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Il croisa enfin mon regard, avec un petit sourire défiant.

- Tu peux me dire que je ne suis qu'un idiot sentimental, si c'est ce que tu penses. Mais c'est mon histoire, et je ne la renie pas.

- Non, répondis-je. Je crois juste que tu es trop dur avec toi-même, et que Jeb ne devrait pas compter uniquement sur toi pour satisfaire et protéger tout le monde. Je ne pense pas que tu sois un idiot.

Il me fit cette fois un vrai sourire, même si sa voix restait encore un peu tendue.

- Alors je suis quoi, d'après toi?

Naïf, Zeke... Naïf, courageux, dévoué, incroyable - et beaucoup trop gentil pour survivre dans ce monde. Il finira par te broyer. Les bonnes choses ne durent pas.

Naturellement, je ne lui dis rien de tout cela. Je marmonnai simplement:

- Ce que je pense n'a pas d'importance.

Sa voix se réduisit à un murmure.

- Ca en a pour moi, Allie...

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- [...] Tu dormais si profondément que je n'ai pas pu te réveiller. Un vrai sommeil de mort !

-Je devais être épuisée.

-Dormir, c'est une chose. Mais toi, ma fille, tu étais comme une marmotte en hibernation.

[...]

-Bravo, le grand chasseur ! [...] On se débine devant une vielle dame !

-Une terrible vielle dame. Tu n'as pas entendu ce qu'elle m'a dit quand je me suis levé : "Tu es tellement mignon que je pourrais te mettre dans une de mes tartes.'

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« - Tu es un monstre. Tu en seras toujours un, tu ne peux pas faire marche arrière. Mais la sorte de monstre que tu deviens ne dépend que de toi.»

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-Ne t'occupe pas des enragés, murmurai-je en posant la main sur la poignée de la portière. Contente-toi de veiller sur les autres. Emmène-les en sécurité le plus vite possible, et ne regarde pas en arrière.

-Allison...

Je mis ma main sur la sienne, et la sentis trembler sous mes doigts.

-Fais-moi confiance, Zeke.

Nos regards se croisèrent. Et soudain, sans se soucier des autres et des exclamations qui s'élevaient de la banquette arrière, il se pencha pour m'embrasser. C'était un baiser désespéré, plein de chagrin et de frustration, comme s'il me disait au revoir.

-Sois prudente, murmura-t-il en s'écartant.

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Même quand je marche dans la sombre vallée de la mort je ne redoute aucun mal, car tu es avec moi.

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Elle fit une moue de dégoût et de haine.

- Tout ce que tu veux, c'est attirer l'attention - la nôtre, et celle de Zeke. Je déchiffre parfaitement tes actes, tu sais...

Cette fois, je lui ris carrément au nez.

- Est-ce que Zeke se rend compte à quel point tu peux être une sacrée garce?

Ses joues devienrent écarlates.

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Zeke rougit et se passa une main nerveuse dans les cheveux ; je pris alors conscience que je le regardais fixement.

- Je dois y aller, murmura-t-il en se tournant pour sortir de la tente. Les autres... il faut que j'aille les aider.

Il s'accroupit dans l'ouverture.

- Dis-moi si tu as besoin de quoi que ce soit. Le dîner devrait bientôt être prêt. Ah, oui : tiens, c'est pour toi...

Il attrapa quelque chose et le lança dans la tente. C'était une épaisse couette bleu et blanc, avec juste un tout petit trou dans un coin.

Je le regardais, ébahie. Une couverture comme celle-ci pouvait être échangée contre un mois de tickets-repas dans la Bordure... et il me la donnait? Ce n'était pas possible.

- Je... je ne peux pas la prendre, marmonnai-je en la lui redonnant. Je n'ai rien à te proposer en échange.

- Arrête tes bêtises!

Il sourit, quelque peu décontenancé par ma réaction.

- Tu n'as rien à me donner. Elle est à toi, c'est tout...

Quelqu'un l'appela depuis le campement. Il tourna la tête.

- J'arrive! lança-t-il en retour, avant de me faire un petit signe de tête. Il faut que j'y aille. A tout à l'heure.

- Zeke...

Il s'arrêta.

- Merci!

Un coin de sa bouche se releva en un demi-sourire.

- Pas de quoi. On est tous solidaires, ici.

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« Et parfois, l'espoir est la seule chose qui nous permet de tenir toute la journée. »

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chapitre 1

Les non-enregistrés, on les pendait dans l’ancienne zone des entrepôts. Des exécutions publiques, auxquelles tout le monde pouvait assister.

Ils étaient trois, cette fois : deux garçons et une fille.

