Extraits

C'est comme une pluie d'été chaude et douce dans sa gorge. Une pluie qui sent la terre brûlée de poussière, les feuilles déshydratées ; c'est le goût des larmes qui l’inondent du dedans.

- Quand est-ce que tu as arrêté d'être amoureuse de lui ?

- Demain, j'espère.

Elle veut qu'on lui rende la musique du dedans, pas du dehors, celle où ses mains d'enfant, maintenant immobiles, savaient courir sur le clavier et faire exploser la joie et la peine, savaient faire danser les larmes et gémir les trilles.

IL Y A DES SOIRS OÙ LA NUIT EST PLUS BRUTALE, OÙ ELLE VIENT FERMER LES STORES SUR UNE JOURNÉE GRISE QUI NE RESSEMBLAIT MÊME PAS À UN VRAI JOUR.

« Il prend son visage, l’oblige à le regarder bien en face : elle est mal à l’aise, elle regrette déjà d’avoir abordé le sujet. Mais il persiste, lui qui d’habitude déteste les conversations graves : « C’est quoi ? » Elle hoche la tête, elle veut lui échapper, il se contente de la fixer avec ses yeux doux qui ne condamnent pas. Elle sait bien que c’était la chose la plus importante au monde, que c’était son rêve sacré. Pour elle aussi. Elle aussi voudrait retrouver le salon de Cape Cod quand la musique était légère et qu’elle coulait au bout de ses doigts sans effort. Quand la musique la soulevait, quand sa vie avait un sens. « Papa… papa, je voudrais, mais je ne peux plus… je m’excuse, j’ai essayé, je te jure, mais ça ne marche plus, ça ne vient plus. C’est… c’est parti. La musique est partie. » »