Extraits

Sms échangés entre Nate et Jessie:

« Moi : Tu es d’accord pour apparaître sur deux photos de mon projet ?

Lui : Tu vas te servir de celles que tu as prises de moi ?

Moi : Oui, parce qu’elles sont mortelles et ça paraîtra bizarre si je te découpe.

Lui : Oui, je vois où est le problème… Mon truc est effectivement très large. Il doit remplir tout le cadre.

Moi : Ah, c’était ça, ce grain de poussière ? Tout s’explique.

Lui : Un grain de poussière ? Tu veux dire une tempête de sable, bébé.

Moi : *yeux au ciel* Calme tes ardeurs, Monsieur Propre. »

P. 71-72

- Toi, qu'est-ce qui te rend nostalgique ?

L'expression douce-amère dans son regard s'intensifia et je supposai qu’elle pensait à son père. Elle tortilla sa lèvre inférieure entre ses doigts et me jeta un coup d’œil presque hésitant.

- Il y a eu un jour où j'étais seule avec mon père. Il m'avait emmenée au prendre des photos.

- Où était ta mère ?

- Au travail. Mes parents avaient des boulots et des horaires bizarres. Mon père travaillait en free-lance et partait souvent pour des projets photos ; à son retour, il avait toujours pleins d'anecdotes à raconter.

- C'est super.

Elle hocha ma tête.

- Mais on partageait simplement une après-midi tranquille et l'eau était toute grise. Il n'y avait pas un souffle de vent à la surface du lac, c'était paisible.

- Alors tu as bel et bien un souvenir d'eau, Blue. On ne parle pas d'une piscine municipale avec du chlore.

- C'est vrai. On faisait la route jusqu'à Coe Lake. (Ce souvenir amena un sourire à ses lèvres.) Ce jour là, mon père m'a raconté certaines choses sur la vie. C'était un homme brillant et plein de poésie

Mon intérêt était piqué au vif. Je tentai de me représenter ce grand homme, qui marchait probablement le long de la rive en tenant sa petite fille par la main.

- Comme quoi par exemple ?

- Il pouvait dire toutes sortes de choses, vraiment. Mes parents croyaient aux forces de l'esprit, ils étaient connectés avec la nature et la beauté intérieure. Mais ce jour-là m'a particulièrement marqué. Parce qu'il m'a dit : "il est important de passer du temps seul pour apprendre à se connaître entièrement."

Je fronçai les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il voulait dire ?

- Je me souviens d'avoir posé la même question, admit-elle en me souriant? Il m'a répondu : "Jessie, promets-le-moi : explore les différentes facettes de toi-même. Nous avons tous les ténèbres et la lumière en nous. Tu ne sauras pas exactement de quoi tu es faite jusqu'à ce que tu acceptes l'ensemble, que tu le ressentes, que tu le vives. Alors seulement tu seras capable d'affronter tout ce que la vie a à offrir."

" - A mon tour. (Un sourire se dessina sur mes lèvres, parce que j'adorais taquiner Nate, surtout quand il avait l'air tout content de lui. J'allais lui faire siffler son verre en un clin d’œil ) Je n'ai jamais... fait des folies de mon corps avec quelqu'un dans les toilettes de chez Zach.

Nate plissa les yeux.

- Sympa, dit-il avant d'avaler une nouvelle gorgée.

Puis il se pencha en avant et murmura :

- Tu essaie seulement de me saouler pour que je te donne un aperçu du monstre que j'ai entre les jambes.

Je ricanai.

- Dans tes rêves."

"Je bus une longue gorgée de ma bière et j’observai Nate à la dérobée de l’autre côté de la table tandis qu’il discutait avec Bennett. Pour moi, il n’avait toujours été qu’un joli garçon à qui son riche papa avait payé ses études.

Sauf que, quand je l’avais vu avec cette fille contre le lavabo, quelque chose avait fait tilt dans mon cerveau. Bien sûr, je savais pertinemment qu’il couchait avec de nombreuses filles et s’amusait de ne jamais rester avec elles assez longtemps pour connaître la couleur de leurs yeux.

Mais sa manière de plaquer ses mains sur les hanches et sa bouche chaude et humide contre la gorge de sa conquête… Bon sang, ce spectacle m’avait poussée à le voir sous un nouveau jour. J’aimais les types un peu plus bruts de décoffrage, et il n’avait jamais correspondu à ce profil jusqu’à ce que je le voie dans cette posture, tout en puissance et en rudesse."

"Avec une fille comme elle, je risquerais probablement de me perdre, de tout laisser sortir, et c’était bien le problème. Dès que quelqu’un comme elle me verrait pour ce que je suis réellement, elle me jetterait illico dans le caniveau, dégoûtée, et répandrait peut-être même tous mes secrets à la ronde. Jessie était une dure à cuire, qui ne se laissait pas marcher sur les pieds et qui n’accepterait jamais de s’envoyer en l’air dans des toilettes sales.

Il valait bien mieux la garder dans la sphère amicale. En plus, je n’étais vraiment pas son genre, non plus. Elle aimait les types tatoués, percés et débraillés."

"C'était injuste. C'était le problème avec la vie : elle n'avait pas le moindre sens."