Antoine Blondin

Une vive compréhension se peignait sur les traits des élèves au déroulements de ces péripéties.Pour les remercier,je leur racontai que la Terreur n'avait pas épargné la bourgeoisie,

Albert Quentin ne descendra plus le Yang-Tsé-Kiang une nuit sur deux.

Il a commencé à sucer des bonbons, quelques temps après qu'il eut décidé de cesser de boire, et a dû, les premiers temps se cramponner à son bureau de la réception, surtout quand l'heure de l'apéritif ramenait les hommes au Stella, l'hôtel-restaurant qu'il tient avec Suzanne, sa femme.

A la suite d'un bombardement meurtrier, en 1944, sur la petite ville normande de Tigreville, il a joué sa destinée dans un serment d'ivrogne : "Si je rentre dans mon hôtel, si Suzanne à la tombée du jour rallume l'enseigne..."

Lorsque dix ans plus tard, sa soif calmée, le café a périclité, les affaires de l'hôtel marchent plutôt bien.

Gabriel Fouquet vient de Paris et s'installe à l'hôtel.

Il est venu voir sa fille, en pension à Tigreville, qu'il veut ramener à Paris et, chaque soir, boit plus que mesure, noyant sa détresse d'avoir manqué son mariage et sa vie de père, d'avoir gâché irrémédiablement son destin.

Le couple d'hôteliers le prend en amitié et s'inquiète pour lui, jusqu'à ce moment où Albert, oubliant son fameux serment, prenne avec lui une cuite fameuse dont Tigreville se souviendra toujours...

Ce roman est une fiction puissante et délicate à la fois, truculente et fine. Le talent d'Antoine Blondin fait de ce récit une histoire sensible et humaine où se rencontrent deux colosses pleins de trop de vie et qui pourtant, fragiles, sont égarés dans la vie, comme ces singes qui en Orient, désemparés par les grands froids, descendent jusqu'à la ville....

Qui ne connaît pas aujourd’hui « un singe en hiver » ? le fameux film d’Henri Verneuil avec Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo. Au terme de cette lecture, je mesure à quel point ce film a « écrasé », le mot n’est pas assez fort, le livre éponyme ô combien plus savoureux d’Antoine Blondin. Oui, un livre pétillant, rempli d’humour, de burlesque, de gouaillerie, de goguenardise mais aussi de mélancolie, de tendresse, d'amour. La truculence d’Antoine Blondin y dépasse la verve de Michel Audiard à qui l’on a prêté les dialogues du film et dont les tirades ne sont finalement qu’un pale reflet de la puissance du verbe d’Antoine Blondin.

On peut voir dans ce livre une apologie de l’alcoolisme, maladie dont souffrait, il ne s’en cachait pas et tout le monde le savait, Antoine Blondin. Personnellement, j’y verrai plus sûrement une éloge de l’ivresse : état de désinhibition, de « désillusion protégée » dit Blondin, dans lequel tel un « funambule sur un fil qu’il a déjà quitté » le buveur profite d’une embellie propice au bien-être.

« Il ne faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages »… J’ai découvert que cette phrase n’était pas de Michel Audiard mais d’Antoine Blondin…

Certains reprocheront à cet ouvrage le caractère minimaliste de son scénario : un professeur d’histoire peu passionné par son métier et par son couple retrouve une ancienne maîtresse allemande connu pendant son STO. Pour ma part, j’ai trouvé désopilante mais ô combien cultivée la réécriture, pour ne pas céder à l’ennui et à la routine, de l’histoire de France par ce professeur. Tout comme j’ai trouvé hilarante la non-signature du traité de Westphalie et ses conséquences sur l'histoire et sur l'Europe.

Le style d’Antoine Blondin mi populaire mi érudit mais humble grâce à son humour frôlant l’autodérision m’a enchanté.

Avoir entre les mains la superbe édition illustrée avec des images du film éponyme d'Henri Verneuil (1962) était assurément un plus. Je recommande l'édition collector paru aux éditions La Table Ronde, à l'occasion du centenaire de la naissance d'Antoine Blondin (1922-1991), elle est superbe.

Une dizaine d'année après la seconde guerre mondiale, dans le petit village de Tigreville en Normandie, Albert Quentin tient avec sa femme Suzanne un petit hôtel propret, il est encore très marqué par ses années comme fusilier marin en Extrême Orient. Quentin a renoncé à la boisson le jour du débarquement où sa femme et lui on eut la vit sauve malgré les bombes. Ils voient arriver un beau jour Gabriel Fouquet qui prend pension dans le but inavoué de renouer avec sa fille Marie. Rapidement il reconnaît chez Fouquet le démon de l'alcool que lui même tente toujours d'éloigner à coups de bonbons.

Un récit touchant car l'on s'attache aux personnages, à leur histoire, aux états d'âmes qui sont en fait le miroir de tout à chacun. Deux générations s'entrechoquent entre la flamboyance de Quentin, râleur et provocateur et celle de Fouquet qui apparaît comme désenchanté et malheureux. Puis à l'occasion d'une cuite mémorable, le récit s'enhardit avec l'ivresse des deux hommes pour les faire voyager l'un en Chine l'autre en Espagne.

Un livre qui nous parle d'une autre époque, qui forcément date un peu mais en ce qui me concerne , cela lui donne tout son charme. Une plume qui révèle les blessures des uns et des autres avec une sensibilité et une clairvoyance douloureuse. En fait je n'ai pas retrouver la même ambiance dans le livre que celle du film qui est plus festive avec son feu d'artifice final. Pour autant je suis ravie d'avoir pu découvrir cet auteur qui sait être drôle autant que profond. Bonne lecture.

http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2022/07/09/39505315.html

"Un singe en hiver a pour cadre un hôtel de la côte normande tenu par Albert Quentin, ancien fusilier marin en Extrême-Orient, et sa femme Suzanne. Le jeune publicitaire Gabriel Fouquet y débarque pour rendre visite à sa fille Marie, pensionnaire dans le village, mais aussi pour oublier l’échec de sa vie sentimentale avec Claire, partie vivre à Madrid. Gabriel et Albert n’ont pas « le vin petit ni la cuite mesquine » : grâce à l’ivresse, ils vont s’offrir, l’un en Espagne et l’autre en Chine, deux glorieuses journées d’évasion."

Lu suite à la recommandation d'un ami, ce livre ne m'intéressais pas tellement. Finalement, il se révèle être une exploration captivante des différentes saisons de l'année, allant bien au-delà de simples descriptions météorologiques. À travers sa plume élégante et sa sensibilité particulière, Blondin nous transporte dans un voyage poétique à travers le temps et l'espace, capturant l'essence même de chaque saison et révélant les nuances subtiles qui les caractérisent.

Ce recueil offre bien plus qu'une simple méditation sur les changements climatiques ; il explore également les réflexions intimes de l'auteur sur la nature humaine, la nostalgie, et les cycles de la vie. À travers des paysages riches en détails et des personnages évocateurs, Blondin tisse des histoires qui résonnent avec une profondeur émotionnelle, invitant le lecteur à contempler sa propre relation avec le monde qui l'entoure.

En utilisant une prose poétique et évocatrice, Blondin parvient à capturer l'éphémère et la beauté fugace de chaque saison, nous rappelant la fragilité de notre existence et la nécessité de savourer chaque instant.