Extraits

« — Prépare-toi, me murmura Inti. Je t’emmènerai partout, après ça.

Je tournai le visage vers lui. Il souriait, son doigt retraçant à l’intérieur de mon poignet cette montagne qui attirait les rêveurs les plus intrépides.

— Sur les plus hauts sommets du monde, me promit-il.

Je l’avais toujours trouvé beau, mais, des instants comme celui-ci, il me bouleversait. La beauté était si subjective, les années la fanaient irrémédiablement. Pourtant, il me sembla que celle d’Inti éclairerait ses traits, même lorsqu’ils se rideraient, creusant son visage, le coin de ses yeux, son être entier des sillons du temps. L’amour, ce n’était pas un corps. C’était la passion d’une odeur, d’une voix, d’une peau. C’était la tendresse d’un sourire, de ses bras refermés sur vous. C’était la certitude de se perdre encore dans les mêmes yeux lorsqu’ils auraient trop vécu. »

« — Je voudrai toujours de toi, me coupa-t-il.

— Tu n’en sais rien.

— Je l’ai su à l’instant où je t’ai vu, me contredit-il.

Il repoussa mes cheveux en arrière.

— Tu étais dans cette rue, m’expliqua-t-il. Tu me fixais comme si tu ne savais plus comment te débrouiller du regard des autres. Tu observais les environs comme si quelqu’un pouvait s’y trouver, caché, prêt à foncer sur toi. Tu admirais les montagnes, comme si aller plus haut était la seule chose à faire. Tu m’as donné ton nom comme on balance un mensonge avant de s’enfuir très loin et très vite.

Je baissai les yeux.

— Tu peux me parler ou te taire, mon cœur, je n’y peux pas grand-chose. Mais je suis juste là, tu sais. Juste devant toi. »

« Il me pointa du menton.

— Tu devrais lui expliquer que pour éviter de dévisser on commence déjà par être attentif.

— Il t’a entendu, lui assura Inti.

— Avec des écouteurs dans les oreilles ?

— Baudrier. Cordes. Chaussons d’escalade, résumai-je grossièrement.

Chaz s’en décrocha la mâchoire.

— Tu lis sur les lèvres ?

Quelque chose comme ça. »

- André a raison, marmonnai-je. Los jóvenes no saben beber.

Je ris encore ; je riais beaucoup ce soir.

- Il parle espagnol ? s'étonna Saige.

- Ne me pose pas de questions, soupira Inti

- Est ce qu'il y a quelque chose que ce gamin ne sache pas faire ?

- Je ne pense pas.

Il avait tort, il y avait une chose que je n'arrivais pas à faire. Retrouver Rylee ! "

"Reste discret !"

La voix d'América siffla à mes oreilles.

"Reste discret. Oublie Evrest."

J'essayais. Mais plus je devenais Max et plus je me retrouvais. Comme si Oscar Wilde était revenu le temps de me murmurer : " Sois toi-même, tous les autres sont déjà pris.""

« J’aurais voulu lui dire de ne pas retenir Inti.

Parce qu’il était l’homme le plus libre que j’aie jamais rencontré.

Un attrapeur de rêves. »

« — Le nombre de fois où je me suis dit, continua-t-il, encore plus bas, là, le murmurant à l’orée de mes lèvres. Où je me suis dit que j’étais tellement fou de toi, que si tu me demandais d’arrêter, je renoncerais à tous les sommets du monde. Si tu me demandais quoi que ce soit, d’ailleurs, je serais incapable de te le refuser. »

« — Tu veux emmener un débutant en Argentine ? manqua de suffoquer Kurt.

Chaz, la bouche pleine, secoua vigoureusement la tête.

— Quel débutant ? baragouina-t-il. Max n’a jamais dû être débutant en quoi que ce soit. »

« Il jeta un coup d’œil à Inti, appuyé au plan de travail à côté de moi. C’étaient ses regards qui me rappelaient des détails auxquels je m’étais si vite habitué. Son bras qui frôlait le mien. Sa manie de boire toujours la fin de mon café. La façon dont il s’installait, parfois, sur l’accoudoir de mon fauteuil, le soir, lorsque je lisais un livre. Son visage qui passait par-dessus mon épaule quand j’étais sur mon ordinateur. Une multitude de petits riens auxquels je m’étais déjà accroché. »

Pour moi, l'étrangeté était surtout de vivre sans rien chercher à comprendre. Parce qu'il n'y avait pas d'impossibilité dans ce monde. Il n'y avait que des esprits restreints par la peur des autres."