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En calculant son décroissement thermométrique, on arrivait à la chiffrer par millions de degrés au-dessous de zéro. C’est Fourier, un compatriote de Michel, un savant illustre de l’Académie des
Sciences, qui a ramené ces nombres à de plus justes estimations. Suivant lui, la température de l’espace ne s’abaisse pas au-dessous de soixante degrés.
Afficher en entierLa journée, ou plutôt – car l’expression n’est pas juste – le laps de douze heures qui forme le jour sur la Terre, se termina par un souper copieux, finement préparé. Aucun incident de nature à altérer la confiance des voyageurs ne s’était encore produit. Aussi, pleins d’espoir, déjà sûrs du succès, ils s’endormirent paisiblement, tandis que le projectile, sous une vitesse uniformément décroissante, franchissait les routes du ciel.
Afficher en entierQuoi qu’il en soit, on ne pouvait encore se prononcer sur la situation du boulet. Son immobilité apparente, le défaut de communication avec l’extérieur, ne permettaient pas de résoudre la question. Peut-être le projectile déroulait-il sa trajectoire à travers l’espace ; peut-être, après un court enlèvement, était-il retombé sur terre, ou même dans le golfe du
Mexique, chute que le peu de largeur de la presqu’île floridienne rendait possible.
Afficher en entierMais ses compagnons ne l’écoutaient plus, et ils prenaient leurs dernières dispositions avec un sang-froid inimaginable. Ils avaient l’air de deux voyageurs méthodiques, montés dans un wagon, et cherchant à se caser aussi confortablement que possible. On se demande vraiment de quelle matière sont faits ces cœurs d’Américains auxquels l’approche du plus effroyable danger n’ajoute pas une pulsation !
Afficher en entier- Ainsi donc, demanda Michel Ardan, l'humanité aurait disparu de la Lune ?
- Oui, répondit Barbicane, après avoir sans doute persisté pendant des milliers d'années.
[...]
- Et tu dis que pareil sort est réservé à la Terre ?
- Très probablement.
- Mais quand ?
- Quand le refroidissement de son écorce l'aura rendue inhabitable.
- Et a-t-on calculé le temps que notre malheureux sphéroïde mettrait à se refroidir ?
- Sans doute.
- Et tu connais ces calculs ?
- Parfaitement.
- Mais parle donc, savant maussade, s'écria Michel Ardan, car tu me fais bouillir d'impatience !
- Eh bien ! mon brave Michel, répondit tranquillement Barbicane, on sait quelle diminution de température la Terre subit dans le laps d'un siècle. Or, d'après certains calculs, cette température moyenne sera ramenée à zéro après une période de quatre cent mille ans !
- Quatre cent mille ans ! s'écria Michel. Ah ! je respire ! Vraiment, j'étais effrayé ! A t'entendre, je m'imaginais que nous n'avions plus que cinquante mille années à vivre !
Afficher en entierOn se demande vraiment de quelle matière sont faits ces cœurs d’Américains auxquels l’approche du plus effroyable danger n’ajoute pas une pulsation !
Afficher en entier« Puisqu’il n’y a rien à faire, dit Nicholl, je fais une proposition.
– Laquelle ? demanda Barbicane.
– Je propose de dormir.
– Par exemple ! s’écria Michel Ardan.
– Voilà quarante heures que nous n’avons fermé les yeux, dit Nicholl. Quelques heures de sommeil nous rendront toutes nos forces.
– Jamais, répliqua Michel.
– Bon, reprit Nicholl, que chacun agisse à sa guise ! Moi je dors ! »
Et s’étendant sur un divan, Nicholl ne tarda pas à ronfler comme un boulet de quarante-huit.
« Ce Nicholl est plein de sens, dit bientôt Barbicane. Je vais l’imiter. »
Quelques instants après, il soutenait de sa basse continue le baryton du capitaine.
« Décidément, dit Michel Ardan, quand il se vit seul, ces gens pratiques ont quelquefois des idées opportunes. »
Et, ses longues jambes allongées, ses grands bras repliés sous sa tête, Michel s’endormit à son tour.
Afficher en entier« Maintenant, dit Nicholl d’un ton bref, maintenant que je ne sais pas si nous reviendrons de la Lune, je veux savoir ce que nous y allons faire.
[...]
- Pourquoi ? s’écria Michel, bondissant à la hauteur d’un mètre, pourquoi ? Pour prendre possession de la Lune au nom des États-Unis ! Pour ajouter un quarantième État à l’Union !
Pour coloniser les régions lunaires, pour les cultiver, pour les peupler, pour y transporter tous les prodiges de l’art, de la science et de l’industrie ! Pour civiliser les Sélénites, à moins qu’ils ne soient plus civilisés que nous, et les constituer en république, s’ils n’y sont déjà ! »
Afficher en entierC’était l’aimable Diane, assez penaude encore, qui s’allongea hors de sa retraite, non sans se faire prier. Cependant Michel Ardan l’encourageait de ses plus gracieuses paroles.
« Viens, Diane, disait-il, viens, ma fille ! toi, dont la destinée marquera dans les annales cynégétiques ! toi que les païens eussent donnée pour compagne au dieu Anubis, et les chrétiens pour amie à saint Roch ! toi, digne d’être forgée en airain par le roi des enfers, comme ce toutou que Jupiter céda à la belle Europe au prix d’un baiser ! toi, dont la célébrité effacera celle des héros de Montargis et du mont Saint-Bernard ! toi, qui, t’élançant vers les espaces interplanétaires, seras peut-être l’Ève des chiens sélénites ! toi qui justifieras là-haut cette parole de Toussenel : « Au commencement, Dieu créa l’homme, et le voyant si faible, il lui donna le chien ! » Viens, Diane ! viens ici ! »
Diane, flattée ou non, s’avançait peu à peu et poussait des gémissements plaintifs.
Afficher en entier« Hé ! Diane ! Hé ! Satellite ! s’écriait-il en les excitant. Vous allez donc montrer aux chiens sélénites les bonnes façons des chiens de la terre ! Voilà qui fera honneur à la race canine !
Pardieu ! Si nous revenons jamais ici-bas, je veux rapporter un type croisé de « moon-dogs » qui fera fureur !
– S’il y a des chiens dans la Lune, dit Barbicane.
– Il y en a, affirma Michel Ardan, comme il y a des chevaux, des vaches, des ânes, des poules. Je parie que nous y trouvons des poules !
– Cent dollars que nous n’en trouverons pas, dit Nicholl.
– Tenu, mon capitaine, répondit Ardan en serrant la main de Nicholl.
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