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Il s’enfonça dans le mur, voulant s’y fondre pour échapper à l’homme aux muscles durs et à la tête rasée dont les mains serraient ses bras, des mains qui l’empêchaient de s’enfuir. Mais il n’y avait aucun endroit où fuir. Il ne pouvait pas s’échapper. Il était pris au piège dans Dieu sait quel enfer et dans lequel il était entré volontairement. Stevie ouvrit la bouche pour crier, mais rien d’autre qu’un gémissement brisé ne parvint à passer sa gorge.
— Andy, enlève tes mains, tu lui fais peur, lança Pete en tirant Andy en arrière avant de le pousser sur le côté. Stevie, il n’y a pas de trucs bizarres ici. Tu es libre de partir, personne ne t’oblige à rester. Regarde, tes affaires sont ici. Je ne sais pas pourquoi tu veux les remettre, d’ailleurs. J’allais les mettre à laver et te le rendre demain, mais si tu veux les reprendre et y aller, tu peux le faire. C’est ton choix.
Pete posa la pile de vêtements sales et le sac à dos devant Stevie et recula.
— Je… je ne comprends pas, lâcha Stevie.
Il regarda le couple dépareillé qui se tenait à quelques mètres de lui. Ni l’un ni l’autre ne tenta de s’approcher de lui. Le front d’Andy était plissé par la confusion. Pete le regarda avec ses yeux marron et calmes, comme si gérer un garçon de la rue en proie à une crise quotidienne était son quotidien. Les battements du cœur de Stevie ralentirent et sa respiration superficielle et irrégulière se stabilisa. Il pouvait y aller, aucun de ces hommes n’essaierait de l’arrêter. Il pouvait attraper ses affaires et s’enfuir. Dans le froid et la pluie. Retourner dans les rues, retourner au squat. Il attrapa ses biens pathétiques, ce petit tas étant la seule chose qu’il possédait au monde. Son bras tremblant hésita avant de tomber à ses côtés.
— Je ne sais pas quoi faire.
Les jambes de Stevie se contractèrent et il glissa le long du mur. Il serra ses genoux contre sa poitrine et regarda les deux hommes qui ne tentèrent pas de l’approcher. Pete s’accroupit, se plaçant au même niveau que Stevie. Le cœur de Stevie ralentit un peu plus.
— Eh bien, tu peux rester ici cette nuit et prendre une décision demain. Tu ne coures aucun risque, rien de grave ne va t’arriver – à part peut-être un mal de dos après une nuit sur un vieux canapé usé. Demain matin, quand tu auras bien dormi, tu prendras une décision.
— Tu as dit que Bernie me ferait payer, dit Stevie.
— Si tu abuses de la confiance qu’il t’a accordée, oui. Si tu te fais prendre la main dans la caisse, si tu es impoli avec les clients, si tu t’embrouilles avec tes collègues de travail. Il te fera payer en te faisant faire tes valises. Il te virera dans la minute et te dira de dégager. Bernie est juge et partie ici. C’est tout ce que je voulais dire. Honnêtement.
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