Noyée parmi la foule, je ne parvenais pas à détourner d’eux mon regard, malgré l’horreur que m’inspiraient les potences. Le plus vieux devait avoir dans les dixsept ans, mon âge… Il était maigre, avec de grands yeux effrayés et de longs cheveux bruns et gras qui lui retombaient sur les épaules. Les deux autres étaient encore plus jeunes, peut‑être quatorze et quinze ans.

Des cheveux d’un blond filasse identique ; sans doute un frère et une soeur. Je ne les connaissais pas ; ils n’étaient pas de mon groupe. Mais on voyait à leur apparence qu’ils étaient des non-enregistrés eux aussi :

faméliques, en haillons, avec le regard fou d’un animal traqué. C’était fini pour eux. Le piège s’était refermé.

Les chasseurs les avaient attrapés, et ils ne pouvaient plus s’échapper. Leur peur, je la connaissais par coeur.

Les yeux fixés sur eux, je sentis un grand froid me saisir, contaminée que j’étais par leur désespoir.

Au bord de la plate-forme, un larbin se pavanait comme s’il les avait personnellement capturés. Il faisait les cent pas tout en les désignant du doigt, égrenantla liste de leurs crimes, ses yeux pâles scintillant de triomphe.

— Agression d’un citoyen de la Cité Intérieure, vol, violation de propriété et résistance aux forces de l’ordre. Ces criminels ont tenté de dérober des aliments de première catégorie dans les entrepôts privés de la

Cité. C’est un crime envers vous, et, pire encore, un crime envers nos Maîtres bienveillants !

Rengaine archi-connue… Tout ce charabia ne parvenait cependant pas à masquer le fait que ces

« criminels » avaient simplement fait ce que tous les non-enregistrés étaient obligés de faire pour survivre.

Mais au moins, nous autres humains non-enregistrés n’étions pas marqués dans notre chair du signe de nos

Maîtres vampires, du sceau qui indiquait qui vous

étiez, où vous viviez et à qui vous apparteniez. Mesure qui visait, officiellement, à assurer notre sécurité et

à répertorier le nombre exact d’individus évoluant dans la Cité, pour une meilleure gestion des stocks alimentaires. C’était « pour notre bien ». Bien sûr ! Ils pouvaient appeler ça comme ils voulaient, ce n’était rien de plus qu’une manière de réduire en esclavage leur bétail humain. Guère mieux qu’un collier de fer autour du cou.

C’était un combat permanent pour survivre, lorsque vous étiez un non-enregistré, mais l’avantage, c’est que vous n’existiez pas. Absent des registres, vous étiez un fantôme. Et fantôme, vous échappiez aux saignées mensuelles, ces cérémonies barbares au cours desquelles des larbins humains en tenues blanches immaculées vous collaient un tube dans les veines et siphonnaient votre sang, à destination des Maîtres. Quiconque manquait une ou deux saignées ne tardait pas à recevoirla visite des gardes ; il se voyait alors contraint de donner le sang en retard, jusqu’à se retrouver comme une outre vide sur le pavé. D’une manière ou d’une autre, les vampires finissaient toujours par obtenir leur ration de sang.

Les non-enregistrés, eux, passaient entre les mailles du filet. Pas de marque, pas de trace dans le système ;

pas de trace dans le système, pas de laisse pour tirer sur eux. On aurait pu penser que ce statut ferait de nombreux émules. Malheureusement, cette liberté avait un prix. Et pas des moindres… Les humains enregistrés bénéficiaient pour manger de tickets-repas. Nous autres, non. Et comme les vampires contrôlaient toute la nourriture disponible au sein de la Cité, s’alimenter

était un problème crucial.

Nous faisions donc ce que ceux qui ont faim font depuis la nuit des temps : nous mendiions, nous volions surtout. Nous récoltions la moindre miette de nourriture pour rester en vie. Dans la Bordure, le cercle périphérique de la ville des vampires, la nourriture

était rare, même pour les enregistrés. Les camions d’approvisionnement ne venaient que deux fois par mois, lourdement gardés. Quand ils s’en approchaient trop près, même les citoyens enregistrés se faisaient molester. Alors inutile de dire que, sans la marque du

Prince gravée sur votre peau, vous ne pouviez vous attendre à la moindre miséricorde le jour où vous vous faisiez prendre en train de voler de la nourriture.

Une leçon que j’avais vite comprise et vite retenue.

Hélas, pas ces trois-là !

— Deux cents grammes de soja, deux pommes de terre, une demi-livre de pain…, énumérait le larbin,pendant que la foule fixait les potences avec une fascination morbide.

