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Commentaires sur ses livres

Mathias Enard

Par SoPh1e le 5 Novembre 2015 Editer
SoPh1e
Ni documentaire, ni roman d'aventure, je range ce récit dans mon tiroir des belles lectures : les mots sont choisis avec soin, les phrases tournées à la lettre près, et sans aucun doute, en lisant à voix haute, on finirait par chanter.

Je ne l'ai pas lu d'affilée, comme ces récits modernes au rythme trépidant et aux fins de chapitres si intenses qu'on ne peut que tourner la page au lieu de sagement poser le livre sur la table de chevet. Comme une boîte de friandises, je l'ai dégusté petit à petit, autant pour en savourer la douceur que pour ne pas risquer l'indigestion. L'expression est riche et parfois un peu alambiquée. Il semblerait que ce soit pire dans son nouveau récit, Boussoles, qui vient de recevoir le Prix Goncourt - alors que celui-ci a été récompensé de son petit frère, le Goncourt des lycéens. Pire, donc mieux?

A lire sur les rives de l'estuaire.
Par Phael le 18 Septembre 2015 Editer
Phael
Un livre d'une grande érudition, ce qui en fait une lecture très (trop parfois) exigeante. Difficile en effet d'accrocher pour un non initié à l'orientalisme et ses conséquences artistiques, le roman ne s'y limite pas mais cela en est une partie prépondérante.
A propos du livre :
Boussole
Boussole
Par Joyeux-Drille le 21 Février 2015 Editer
Joyeux-Drille
Enard installe le roman picaresque dans le monde contemporain, entre printemps arabes & contestations sociales en Europe. Mais c'est aussi un hommage au livre, à travers la rencontre inattendue entre les classiques de la littérature arabe et la Série Noire. Lakhdar est spectateur d'un monde en décomposition où il ne trouve sa place ni chez les intégristes, ni chez les indignés. Comment exister ?

http://appuyezsurlatouchelecture.blogspot.fr/2014/01/je-ne-suis-pas-un-marocain-je-ne-suis.html
A propos du livre :
Rue des voleurs
Rue des voleurs
Par heleniah le 15 Septembre 2015 Editer
heleniah
Franz Ritter est musicologue. Depuis sa chambre il tente de vaincre l’insomnie en repensant à ses études, ses musiciens préférés, sa relation avec Sarah érudite elle aussi.

Le roman se présente comme une succession de souvenirs, liés à la musique, la littérature, l’orientalisme, et un peu ses souvenirs d’avec Sarah.

Pour tout vous dire, c’est l’un des seuls romans de ces dernières années que je n’ai pas pu lire totalement. Arrivée à la moitié, je n’y arrivais plus, j’ai laissé tombé et j’ai lu en diagonale jusqu’aux dernières pages.

Ce roman est très intéressant, mais surtout pour les fans de musique classique ou d’orientalisme, qui souhaiterait peut-être faire une thèse sur les sujets. Très bien documenté, ce roman aligne les références, les extraits, les citations, parfois un peu pêle-mêle.

Les phrases et les paragraphes sont très longs, l’histoire entre les deux « héros » finalement quasi inexistante.

Bref, que les intéressés lisent ce roman au calme, à tête reposée. Pour les autres, je ne pense qu’il faille tenter l’aventure, on m’avait conseillé Enard, je ne suis pas sûre d’être tombée sur le meilleur !

Vous l’avez lu ? Vous en avez pensé quoi ?
A propos du livre :
Boussole
Boussole
Par -Gleam- le 22 Mars 2015 Editer
-Gleam-
Belle exploitation du "vide" dans la vie de Michel Ange !
La danseuse andalouse offre à cette œuvre, principalement régie par le caractère ordonner de l'artiste, un caractère envoutant intriguant quasi onirique a l'histoire !
J'ai été déçue par une chose ...
Spoiler(cliquez pour révéler)
Pourquoi la relation entre Michel Ange et Mesihi n'aboutit-elle pas ?
Petite frustration personnelle !
De plus j'ai été déstabilisée par la fin de cette aventure ... Quoi ? Non pas comme ça ! En définitive j'aime à penser que l'artiste a vécu ses pages mais il semblerais que Michel Ange n'a jamais mis les pied à Constantinople ... Snif !
Par Phil_33 le 14 Novembre 2020 Editer
Phil_33
Un titre qui fait rêver de délire frappadingue.
Un jeune parisien naïf qui, sous couvert de thèse de doctorat d’anthropologie, nous dresse une liste de truculents portraits de campagnards poitevins. En fait, l’auteur, natif du lieu, s’en donne à cœur joie, pioche-t-il dans sa mémoire pour donner vie à ses protagonistes ?

