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Voici deux accroches efficaces pour se démarquer de la multitude de romans et m’attirer dans ses filets.
Deux, c’est aussi le choix narratif de l’auteur qui entrelace dans ce roman deux histoires autour du mot déserter.
*
« Déserter », c'est l'histoire d’un homme qui fuit la guerre et se réfugie dans les montagnes de son enfance. Là, à l’abri des regards et des hommes, se trouve la cabane où il a vécu enfant. Il espère pouvoir se reposer et panser ses blessures psychiques avant de poursuivre sa route vers la frontière.
Il y a une forme de dualité chez lui : je l’ai senti vulnérable, méfiant, apeuré, mais aussi capable d’une grande violence.
Au travers de cette narration, on imagine sans peine le paysage montagneux dévoilé dans sa beauté et sa grandeur écrasante. Elle s'exprime de la manière la plus douce pour se dérober l’instant d’après et devenir sauvage et impitoyable.
En effet, les mots de la guerre se cessent de s’immiscer dans les descriptions de la nature. La mer en contrebas, assombrie de teintes allant du bleu violacé au gris, forme une ligne inquiétante, hostile, celle du front. Le regard de l’homme est constamment attiré par cet horizon sombre, déclenchant des souvenirs de guerre d’une extrême violence.
Exécutions. Tortures. Viols.
Et puis, arrive une jeune femme avec son âne qui fuit également la guerre pour d’autres raisons que lui. Elle le reconnaît, elle l’a déjà croisé dans son village. Il est comme tous ces hommes qui portent l’uniforme et brandissent une armes : un assassin, un tortionnaire, un violeur.
L’auteur croise leur point de vue, mettant en lumière leurs émotions, leurs sentiments. Cette rencontre va soulever des questions et exiger inévitablement, pour chacun d’eux, de faire des choix.
La vie ou la mort.
La paix ou la haine.
La confiance ou la peur.
L’entraide ou la violence.
*
C’est autour des théories mathématiques développées par Paul que se construit ce deuxième récit.
Car « Déserter », c'est aussi l’histoire d’Irina qui organise à Berlin, sur un bateau de croisière, un colloque pour rendre hommage à un grand mathématicien est-allemand décédé, Paul Heudeber, qui fut également son père.
Nous sommes le 10 septembre 2001, la veille de la plus grande attaque terroriste perpétrée aux Etats-Unis, une date qui restera gravée à jamais dans les mémoires de ceux qui ont vu les terribles images de l’effondrement des tours du World Trade Center.
L’auteur nous fait entrer dans la tête d’Irina, ses pensées remontent le cours du temps, reviennent sur le temps présent et la violence du monde d’aujourd’hui.
Ses souvenirs forment un puzzle où chaque pièce permet de reconstituer l’histoire de ses parents, Paul et Maja. C’est une belle histoire d’amour, entrecoupée de lettres que Paul adresse à sa compagne. Mais au fil du récit, des failles apparaissent. Non-dits, silences, peines, absence, solitude, espoirs et désillusions.
« Maja mon amour,
Les mathématiques sont un voile posé sur le monde, qui épouse les formes du monde, pour l’envelopper entièrement ; c’est un langage et c’est une matière, des mots sur une main, des lèvres sur une épaule… »
J’ai aimé le personnage de Paul. Sensible et rêveur, rescapé de l’enfer du camp de Buchenwald, il croyait en un monde nouveau et meilleur, un monde plus juste, plus pacifique, plus humain.
« … les mathématiques étaient l’autre nom de l’espoir. »
Le destin de ce couple est également l’occasion de voyager à travers l’espace et le temps, entre l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest, entre le présent et le passé, en particulier durant la seconde guerre mondiale et la guerre froide.
*
L'écriture est forte et subtile dans ce croisement de personnages, de lieux et d’époques. Pourtant, un fil conducteur unit ces deux récits, celui de l’intime.