Je m’éloignai de la plate-forme, le coeur empli de rage et de dégoût. Les êtres de son acabit étaient pires encore que les suceurs de sang ! Traîtres à leur espèce, ils avaient choisi de servir les vampires, et vendaient leurs frères humains pour la sécurité et le confort que cela leur assurait. Tout le monde les détestait. Et en même temps, tout le monde les jalousait.

— Les règles concernant les citoyens non enregistrés sont claires…

Le larbin bomba le torse et détacha ses mots pour mieux soigner leur effet :

— En vertu de l’article vingt‑deux, alinéa quarante-six de la loi de New Covington, tout humain dépourvu de la marque de protection du Prince et surpris en train de voler dans l’enceinte de la Cité sera pendu par le cou jusqu’à ce que mort s’ensuive. Les accusés souhaitent‑ils dire un dernier mot ?

J’entendis des voix étouffées, et le plus âgé des voleurs insulta le larbin en lui criant d’aller s’adonner à une certaine pratique. Dernier baroud d’honneur qui le soulageait peut‑être mais n’allait pas le tirer d’affaire.

C’était cuit pour lui. Je comprenais son besoin de faire de la résistance jusqu’au dernier instant, mais il aurait

été préférable pour lui de ne pas se faire attraper.

Toujours se ménager une porte de sortie ; tel était le premier commandement des non-enregistrés. Fais ce que tu veux — déteste les vampires, méprise les larbins — mais ne te fais jamais attraper. J’accélérai le pas pour m’extraire complètement de la foule.

Le bruit sec de trappes qui s’ouvraient vint soudain blesser mes tympans, écrasant la rumeur de l’assistance.Puis ce fut le silence, inquiétant comme un animal tapi guettant sa future proie. Je résistai à la tentation de me retourner, de regarder par-dessus mon épaule.

Ignorant le noeud qui me serrait l’estomac, je bifurquai dès que je le pus pour mettre un mur entre les potences et moi, et ne plus être tentée de regarder en arrière.

La vie est somme toute plutôt simple dans la

Bordure, à l’instar des gens qui y vivent et que l’on assimile souvent à des rats. Ils n’ont pas à travailler, malgré la présence çà et là de quelques « comptoirs commerciaux », des endroits où les gens collectent des objets trouvés pour en faire du troc. Ils n’ont pas à lire non plus, et pour cause : il est absolument interdit de posséder des livres. Aucune tâche ne les requiert donc, mis à part le fait de trouver à se nourrir, de se vêtir, et de rafistoler le trou, la boîte ou le taudis qui leur sert d’abri pour se protéger des intempéries.

L’objectif secret de presque tous les Borduriens est d’intégrer un jour la Cité Intérieure, de franchir les murs qui séparent le monde civilisé des déchets humains, et de rejoindre la ville étincelante dont les hautes tours ont échappé à l’anéantissement. Tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a rejoint la Cité — un esprit brillant ou une grande beauté, quelqu’un de trop unique pour rester parmi nous, la lie, le rebut. Le bruit court que les vampires

« élèvent » des humains en cachette, façonnent des enfants pour en faire de parfaits esclaves, entièrement dévoués à leurs maîtres. Cependant, étant donné que personne de ceux qui sont entrés dans la Cité n’en est jamais ressorti — excepté les larbins et leurs gardiens,mais eux ne parlent pas —, nul ne sait réellement ce qu’il s’y passe.

De quoi attiser bien des rumeurs…

— Tu as entendu ? me demanda Stick comme je le rejoignais aux grillages qui marquaient la limite de notre territoire.

De l’autre côté de la clôture, ce que ma bande et moi appelions notre maison : un vieux bâtiment massif construit sur un terrain herbeux jonché d’éclats de verre brisé. Lucas, le chef de notre bande, disait que c’était autrefois une « école », c’est‑à-dire un lieu où

des gamins comme nous se rassemblaient chaque jour en grand nombre pour apprendre des choses.

Mais c’était avant. Avant que les vampires n’aient tout dévasté. Avant que nous n’existions.

L’endroit, avec ses trois niveaux, constituait encore un refuge pour la bande de crève-la-faim que nous formions. Un bien piètre refuge, mais nous n’avions que celui-là. Les murs de brique commençaient à

s’écrouler, le toit s’était partiellement effondré, les couloirs étaient pleins de moisissures et de gravats.

Des corridors carbonisés, des pièces vides et sombres, froides et humides la plupart du temps, et chaque année voyait l’ensemble se détériorer davantage.