En effet Mathias Énard, que je ne connaissais pas – je reconnais encore une fois, ici, sans honte, ma profonde inculture – est né à Niort en 1972. Je découvre qu’il a suivi une formation à l'École du Louvre, et étudié l’arabe et le persan. Après de longs séjours au Moyen-Orient, il s’installe en 2000 à Barcelone. En 2010, il enseigne l'arabe à l'université autonome de Barcelone.

La Perfection du tir, son premier ouvrage, paraît en 2003. En 2008, il publie son roman Zone, caractérisé par une seule phrase à la première personne, de cinq cents pages. Récompensé par plusieurs prix dont le prix du Livre Inter. Il publie en 2010 Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. L'ouvrage est couronné par le prix Goncourt des lycéens 2010. En 2012, il publie Rue des voleurs. Le prix Goncourt 2015 lui est décerné pour son roman Boussole qui traite de la vision de l'Orient par l'Occident.

Son roman, Le Banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs (2020), se déroule dans les Deux-Sèvres, à 15 km de Niort, autour d'un étudiant préparant sa thèse d'ethnologie. Ignorant tout du maître, je crois bien que je me suis laissé abusé par le titre qui me semblait prometteur de douce rigolade…

Mais voilà, pour Gilles Heuré dans sa critique Télérama (TTT), « On ne sait de qui Mathias Énard est la réincarnation : ménestrel enjôleur, renard espiègle d’un récit médiéval ou vaguemestre érudit de 1914… Ce qui est sûr, c’est qu’il suit la géniale et folle boussole de son imagination et invite une fois encore le lecteur à s’enivrer de littérature. » Et là, déjà, je commence à me sentir largué. Je l’avais lu, pourtant, cet article dans Télérama, je savais bien qu’il fallait se méfier des 3T, mais je n’ai retenu que le titre ! Et « [L’ethnologue] croit apprendre, mais ne soupçonne rien de “la Roue du temps” ». Ça vous dit quelque chose, à vous, « la Roue du temps » ? À moi, rien. Alors je l’ai ignorée, je suis passé au-dessus, persuadé qu’on allait rigoler à la table des croque-morts. Mais “la Roue du temps” est importante dans le bouquin, alors je vous en laisse la découverte !

Hanté par la mort, Mathias Énard doit d’abord faire vivre ses personnages et c’est avec une grande jubilation qu’il dessine sa galerie de portraits.

Alors, suivant les confidences d’un résident, il oppose deux catégories de gens, dans le voisinage : « ceux qui vivent au village et ceux qui se contentent d’y habiter et qu’on ne voit jamais, les habitants des pavillons du lotissement, dont la principale activité consiste à barricader leur terrain pour pouvoir se baigner à poil trois jours par an dans leur piscine sans être vus ; les collectionneurs de nains de jardin, qu’on croise à vélo le dimanche et qui passent le reste de la semaine à briquer leur camping-car en attendant l’été. »
Parmi les gens qui vivent au village on fait la connaissance de Mathilde et Gary, les agriculteurs qui logent notre anthropologue ; Max, l’artiste peintre aux œuvres mystérieuses ; Lucie, la maraîchère militante bio ; les joueurs de cartes et buveurs de kirs, habitués du café-épicerie-pêche. Et vous avez Patarin, le charcutier qui était fils de charcutier, lui-même fils de Patarin le porcher, tueur et dépeceur de père en fils jusqu’à ce qu’une loi tatillonne interdise que l’on saignât les gorets dans les arrière-cours. Alors Patarin cuisinait toujours saucisses et pâtés et parcourait la campagne avec son camion-magasin : « [il] avait fait peindre son étal roulant à ses armoiries, comme il disait, qu’il blasonnait ainsi : d’argent à deux vérats affrontés de gueules sur fasce voûtés de sinople au nom de Patarin Fils. »