L’auteur parvient à tisser des liens autour du mot « déserter ». Peu à peu, le lecteur établit des parallèles, entrevoit des connexions, découvre des analogies entre les deux récits où les hommes sont à la fois acteurs et victimes de la violence et de la guerre. Chaque personnage se retrouve face au miroir de leur conscience qui leur renvoie leurs actions, leurs trahisons, leurs pensées, leurs rêves, leurs émotions, leur manque de lucidité, leurs réussites et leurs échecs.
*
Ce que j’aime dans la littérature, c’est lorsque l’écriture se pare de poésie, de couleurs, d’odeurs, de sensation, de sensualité, d’émotions. En cela, le roman de Mathias Enard a tout à fait correspondu à mes goûts littéraires.
Dans le premier récit, celui du déserteur, la nature est très présente, elle forme comme un écrin printanier. J’ai aimé ce récit poétique, imprégné des odeurs rassurantes du feu de bois, des plantes aromatiques et des souvenirs d’enfance. En effet, l’écriture de Mathias Enard est sensorielle, elle nous permet de percevoir les parfums, les couleurs, les bruits, les textures, de donner corps à ce paysage montagneux, sûrement méditerranéen, qui présente deux visages.
Ce qui m’a particulièrement plu aussi, c’est la présence de l’âne qui amène une prise de conscience de ce que les hommes deviennent en temps de guerre, des monstres.
« … il se rend compte soudain que l’âne est borgne, son œil droit est bleu et blanc comme une bille vitreuse, à demi recouvert par la paupière, son dos porte des blessures qui suppurent, il faudra peut-être l’abattre,
tu ne sais rien d’autre qu’abattre, tu ignores tout des ânes et des animaux, ils ont l’innocence de leur bestialité, pas toi, tu t’enroules dans la brutalité comme dans un manteau, … «
Dans le second récit, le langage des mathématiques renferme un côté plus âpre et froid. Néanmoins, il garde une dimension poétique, une forme de mélancolie et de nostalgie, d’espoir et de courage, de souffrance intérieure.
Plus complexe à lire, il m’a paru mais même temps plus profond.
« Les mathématiques sont un voile posé sur le monde, qui épouse les formes du monde, pour l'envelopper entièrement. »
*
Mathias Enard signe un beau roman où l'intime et la guerre s’entremêlent avec subtilité.
A découvrir.
Déserter
Je n'ai jamais vu de lien entre les 2 histoires. Est-ce que ce soldat déserteur et cette femme sont les parents d'Irène ? Je n'en sais rien, je ne suis pas sûre...
De plus, je n'aime pas trop non plus le style de l'auteur : ces phrases sans ponctuation, sans majuscules... Quel intérêt ?
Je suis restée très perplexe et cette lecture n'a pas été assez aboutie à mon goût.
Déserter
Maïa Scharnhorst est une femme politique de l'Allemagne de l'Ouest, toujours soupçonnée d'intelligence avec l'ennemi, celui de la RDA. Elle est morte en 2005 à 87 ans. Paul Heudeber est celui qui l'a tant aimée, même de l'autre côté du mur, à Berlin. Mathématicien renommé, il est communiste fervent et encarté depuis 1967 et antifasciste notoire. L'année 2021 avec son confinement et sa guerre proche pousse leur fille à raconter.
Irène a gardé le goût de l'histoire notamment lorsque son père racontait l'exposition universelle. Et, comme il était ce mathématicien apprécié, elle est devenue spécialiste de l'histoire des mathématiques. À partir de lettres, de poèmes, de films, elle retrace la vie de ce père énigmatique qui, communiste convaincu, a fui ses croyances politiques devant les réalités. Mais surtout, Paul est l'archétype de l'homme du XXeme siècle. Il a traversé Buchenwald qu'il s'interdisait de nommer ainsi, avant il y eut le camp de Gurs rassemblant entre autres “les indésirables ” fuyant les nazis.
