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À ce train-là, d’une seconde à l’autre, le docteur allait regretter de l’avoir embauché. Respire, se dit Arthur. Il devait respirer, et pour cela, il avait besoin d’air frais, sans dragon sexy ni odeur sexy.

— Il… je dois y aller. J’ai du travail.

Il avait toujours du travail, ce n’était donc pas entièrement un mensonge.

Le docteur Jones se recula dans une moue boudeuse. Une moue boudeuse.

— Quoi que vous puissiez faire d’autre, je crains que vous ne soyez pas en mesure de le poursuivre longtemps puisque vous êtes mien.

Arthur reporta aussitôt son regard sur lui. Le dragon lécha le coin de sa bouche, sans parvenir à dissimuler son sourire.

— Je veux dire, si vous travaillez pour moi.

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- Mes parents me détestaient, voyez-vous. Je ne sais pas si vous en êtes conscient, mais la plupart des Dragons donnent à leurs descendants des noms qui reflètent la fierté et le pouvoir de leur famille. Hélas, mes parents ont décidé d'honorer une vieille branche de la famille et me voici, Philibert.

Arthur inspira la fumée piquante et étrangement rafraîchissante à cet instant précis. Il toussa, puis essaya de le dissimuler. Ses yeux étaient écarquillés et luisants de larmes. Le nom de cette créature, c'était Philibert ?

— C'est ridicule.

Ça sortit tout seul. Pire, lorsque Arthur essaya de penser à quelque chose pour rattraper cet horrible faux pas, il en rajouta une couche.

— Est-ce que les gens vous appellent Phil ?

Il ne put s'en empêcher. Cet homme, ce dragon, s'appelait Phil. Phil le dragon. Même la mâchoire pleine de crocs, Phil le dragon était tout sauf effrayant

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— Chéri, vous n’êtes qu’un simple humain, le tança-t-il, beaucoup trop amusé, avant de s’en retourner à ses légumes. Maintenant mangez votre pomme pour être en pleine possession de vos moyens pour affronter les livres et les moutons de poussière.

C’était une jolie façon de lui donner un ordre, mais Arthur ne bougea pas pour autant jusqu’à ce que Bertie n’ait plus que le vin à ranger. Alors seulement il obtempéra.

— Bien, mon seigneur, répondit-il, neutre, pour répondre au ton taquin du dragon.

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Arthur rangea le lait, puis déposa le paquet d’œufs bruns à côté du beurre. Il ne répondit pas.

— Vous n’avez pas besoin de faire cela, Arthur, dit Bertie derrière lui.

Arthur décida de penser qu’il parlait des courses et non de la personne qui les avait livrées et de la manière dont il l’avait chassée. Il haussa les épaules. Il attrapa une miche de pain qui sentait la levure, enroulée dans du papier. Il bougea le beurre, trouva le compartiment à viande et y rangea chaque livre de viande fraîche. Il nota la viande dans un coin de son esprit : il n’était pas d’humeur à réfléchir au régime alimentaire d’un dragon pour le moment.

— Allez-vous également réorganiser mes placards ?

Bertie lui prit le pain des mains et le glissa dans la huche. Arthur détacha son regard du panier de champignons. Bertie leva les deux mains.

— Enfin, peut-être en ont-ils besoin.

— Je ne compte pas le faire.

Arthur se mordit la lèvre et baissa d’un ton.

— Je ne suis pas maniaque, c’est juste que je préfère…

— Que les choses soient là où vous en avez besoin, compléta Bertie en émettant un doux tut.

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