Et puis il y a Martial, le maire du village, Maître thanatopracteur et organisateur du fameux Banquet annuel de la Confrérie des Fossoyeurs qui va réunir quatre-vingt-dix-neuf joyeux lurons sous la devise évocatrice de « Longue vie à la Mort, généreuse putain ! » Tout un programme. Mais pour l’heure, avec ses aides croque-morts à la longue figure, il faut penser aux préparatifs et aux agapes « Ils parlaient du Banquet, qui aurait lieu bientôt […] et on rigolerait un peu, on boirait sec et on mangerait dur, et il n’y aurait pas de cadavres pendant trois jours, car personne ne meurt au moment du Banquet de la Confrérie des Fossoyeurs, c’est bien connu, c’est le cadeau de la Camarde à la confrérie, c’est jours de repos, ces festivités loin du trépas, c’est la Noël des sinistres, la Saint-Nicolas des longues figures. » Ils vont bien s’amuser, ces braves gens, c’est de notoriété publique « de tout le genre humain, [ils] étaient les plus attachés à la vie, car ils vivaient dans la mort. »

Enfin tout est près et voilà que le grand jour est arrivé. Avant que les convives ne se jettent sur la dive bouteille, avant qu’ils ne roulent sous la table, séance est ouverte aux hautes déclarations ! Et notre ami Mathias se libère et laisse sa plume s’envoler dans la bouche des orateurs. Et nous voici embarqué dans des envolées de haut lyrisme rythmé par le fameux style qui a fait la renommée du maître : son érudition, ses phrases démesurées, et le rythme. Le rythme accentué par la rime, par les phrases scandées par la ponctuation qui donne le balancement et la respiration du narrateur… De quoi émerveiller les inconditionnels !

Alors, examinons la richesse des rimes (de mirliton) dans cet extrait, où il est question d’accueillir des femmes au sein de la confrérie :
« Amis, je dis bravo, je suis touché ! répondit Sèchepine. Ces harpies se jetteraient sur nous c’est certain comme des naufragées mortes de faim. Elles ne pourraient résister à la beauté de ton tarin, Lebel ! Ni à l’angle de tes oreilles, Séraphin, et à leur pavillon à large bord qui fait dire à tout un chacun : “Ah ! Quelle conque ce Séraphin !” Elles n’en ont jamais assez, c’est connu, Dessais, de tes verrues. Si elles étaient parmi nous, même toi tu sortirais de ta léthargie, Bertheleau, et ferait du Banquet une orgie ! »
On est quand même très loin d’Edmond Rostand, non ?
Et si j’ajoute cette magnifique tirade : « Les mécheurs éméchés méchaient les lièvres en sifflant leur sécheur de soif », il me semble qu’on atteint des sommets !

Vous l’aurez compris, je pense que Monsieur Énard s’est bien amusé, que ses admirateurs vont applaudir et trouver cela génial. Eh bien, moi, pas du tout. En toute humilité, il me semble qu’il y a beaucoup de pédantisme dans ce texte, pour faire passer la trivialité du propos.

Mais l’humour est un exercice des plus difficiles, aussi j’accepte volontiers d’être réfractaire à celui-ci. Non, ce qui me fait rejeter ce livre c’est tout autre chose, que je laisserai sous "Spoiler" pour en abandonner la découverte aux lecteurs qui voudraient, malgré tout, affronter ce texte. Ce que je déconseille.