Alors, naturellement, elle raconte l'hommage pour son père auquel sa mère a assisté. Lors de la conférence croisière organisée en 2001, les intervenants ont célébré l'institut de mathématiques qu'il avait créé en 1961. Seulement, nous sommes en septembre…
Le roman de Mathias Enard évolue parallèlement avec deux histoires : le soldat déserteur avec cette femme aux cheveux ras, et cette fille Irène qui part à la redécouverte de ses deux parents.
À aucun moment, les deux histoires ne se rencontrent. Leur point commun est la fuite. Celle du groupe de référence pour tenter d'oublier les morts, leurs regards interrogateurs qui reviennent, tant, la nuit. Mais aussi, la fuite de nos espoirs, idéaux qui ont enchanté notre présent, dont la croyance s'est effacée au fur et à mesure que des charniers se sont dévoilés mais aussi devant l'amour devenu mirage.
Jusqu'à la destruction du Mur, l'idéal socialisme de Paul, comme Mathias Enard le démontre, pouvait faire écran à la réalité. À partir des guerres de Yougoslavie, puis du fameux 11 septembre, la foi d'un monde diffèrent s'est effritée et les illusions se sont envolées, ne laissant que l'imaginaire pansait les esprits. Cette désertion décrite par Mathias Enard est à l'image du soldat déserteur, un lieu de solitude intense où le membre influent devient paria et où il ne reste que l'imaginaire pour se raccrocher à nos rêves et suivre notre humanité.
Le récit de ce soldat, tentant d'échapper aux cauchemars des exactions qu'il a organisés, retrouve grâce aux lieux de l'enfance sa propre compassion.
Mathias Enard écrit avec limpidité même si ses histoires révèlent des degrés de compréhension imbriqués. Mélangeant la langue de la narration à celle du tutoiement puis celle de la mémoire, Déserter étonne par la justesse de son propos, l'érudition dont il s'entoure et la poésie humaniste qu'il transmet.
Difficile de ne pas le découvrir !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/10/02/mathias-enard-deserter/
Déserter
Boussole
Désir pour désir
Prendre refuge
Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants
Ayant visité Istanbul l'année dernière ça a été un plaisir de redécouvrir ces lieux avec une vision d'il y a quelques siècles mais les plus beaux monuments cités sont toujours là et je revoyais la beauté de Sainte Sophie ou de Topkapi en lisant ces pages.
Je dois dire qu'au début j'ai été étonnée du choix de l'auteur de centraliser son histoire sur une personne historique, Michel Ange, surtout que j'ignorais totalement qu'il était allé à Istanbul. Je connais très peu de choses sur cet artiste et je craignais que l'auteur ne fasse trop de référence à son oeuvre ou sa vie sans que je ne comprenne. Mais en fait pas du tout, j'ai eu l'impression qu'il s'est servi de Michel Ange pour canaliser l'essence de l'art, nous faire découvrir cette ville “exotique” pour les européens, ses quartiers, ses coutumes, ses ambiances et ses habitants. le résultat est sublime et Mathias Enard est un véritable poète. Que ce soit les réflexions sur le ressenti de l'art par Michel Ange, les pensées profondes de la belle danseuse dont notre peintre florentin s'éprend ou encore sa manière de nous dévoiler les sentiments de ses personnages, tout en douceur, on est totalement envoûté par sa plume.
Je ne voudrais pas en dire trop mais j'ai adoré la relation qui se créé entre Michel Ange et Mesihi, un poète turque protégé du vizir de l'époque. J'ai trouvé leur histoire très belle et en même temps très triste. Sans hésiter, c'est bien elle qui donne sans hésitation 5/5 à ce petit livre.
Au final, une magnifique découverte de Constantinople à la renaissance du point de vue d'un des plus grand artiste de l'époque. J'ai été envoûtée par la poésie qui se dégage de l'écriture de l'auteur et rien que pour cela je le conseille fortement ! Une de mes plus belles lectures.
Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants
Boussole
Un jeune parisien naïf qui, sous couvert de thèse de doctorat d’anthropologie, nous dresse une liste de truculents portraits de campagnards poitevins. En fait, l’auteur, natif du lieu, s’en donne à cœur joie, pioche-t-il dans sa mémoire pour donner vie à ses protagonistes ?