Malgré tout, c’était notre chez-nous, notre seul havre de sécurité, et nous protégions cet endroit avec une détermination farouche.

— Entendu quoi ? demandai-je alors que nous passions par le trou du portail rouillé et marchions entre les hautes herbes.

— Gracie a été emmenée la nuit dernière. Il paraît qu’un vampire cherchait à agrandir son harem et qu’il l’a prise.— Quoi ? Qui t’a dit ça ?

— Kyle et Travis.

— Et tu les crois ? Ils se payent ta tête, Stick. Ils veulent juste te faire peur.

Kyle et Travis appartenaient à une bande rivale de non-enregistrés. Habituellement, nous évitions de nous chercher des noises ; mais cette histoire m’avait tout l’air d’une pure invention destinée à nous faire fuir.

Stick me suivit sur le terrain, telle une ombre aux yeux clairs effarouchés. Son vrai nom était Stephen, mais plus personne ne l’appelait ainsi. Il était bien plus grand que moi — ce qui n’était pas bien difficile étant donné ma petite taille —, bâti comme un épouvantail, les cheveux décolorés et les yeux timides. Il parvenait

à survivre dans la rue, mais tout juste.

— Ils ne sont pas les seuls à en parler, insista-t‑il.

Cooper dit qu’il a entendu Gracie crier à quelques encablures d’ici. Alors, qu’est‑ce que tu en dis ?

— Si c’est vrai, j’en dis qu’elle a été vraiment stupide de se balader autour de la Cité pendant la nuit, et qu’elle s’est probablement fait dévorer !

— Allie ! s’indigna Stick.

— Quoi ?

Nous nous penchâmes pour pénétrer dans le bâtiment par un trou dans la porte. Quelques casiers rouillés étaient disposés le long d’un mur, certains encore fonctionnels, la plupart cabossés et cassés. Je me dirigeai vers un de ceux qui étaient en état et l’ouvris dans un grincement.

— Les vampires ne restent pas tout le temps dans leurs précieuses tours. Ils sortent parfois chasser de la chair fraîche. Tout le monde sait ça, Allie…

Je saisis la brosse que j’y gardais, au dos de laquelleétait collé un bout de miroir — le seul que nous avions.

J’y contemplai mon reflet : celui d’une fille au visage sale, aux cheveux raides et noirs, aux « yeux de fouine », comme disait Rat. Au moins n’avais-je pas les dents d’un rongeur.

Je passai la brosse dans mes cheveux avec des grimaces. Stick me fixait, l’air horrifié et désapprobateur.

— Pas la peine de me regarder comme ça, Stephen !

Reconnais que si tu traînes dehors après le coucher du soleil et que tu te fais harponner par un suceur de sang, c’est entièrement de ta faute, non ?

Je rangeai la brosse et refermai bruyamment le casier.

— Gracie se croyait à l’abri parce qu’elle est enregistrée et que son frère garde le Mur. Eh bien, c’est la preuve qu’elle se trompait lourdement ! C’est toujours quand on se croit en sécurité qu’ils vous tombent dessus.

— Marc est assez chamboulé, commenta Stick d’un ton presque affligé. Gracie était sa seule famille depuis la mort de leurs parents.

— Ce n’est pas notre problème !

J’avais un peu honte de dire ça, mais c’était la vérité.

Dans la Bordure, on se préoccupait de soi et de sa famille proche, point final. Personnellement, je ne me souciais que de moi, de Stick et du reste de notre petite bande. Ma famille, c’était eux. Je ne pouvais pas me préoccuper des difficultés de tous les habitants de la Bordure. J’en avais déjà suffisamment toute seule, merci bien !

— Peut‑être…, commença Stick d’un ton hésitant.

Peut‑être qu’elle est plus heureuse maintenant.

Peut‑être que c’est une bonne chose d’être emmené

dans la Cité. Les vampires prendront plus soin d’elle, tu ne crois pas ?Je le fixai, abasourdie.

Stick, ce sont des vampires ! Des monstres ! Nous sommes des esclaves pour eux, et de la nourriture. Que peut‑on espérer de sangsues, à part qu’elles nous sucent le sang ?

Je fis semblant de ne pas avoir entendu et ne relevai pas. Lui dire ce que je pensais vraiment n’aurait fait que l’éprouver davantage.

Nous nous engageâmes dans le bâtiment en évitant les gravats et le verre brisé.

— Où sont les autres ? demandai-je.