Spoiler(cliquez pour révéler)
De quoi s’agit-il ? Comme dit plus haut, l’auteur est obsédé par la mort. Et, de page en page, nous avons affaire à “la Roue du temps”, qu’est-ce ? Rien de moins que la RÉINCARNATION ! Et donc tous les morts du village et leurs ancêtres se réincarnent, ou se sont réincarnés dans le corps d’un animal ou d’un individu à une autre époque, dans une ronde que l’on pourrait qualifier d’infernale. C’est ainsi que le curé du village (aux pensées lubriques) s’est réincarné, le jour de sa mort, dans un jeune marcassin qui batifole dans la campagne à la recherche d’une laie à sa convenance. Bon, rien de bien grave. Mais quand je ne sais plus quel aïeul s’est réincarné en l’an 500 dans le cheval d’un fidèle de Clovis 1er et qu’il participe à des batailles épiques, ça commence à devenir scabreux. Le summum est atteint quand un vénérable défunt se réincarne en… punaise de lit ! En 1815. Et Ô Crime de lèse-majesté, est allé piquer la cuisse de… Napoléon 1er, qui dormait par-là, une nuit ! Lequel, dans son sommeil, l’a estourbi, ce qui lui a valu une nouvelle réincarnation ! Bon. Arrêtons le délire. L’ésotérisme frappadingue, c’est peut-être marrant, mais là, on se prend la tête et on la tape par terre en attendant que ça s’arrête… Parce qu’il y a plein d’autres belles histoires comme ça, des araignées, des louves, etc…
Je ne suis pas sûr que l’auteur y croie. Ce doit être un des aspects de son génie, à moins que ce soit un subterfuge pour raconter l’Histoire de sa région gonflée de tous les conflits, depuis la guerre de cent ans en passant par celle de Vendée sous la Révolution française.

Mais pour ma part, je n’adhère pas.

En conclusion, j’essaierai de me souvenir que plus il y a de T et moins je dois m’emballer !
C’est d’ailleurs la raison qui m’a fait venir sur S.C. : "Fuir les critiques professionnels !"
Par Lena-Geynet le 31 Mai 2019 Editer
Lena-Geynet
Dès les premières lignes, le narrateur, Franz Ritter, apprend par un courrier qu’il est malade. Dès lors, rongé par l’angoisse de la maladie et de la mort et n’arrivant pas à trouver le sommeil, le musicologue va se plonger dans un état léthargique et revenir sur des souvenirs qui ont marqué sa vie. Au centre de ceux-ci se trouve Sarah, la femme dont il a toujours été amoureux et avec qui il a beaucoup voyagé avant de s’en séparer sans jamais réussir à l’oublier. Est aussi présent son amour pour la musique et, inévitablement, on en revient toujours à l’Orient.

Il y a dans Boussole beaucoup de phrases très longues qui suivent le fil de pensée de Franz et qui peuvent essouffler, voire perdre certains lecteurs. La première phrase fait par exemple une page entière. C’est un monologue intérieur du personnage principal, un stream of consciousness. Ses souvenirs se transforment, varient, se mélangent entre eux et se confondent avec le rêve : on ne sait plus démêler le vrai du faux. Le beau se mêle à l’horreur, la mort à la vie, l’érotisme au dégoût.
Les titres des chapitres donnant l’heure qui avance procurent une sensation d’insomnie, comme si le temps s’écoulait lentement. Il revient beaucoup à sa maladie, à la peur de la mort et à ses angoisses. L’idée du Rien est omniprésente, ainsi que celle du vide, du manque et de l’absence : il essaie de combler cela par la profusion de souvenirs. Il y a dans le récit énormément de références (historiques, géographiques, mais surtout artistiques) qui peuvent étouffer le lecteur sous un trop-plein d’informations destinées à combler ce vide que ressent Franz. Les multiples biographies contées par Mathias Enard dans Boussole contribuent à cette sensation. Cependant, cela a le mérite de rendre le texte plus réaliste : que ce soit les titres d’œuvres, les noms de lieux, ou encore les nombreux extraits de livres, articles et thèses, toutes ces références nous ancrent dans le réel.
Cette dimension concrète détonne parfois avec le style d’écriture. En effet, le texte est empli de nombreuses figures de style et métaphores qui le rendent très poétique. L’auteur joue avec les différents genre : journalistique, théâtral (on a plusieurs dialogues qui sont rendus comme au théâtre), poétique, surnaturel ou encore épistolaire… Cela donne un peu plus de rythme au récit.