En effet Mathias Énard, que je ne connaissais pas – je reconnais encore une fois, ici, sans honte, ma profonde inculture – est né à Niort en 1972. Je découvre qu’il a suivi une formation à l'École du Louvre, et étudié l’arabe et le persan. Après de longs séjours au Moyen-Orient, il s’installe en 2000 à Barcelone. En 2010, il enseigne l'arabe à l'université autonome de Barcelone.
La Perfection du tir, son premier ouvrage, paraît en 2003. En 2008, il publie son roman Zone, caractérisé par une seule phrase à la première personne, de cinq cents pages. Récompensé par plusieurs prix dont le prix du Livre Inter. Il publie en 2010 Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. L'ouvrage est couronné par le prix Goncourt des lycéens 2010. En 2012, il publie Rue des voleurs. Le prix Goncourt 2015 lui est décerné pour son roman Boussole qui traite de la vision de l'Orient par l'Occident.
Son roman, Le Banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs (2020), se déroule dans les Deux-Sèvres, à 15 km de Niort, autour d'un étudiant préparant sa thèse d'ethnologie. Ignorant tout du maître, je crois bien que je me suis laissé abusé par le titre qui me semblait prometteur de douce rigolade…
Mais voilà, pour Gilles Heuré dans sa critique Télérama (TTT), « On ne sait de qui Mathias Énard est la réincarnation : ménestrel enjôleur, renard espiègle d’un récit médiéval ou vaguemestre érudit de 1914… Ce qui est sûr, c’est qu’il suit la géniale et folle boussole de son imagination et invite une fois encore le lecteur à s’enivrer de littérature. » Et là, déjà, je commence à me sentir largué. Je l’avais lu, pourtant, cet article dans Télérama, je savais bien qu’il fallait se méfier des 3T, mais je n’ai retenu que le titre ! Et « [L’ethnologue] croit apprendre, mais ne soupçonne rien de “la Roue du temps” ». Ça vous dit quelque chose, à vous, « la Roue du temps » ? À moi, rien. Alors je l’ai ignorée, je suis passé au-dessus, persuadé qu’on allait rigoler à la table des croque-morts. Mais “la Roue du temps” est importante dans le bouquin, alors je vous en laisse la découverte !
Hanté par la mort, Mathias Énard doit d’abord faire vivre ses personnages et c’est avec une grande jubilation qu’il dessine sa galerie de portraits.
Alors, suivant les confidences d’un résident, il oppose deux catégories de gens, dans le voisinage : « ceux qui vivent au village et ceux qui se contentent d’y habiter et qu’on ne voit jamais, les habitants des pavillons du lotissement, dont la principale activité consiste à barricader leur terrain pour pouvoir se baigner à poil trois jours par an dans leur piscine sans être vus ; les collectionneurs de nains de jardin, qu’on croise à vélo le dimanche et qui passent le reste de la semaine à briquer leur camping-car en attendant l’été. »
Parmi les gens qui vivent au village on fait la connaissance de Mathilde et Gary, les agriculteurs qui logent notre anthropologue ; Max, l’artiste peintre aux œuvres mystérieuses ; Lucie, la maraîchère militante bio ; les joueurs de cartes et buveurs de kirs, habitués du café-épicerie-pêche. Et vous avez Patarin, le charcutier qui était fils de charcutier, lui-même fils de Patarin le porcher, tueur et dépeceur de père en fils jusqu’à ce qu’une loi tatillonne interdise que l’on saignât les gorets dans les arrière-cours. Alors Patarin cuisinait toujours saucisses et pâtés et parcourait la campagne avec son camion-magasin : « [il] avait fait peindre son étal roulant à ses armoiries, comme il disait, qu’il blasonnait ainsi : d’argent à deux vérats affrontés de gueules sur fasce voûtés de sinople au nom de Patarin Fils. »
