Toutes les séries de Robert W. Chambers
Au sommaire de ce numéro :
Le Recrutement de ARCADIUS
Colomb de la Lune de René BARJAVEL
Fond sonore de Marcel BATTIN i de Jacques BERGIER Pierre VERSINS
Monsieur, Madame et la petite bête de Hervé CALIXTE
Five o'clock sélénite de Michel CARROUGES
Le Baiser de la vie de Francis CARSAC
C'est du billard ! de Philippe CURVAL
La Vana de Alain DORÉMIEUX
L'Heure du départ de Michel EHRWEIN
La Nuit du 24 avril de Clarisse FRANCILLON
Chapitre 13 de Fernand FRANCOIS
Pêcheurs de lune de Charles HENNEBERG
Prima Donna de Michel JANSEN
L'Observateur de Gérard KLEIN
La Chose de Ilka LEGRAND Alec SANDRE
Le Piège de Jean-Claude PASSEGAND
Le Règne des Plusieurs de Kurt STEINER
Bonnes vacances ! de Jacques STERNBERG
Escale en permanence de Jean-Paul TOROK
Le Réfractaire de François VALORBE
Araignées dans le plafond de Claude VEILLOT
Soyez bons pour les animaux de Julia VERLANGER
L'Autre de Bruno VINCENT
Tous les livres de Robert W. Chambers
« Je ne peux oublier Carcosa, où le ciel est parsemé d’étoiles noires, où l’ombre des pensées des hommes s’allonge dans l’après-midi, où les soleils jumeaux s’enfoncent dans le lac de Hali, et mon esprit sera toujours hanté par le souvenir du Masque blême. »
Chef-d’œuvre de la littérature décadente américaine, ce recueil de nouvelles convoque un univers singulier où se mêlent horreur, fantastique et récit policier. La lecture d’une étrange pièce de théâtre semble être à l’origine d’une folie indescriptible pour bon nombre de jeunes artistes. Pleurant, riant, frémissant d’une terreur sans nom, les personnages y entraperçoivent un univers onirique digne de leurs pires cauchemars, celui de Hastur et de Carcosa, celui sur lequel règne le terrifiant Roi en jaune.
Dans la lignée d’Edgar Allan Poe, ce titre a inspiré de grands noms comme Marion Zimmer Bradly ou H. P. Lovecraft, mais également la série américaine à succès True Detective.
La clarté diffuse qui s'attarde parfois après le départ des étoiles baignait la crique et la plage d'un éclat tremblant et nébuleux. J'entendis susurrer les courants sous le fracas adouci des rouleaux se brisant sur les rochers — jamais ce bruit ne m'avait paru aussi net. Puis, comme je fermais la fenêtre, je vis un homme debout dans l'eau qui lui arrivait aux chevilles, seul au sein de la nuit. Mais... était-ce bien un homme ? Car sa silhouette se mit soudain à courir à quatre pattes sur la grève, vive comme un scarabée, agitant ses membres comme si c'étaient des antennes. Avant que j'aie pu rouvrir la fenêtre, la créature plongea dans les vagues et, lorsque je repassai la tête au-dehors, sentant tomber sur moi une ondée glaciale, je ne distinguai rien hormis le jusant rampant sur la plage — je n'entendis rien si ce n'est le ronronnement des bulles sur le sable tourbillonnant.
Science-fiction « biologique », aventures zoologiqties et paléontologiques, ou quêtes désespérées de faux animaux et de créatures inconnues : voilà ce qui unifie ces nouvelles écrites entre 1896 et 1904 et rassemblées la même année sous forme de roman. Ouvrage méconnu, et longtemps sous-estimé. En quête de l'Inconnu mêle pourtant avec brio ironie, burlesque et romance, révélant ainsi le talent satirique de son auteur, plus connu jusqu'ici pour ses récits fantastiques et de terreur. La colltextualisation indispensable à la lecture des aventures du Pr Farrago et de son secrétaire, Gilland, est donnée par Michel Meurger dans son étude « Le Monde perdu au parc du Bronx. Une version ludique de l'aventure zoologique ».
« Alors tout autour de nous dans les roseaux secs se fit un bruissement comme si des animaux eussent rampé, et une odeur fétide et âcre emplit l'air : je la connaissais, cette odeur. Je vis les animaux aux corps de crabe, aux pattes d'araignées, pulluler autour de nous et traîner leurs corps jaunes, mous et poilus, dans les herbes écartées. Il en passa des centaines, empoisonnant l'air, culbutant, se tortillant, rampant, levant leurs hideuses têtes sans bouche. Les oiseaux, à moitié endormis et surpris par l'obscurité, voletaient devant eux, en proie à une terreur panique. Les lapins surgissaient de leurs terriers ; les belettes se glissaient pareilles à des fantômes en fuite. Tout ce qui restait d'êtres vivants dans la forêt se levait et fuyait devant cette invasion hideuse. J'entendis le cri d'un lièvre terrifié, le reniflement d'un chevreuil en déroute, et le galop pesant d'un ours. Pendant ce temps, j'étouffais, à demi suffoqué par cette odeur empoisonnée ! »
De l'Américain Robert William Chambers (1865-1933), la postérité n'a retenu que l'étonnant recueil Le Roi en jaune (1895), trait d'union entre Edgar Poe et Lovecraft. Dilettante du fantastique et du macabre, Chambers a su parfois renouer avec l'inspiration de ses débuts, comme en témoigne la longue nouvelle que nous proposons dans une traduction révisée. Avec l'érudition qu'on lui connaît bien, Michel Meurger commente la grande richesse symbolique et culturelle du Faiseur de lunes, dans son étude « Le Chaînon manquant entre l'oursin, l'araignée et le diable. L'altérité plurielle chez Robert William Chambers ».
Pourquoi, de loin en loin, les morts reviennent-ils dans le monde des vivants ? A quoi au juste correspond leur retour ? Et pourquoi, lorsqu'ils reviennent, cherchent-ils presque toujours à troubler, à bouleverser l'existence quotidienne ?
Il y a trente-six raisons pour revenir - et autant de manières de se manifester à la vie. Un mort peut resurgir sous l'aspect d'un fantôme ou d'un spectre mais aussi d'une façon plus subtile, par un simple bruit par exemple, ou une odeur, ou un objet qui lui a appartenu autrefois, ou n'importe quel autre maléfice...
Cette anthologie propose quinze retours différents. Les uns sont épouvantables, les autres tragiques, certains feront rire, quelques-uns, peut-être, feront pleurer. Mais tous témoignent de l'incertitude de l'être humain devant les choses de la mort.