Le titre de l’œuvre, Boussole, apparaît pour la première fois lorsque Franz pense à celles présentes sur les tapis de prière, évoquées vers le milieu du roman. Mais c’est finalement à la « boussole de Beethoven » offerte par Sarah qu’il semble faire référence. Cette dernière pointe à l’Est au lieu du Nord, vers l’Orient, et on peut y voir une dimension mystique. Dans le livre, c’est comme si les pensées de Franz étaient orientées par cet objet. Nous pourrions également faire un parallèle avec le fait que son personnage soit totalement déboussolé, qu’il n’ait aucun repère et se perde dans ses souvenirs. Enfin, il est possible de tisser un lien entre la boussole et la figure du voyageur qu’il souhaitait être sans avoir les épaules pour, se désignant lui-même comme « un fils à maman » en dépit de ses voyages.
A travers ces derniers, on en apprend énormément sur l’Orient, son histoire, ses habitants ou même sur les rapports entretenus avec l’Occident. Cet apprentissage se fait par le spectre de différents regards : celui de Sarah, de par les dialogues rapportés et les extraits de sa thèse sur les images et les représentations de l’Orient, ou bien celui de Franz, mais aussi celui de différents artistes, écrivains, peintres ou musiciens. L’une des phrases de Sarah est assez méta quant au roman, car il peut donner l’impression parfois de voir principalement l’Orient sous le prisme « sexualité-Orient-violence » qu’elle critique. Franz se fait à lui-même une réflexion similaire en écoutant les informations, à propos du traitement de l’Islam et du terrorisme par les médias occidentaux, trop centrés sur l’Europe et pas sur l’Orient.
Sarah s’invite dans tous ses souvenirs, même quand il pense à quelque chose ou quelqu’un d’autre. Il se plie en quatre pour elle, jusqu’à se faire passer pour ce qu’il n’est pas, un rêveur au lieu d’un coincé, un explorateur et non un fils à maman. Il est totalement amoureux d’elle, et cet amour prend de la place dans le récit, mais il n’est pas la seule passion de Franz. En dehors de l’amour qu’il porte à Sarah, il y a aussi l’amour qu’il porte à la musique, et il est tout aussi présent, voire plus par moment. « Le souvenir de Sarah et de la musique me pousse à la mélancolie. » Ils sont tous deux des éléments déclencheurs des souvenirs de Franz.
Finalement, le roman qui peut parfois paraître lourd ou défaitiste se conclut sur une note d’espoir, à travers la correspondance qu’entame le personnage avec Sarah, et cela mettra sans doute du baume au cœur aux plus perplexes des lecteurs.
A propos du livre :
Boussole
Boussole
Par Laurien le 16 Septembre 2018 Editer
Laurien
L'intrigue est simple et touchante, présentant deux histoires d'amours brisées qui se croisent et s'emmêlent. Ces deux histoires de coeurs qui ne peuvent vivre ensemble à cause de la folie des hommes et des horreurs des guerres se répondent par-delà le temps, par delà les sexes, comme se répondent les deux histoires d'Occidentaux fascinés par l'Orient, ses langues, ses cultures, ses religions et ses poètes.
J'ai été séduite par la grande sensualité qui se dégage des dessins, dans un style qui m'a fait parfois penser à celui de Marjane Satrapi, en noir et blanc, où le noir profond permet de faire briller les étoiles tandis que le gris est associé à la désolation du monde, cendres et bombardements, de Berlin et ses traumatismes anciens à Alep et ses blessures contemporaines. Quant aux mots, ils portent une poésie profonde.
Une lecture magnifique, que je recommande. La fin est très émouvante.
A propos du livre :
Prendre refuge
Prendre refuge
Par Croquignolle le 30 Novembre 2017 Editer
Croquignolle
Parle-leur de voyage, de pays lointain et de Bosphore.
Parle-leur de la ville à la beauté étincelante, aux formes généreuses, à la démarche poétique.
Parle-leur du Sultan, riche d'exigences et de caprices, de grandeur et de folie.
Parle-leur des danseuses envoûtantes aux regards denses, joueurs et complices.
Parle-leur de l'ami, celui qui sert et admire, dont la jalouse compagnie fait souffrir.
Parle-leur de l'artiste talentueux qui rêve d'immensité, de beauté, de légèreté et d'équilibre.
D'admiration et d'idolâtrie aussi.
