaux et jusqu’à un serpent de mer - ornés de couleurs vives et plus vrais que nature : tous tournaient au son de la valse qui s’achevait. Une autre commença sans que le manège ralentisse.
"A quoi ça sert ? demanda Ombre. Je veux dire : d’accord, c'est le plus grand carrousel du monde, celui où il y a le plus d’animaux, le plus d’ampoules électriques. Il tourne sans arrêt et personne n’y monte jamais.
- ll n’est pas là pour qu’on y monte, répondit Voyageur. Il est là pour être admire. Pour être.
Afficher en entierLa boisson avait une couleur brun doré. Ombre en but une gorgée qui lui laissa un étrange gout aigre-doux sur le palais. Par-dessus nombre de parfums mêlés, surnageait celui de l’alcool. L'ensemble rappelait un peu la bibine de la prison, brassée dans un sac-poubelle avec des fruits pourris, du pain, du sucre et de l’eau, mais en plus sucré et nettement plus bizarre.
"- Bon, j’ai gouté. Qu’est-ce que c’est ?
- De l`hydromel, répondit Voyageur. Du vin de miel. La boisson des héros. Des dieux. "
Ombre avala une autre gorgée prudente. Oui, il sentait le miel : un goût parmi d’autres.
" On dirait un peu de la saumure, remarqua-t-il. Du vin de saumure sucré. `
- De la pisse d’alcoolo diabétique, oui, corrigea Voyageur. J’ai horreur de ça
Afficher en entierApporte-moi ton désir au matin, ton apaisement et ta bénédiction au crépuscule. Que je traverse la nuit sans qu’il m’arrive malheur afin de te revenir, de dormir à nouveau près de toi et de refaire l’amour avec toi. Je t’adore de toute mon essence, de tout mon esprit, de tous les endroits ou je suis allé, et de mes rêves, et de...
Afficher en entierLaura préparait un excellent chili. Elle y mettait de la viande maigre, des haricots et des poivrons rouges, une ou deux cannettes de bière brune et de petits morceaux de carottes. Après avoir laissé mijoter un peu, elle ajoutait vin rouge, jus de citron et une pincée d’aneth frais. Finalement, elle incorporait le piment séché mesuré avec soin. Plus d’une fois, Ombre lui avait demandé une démonstration : il observait ses moindres gestes, depuis l' émincage des oignons et leur chute dans l’huile d’olive au fond de la marmite. Il avait même recopié la recette, ingrédient par ingrédient, et lors d’un week-end ou la jeune femme s’était absentée, il avait essayé. Le plat s’était révélé satisfaisant, tout-à-fait mangeable, mais ce n’était pas le chili de Laura.
Afficher en entierAucun homme n'est une île", proclamait Donne, mais il se trompait. Si nous n'en étions pas, nous serions perdus, nous nous noierions mutuellement de nos tragédies. Nous sommes isolés (ce qui, ne l'oubliez pas, signifie littéralement changés en îles) de la tragédie des autres par notre nature insulaire, et par la structure répétitive des histoires. La structure ne change jamais: il y avait une fois un être humain qui naquit, vécut puis, d'une manière ou d'une autre, mourut. Voilà tout. [...] Nos existences sont des flocons de neige formant des dessins que nous avons déjà vus
Afficher en entierVoici des dieux oubliés qui pourraient aussi bien être morts. On ne les trouve que dans des contes desséchés. Ils ont disparu, entièrement, mais leurs noms et leurs images demeurent
Afficher en entierLes religions sont après tout des métaphores par définition : Dieu est un rêve, un espoir, une femme, un humoriste, un père, une ville, une maison aux nombreuses pièces, un horloger ayant abandonné son plus beau chronomètre dans le désert, quelqu'un qui vous aime - et même, peut-être, contre toute logique, un être céleste dont le seul but est de faire prospérer et triompher de tous les obstacles votre équipe de foot, votre armée, vos affaires ou votre couple.
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