Et puis il y a Martial, le maire du village, Maître thanatopracteur et organisateur du fameux Banquet annuel de la Confrérie des Fossoyeurs qui va réunir quatre-vingt-dix-neuf joyeux lurons sous la devise évocatrice de « Longue vie à la Mort, généreuse putain ! » Tout un programme. Mais pour l’heure, avec ses aides croque-morts à la longue figure, il faut penser aux préparatifs et aux agapes « Ils parlaient du Banquet, qui aurait lieu bientôt […] et on rigolerait un peu, on boirait sec et on mangerait dur, et il n’y aurait pas de cadavres pendant trois jours, car personne ne meurt au moment du Banquet de la Confrérie des Fossoyeurs, c’est bien connu, c’est le cadeau de la Camarde à la confrérie, c’est jours de repos, ces festivités loin du trépas, c’est la Noël des sinistres, la Saint-Nicolas des longues figures. » Ils vont bien s’amuser, ces braves gens, c’est de notoriété publique « de tout le genre humain, [ils] étaient les plus attachés à la vie, car ils vivaient dans la mort. »
Enfin tout est près et voilà que le grand jour est arrivé. Avant que les convives ne se jettent sur la dive bouteille, avant qu’ils ne roulent sous la table, séance est ouverte aux hautes déclarations ! Et notre ami Mathias se libère et laisse sa plume s’envoler dans la bouche des orateurs. Et nous voici embarqué dans des envolées de haut lyrisme rythmé par le fameux style qui a fait la renommée du maître : son érudition, ses phrases démesurées, et le rythme. Le rythme accentué par la rime, par les phrases scandées par la ponctuation qui donne le balancement et la respiration du narrateur… De quoi émerveiller les inconditionnels !
Alors, examinons la richesse des rimes (de mirliton) dans cet extrait, où il est question d’accueillir des femmes au sein de la confrérie :
« Amis, je dis bravo, je suis touché ! répondit Sèchepine. Ces harpies se jetteraient sur nous c’est certain comme des naufragées mortes de faim. Elles ne pourraient résister à la beauté de ton tarin, Lebel ! Ni à l’angle de tes oreilles, Séraphin, et à leur pavillon à large bord qui fait dire à tout un chacun : “Ah ! Quelle conque ce Séraphin !” Elles n’en ont jamais assez, c’est connu, Dessais, de tes verrues. Si elles étaient parmi nous, même toi tu sortirais de ta léthargie, Bertheleau, et ferait du Banquet une orgie ! »
On est quand même très loin d’Edmond Rostand, non ?
Et si j’ajoute cette magnifique tirade : « Les mécheurs éméchés méchaient les lièvres en sifflant leur sécheur de soif », il me semble qu’on atteint des sommets !
Vous l’aurez compris, je pense que Monsieur Énard s’est bien amusé, que ses admirateurs vont applaudir et trouver cela génial. Eh bien, moi, pas du tout. En toute humilité, il me semble qu’il y a beaucoup de pédantisme dans ce texte, pour faire passer la trivialité du propos.
Mais l’humour est un exercice des plus difficiles, aussi j’accepte volontiers d’être réfractaire à celui-ci. Non, ce qui me fait rejeter ce livre c’est tout autre chose, que je laisserai sous "Spoiler" pour en abandonner la découverte aux lecteurs qui voudraient, malgré tout, affronter ce texte. Ce que je déconseille.
Je ne suis pas sûr que l’auteur y croie. Ce doit être un des aspects de son génie, à moins que ce soit un subterfuge pour raconter l’Histoire de sa région gonflée de tous les conflits, depuis la guerre de cent ans en passant par celle de Vendée sous la Révolution française.
Mais pour ma part, je n’adhère pas.
En conclusion, j’essaierai de me souvenir que plus il y a de T et moins je dois m’emballer !
C’est d’ailleurs la raison qui m’a fait venir sur S.C. : "Fuir les critiques professionnels !"
Le Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs
Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants
Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants
Boussole
Boussole
Boussole