Parle-leur de la difficulté d'aimer.
Parle-leur de peaux, de pierres, de ponts, de sillons, de parfums, de sens, d'essences.
Parle-leur d''essentiel.
Parle-leur de Michel-Ange.
Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants.
Et dis-leur à quel point ce récit a touché mon coeur, bouleversé mon âme, animé mon être.
Par hcdahlem le 12 Février 2016 Editer
hcdahlem
En voyant les images d’Alep se vidant de ses habitants, contraints à l’exil sous le poids des bombes qui s’abattent sur la ville, j’ai repensé à mon voyage en Syrie et aux fortes émotions de ce voyage au Proche-Orient. J’ai alors recherché dans le livre de Mathias Enard ce passage où il parle de cette superbe cité qui est en train d’être rasée : «Nous sommes rentrés à l’hôtel par le chemin des écoliers, dans la pénombre des ruelles et des bazars fermés – aujourd’hui tous ces lieux sont en proie à la guerre, brûlent ou ont été brulés, les rideaux de fer des boutiques déformés par la chaleur de l’incendie, la petite place de l’Évêché maronite envahie d’immeubles effondrés, son étonnante église latine à double clocher de tuiles rouges dévastée par les explosions : est-ce qu’Alep retrouvera jamais sa splendeur, peut-être, on n’en sait rien, mais aujourd’hui notre séjour est doublement un rêve, à la fois perdu dans le temps et rattrapé par la destruction. Un rêve avec Annemarie Schwarzenbach, T. E. Lawrence et tous les clients de l’hôtel Baron, les morts célèbres et les oubliés …»
Si la lecture de ce roman couronné du Prix Goncourt 2015 résonne aussi fort en moi, c’est d’abord pour les souvenirs qu’il évoque et que doivent partager tous ceux qui ont arpenté le site de Palmyre, les ruelles d’Alep ou le souk à Damas. Cette impression d’un drame absolu, né de la folie d’hommes qui ont oublié d’où ils venaient, combien leur culture, leur art, leur science et même leur religion était riche.
Avec une époustouflante érudition – je vous l’accorde, il faut quelquefois s’accrocher pour suivre le récit – Mathias Enard en témoigne. En nous entraînant sur les pas de Franz Ritter, musicologue installé à Vienne, il jette sans cesse des ponts entre les occidentaux avides de connaître cet orient au-delà des fantasmes. A moins que ce ne soit à cause de ces fantasmes qui ont nourri leur œuvre de musicien, de poète, d’écrivain.
Entre colloques universitaires et récits de voyages, entre découvertes archéologiques et conversations autour d’un verre ou d’un feu de camp, on découvre la richesse de l’orientalisme inventé par Napoléon Bonaparte «c’est lui qui entraîne derrière son armée la science en Egypte, et fait entrer l’Europe pour la première fois en Orient au-delà des Balkans. Le savoir s’engouffre derrière les militaires et les marchands, en Egype, en Inde, en Chine.»
Derrière lui, les écrivains et les musiciens seront nombreux à raconter leur vision de cet orient. De Victor Hugo avec «Les Orientales» à Chateaubriand, de T. E. Lawrence à Agatha Christie, de Klaus Mann à Isabelle Eberhardt, sans oublier les poètes comme Rimbaud, Nerval, Byron.
Pour le musicologue, il y a tout autant à raconter, tant les influences orientales parsèment les œuvres de Schubert, Beethoven, Mendelssohn, Schumann, Strauss, Schönberg. Il semble que l’occident tout entier ait eu cette soif d’Orient. «Les Allemands, dans l’ensemble, avaient des songes bibliques et archéologiques ; les Espagnols, des chimères ibériques, d’Andalousie musulmane et de Gitans célestes ; les Hollandais, des visions d’épice, de poivriers, de camphriers et de navires dans la tempête, au large du Cap de Bonne-Espérance.» Quant à Sarah et aux Français, ils se passionnent non seulement pour les poètes persans, mais aussi pour ceux que l’Orient en général avaient inspirés.
Voilà justement le moment de dire quelques mots de cette Sarah que Franz rencontre lors d’un voyage et qui va servir de fil rouge au romancier. Tout au long du roman, on suit en effet la quête de Franz, amoureux transi. La belle rousse, spécialiste de cet Orient qui le fascine tant, avec qui il va pouvoir partager ses découvertes. Même si cette femme ne possède rien («Ses livres et ses images sont dans sa tête ; dans sa tête, dans ses innombrables carnets»), il s’imagine, depuis une nuit à la belle étoile passée au pied de la forteresse d’Alep, ne plus jamais la quitter.
Mais c’est elle qui s’envolera pour enterrer son frère, traumatisme dont elle ne se remettra pas et que l’entraînera à «l’orient de l’orient».
Des années plus tard, il va pourtant la croiser à nouveau en Autriche : «L’avenir était aussi radieux que le Bosphore un beau jour d’automne, s’annonçait sous des auspices aussi brillants que cette soirée à Graz seul avec Sarah dans les années 1990, premier dîner en tête à tête…»
Sauf que «la vie est une symphonie de Mahler, elle ne revient jamais en arrière, ne retombe jamais sur ses pieds. Dans ce sentiment du temps qui est la définition de la mélancolie, la conscience de la finitude, pas de refuge à part l’opium et l’oubli».
Mathias Enard dit avec élégance la souffrance du manque. Au soir de sa vie, il a beau ressortir «la boussole qui pointe vers l’orient, la boussole de l’illumination, l’artefact sohrawardien. Un bâton de sourcier mystique», il compris que le monde qu’il a rêvé n’est plus, que seuls les récits témoignent de la beauté et de l’amour. Que le paradis est artificiel.
«Une bouffée d’opium iranien, une bouffée de mémoire, c’est un genre d’oubli de la nuit qui avance, de la maladie qui gagne, de la cécité qui nous envahit.»
A propos du livre :
Boussole
Boussole
Par onirisme le 3 Février 2016 Editer
onirisme
Une écriture splendide qui nous fait voyager. Néanmoins, le niveau de connaissance que demande la lecture de ce livre est très exigent ce qui a rendu ma lecture très difficile.
Il s'agit toutefois d'une bonne découverte.
A propos du livre :
Boussole
Boussole
Par emmabook le 28 Janvier 2016 Editer
emmabook
C'est la première fois que je lis un livre de ce style, au début je n'y accrochais pas mais ça a été mieux par la suite. Sinon, l'histoire n'est pas mal mais sans plus pour moi.
Par nathanvdvp200 le 27 Janvier 2016 Editer
nathanvdvp200
Le moins que l'on puisse dire c'est que ce livre est long à nous attirer dans l'histoire. J'ai du attendre la 80ème page ( sur 160 pages ) avant d'entrer dans le livre. D'ailleurs, si je n'avais pas du le lire pour l'école, je ne l'aurais pas continué. Mais, heureusement, j'ai été forcé de le lire jusqu'à la fin car, quand on rentre dans le livre, on se rend compte qu'il raconte une histoire sublime. L'auteur esquisse ce qu'auraient pu être ces fameuses années inconnues de la vie de Michel-Ange dans un récit où se mêlent avec habileté complot, histoire d'amour plus que compliquée, monde arabe et Histoire. En conclusion, il s'agit là d'un livre écrit en finesse et lent au début mais qui vaut vachement la peine d'être lu jusqu'à la dernière ligne.
Par Meylhana le 19 Février 2015 Editer
Meylhana
Captivant, ce livre nous entraîne avec une douceur surprenante dans un instant de la vie de Michel-Ange. On découvre ce personnage qui, s'il nous paraît un peu antipathique, nous émeut aussi. Une dualité que l'auteur mène avec brio tout au long du livre.

J'ai adoré le personnage du poète Mesihi qui m'a profondément émue et éblouie.

Un livre d'une poésie très juste et touchante, qui réussit à nous faire voir d'une autre manière quelques parcelles d'Histoire.
Par Liligoth le 19 Décembre 2014 Editer
Liligoth
Un roman magnifique,une belle réflexion sur la création artistique mais pas seulement : on y découvre une partie méconnue de la vie de Michel-Ange. C'est aussi une véritable invitation au voyage. Les descriptions nous plongent réellement dans l'atmosphère de Constantinople : on la sent, on l'entend, on la ressent. J'ai également été profondément émue par les personnages, notamment par le celui du poète Mesihi, torturé par sa passion pour Michel-Ange. D'une façon ou d'une autre, les principaux intervenants sont tous des passionnés, obsédés par quelque chose, que ce soit par beauté pour Michel-Ange ou l'amour et le désir pour Mesihi. Il ressort de ce roman un érotisme latent, une sensualité tout en finesse probablement du au lieu, d'une part mais aussi aux personnages, frustrés dans l'accomplissement de leurs désirs. Un récit passionnant.

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