Stick ne répondit pas. Morose, il avançait en traînant les pieds, et shootait dans des morceaux de pierre ou de plâtre presque à chaque pas. J’avais envie de lui donner des claques. Marc était un type bien, d’accord…

Il avait beau être enregistré, il ne nous traitait pas comme de la vermine, et nous adressait même parfois la parole au cours de ses rondes le long du Mur. Stick avait un petit faible pour sa soeur, Gracie, même s’il ne serait jamais passé à l’acte avec elle. Mais c’était moi qui partageais presque toute ma nourriture avec lui, puisqu’il était trop effrayé pour faire les poubelles tout seul, l’ingrat… De toute façon, même si je l’avais voulu, je n’aurais pas pu m’occuper de tout le monde.

Il le savait très bien.

— Lucas n’est pas encore revenu, marmonna-t‑il enfin.

Nous étions arrivés devant ma chambre, l’une des nombreuses salles vides distribuées par un long couloir.

Ça faisait plusieurs années que je l’occupais, et je l’avais arrangée de mon mieux. Des sacs plastiques recouvraient les fenêtres cassées, me préservant de la pluie et de l’humidité. Un vieux matelas avec une couverture et un oreiller était posé dans un coin. J’étais mêmeparvenue à dégoter une table pliante, deux chaises et une étagère de plastique pour y ranger les petites choses que je souhaitais garder. Je m’étais organisé une jolie petite tanière, et le summum du luxe était que ma porte pouvait encore se verrouiller de l’intérieur ;

j’avais donc mon intimité si je le désirais.

— Et Rat, où est‑il ? demandai-je encore en poussant ma porte.

Elle s’ouvrit dans un grincement, faisant sursauter un garçon efflanqué aux cheveux bruns qui n’avait rien à faire là.

— Rat ! hurlai-je en m’engouffrant dans la pièce.

Qu’est‑ce que tu fous dans ma chambre ? Tu cherches un truc à voler, c’est ça ?

C’était mon espace, mon territoire. Il n’avait pas le droit d’être là !

Il poussa un juron, laissant voir une dent de devant qui dépassait comme un croc, ce qui lui donnait l’air de faire la grimace en permanence.

Dans sa main crasseuse, je reconnus instantanément un vieux livre abîmé que j’avais lu et relu des dizaines de fois. C’était un conte fantastique, l’histoire de quatre enfants qui pénétraient dans un placard magique et se retrouvaient dans un monde étrange et nouveau. L’idée d’un pays magique rempli d’animaux qui parlent avait beau me faire sourire, il m’arrivait parfois, en mon for intérieur, de rêver qu’il existait une telle porte secrète, susceptible de nous emmener loin d’ici.

— Qu’est‑ce que c’est que ce truc ? demanda Rat en brandissant le livre.

Pris la main dans le sac, il choisissait l’offensive.

— Pourquoi est‑ce que tu gardes des ordures de ce genre ici ? Comme si tu savais lire !Il jeta l’ouvrage par terre.

— Tu sais ce que les vampires feraient, s’ils le découvraient ? Et Lucas, il est au courant de ta petite collection de saletés ?

— Ça ne te regarde pas ! C’est ma chambre, ici, et je garde ce que je veux ! Maintenant disparais, avant que je dise à Lucas de te virer à coups de pied.

Rat ricana, comme si ma menace était une bonne blague. Son intégration au groupe était récente, quelques mois à peine. Il avait déclaré venir d’un autre secteur et avoir été banni de son ancienne bande, sans jamais expliquer pourquoi. Je le soupçonnais de n’être qu’un sale menteur et un voleur. Lucas n’aurait pas envisagé

de l’accueillir si nous n’avions pas perdu deux de nos membres l’hiver précédent. Patrick et Geoffrey, deux frères téméraires jusqu’à l’absurde, qui se vantaient que les vampires ne les attraperaient jamais. Ils étaient trop rapides, prétendaient‑ils. Et ils connaissaient le réseau de tunnels comme leur poche. Ils se croyaient invincibles. Ils se trompaient. Une nuit, ils sont partis en quête de nourriture, comme à l’accoutumée… et ne sont jamais revenus.

Rat donna un coup de pied dans le livre et avança vers moi d’un pas menaçant jusqu’à me toiser de près et m’envoyer son haleine fétide à la figure.

— Je trouve que tu as une bien grande gueule,

Allie… Mais tu ferais bien de te méfier ! Lucas ne sera pas toujours là pour te protéger. Tiens-le-toi pour dit.

Il se pencha un peu plus vers moi.

— Maintenant, dégage de ma vue avant que je t’en colle une qui t’enverra voler à l’autre bout de la pièce !

Ce serait moche pour toi de te mettre à pleurnicher devant ton copain, pas vrai ?Il essaya de me bousculer. J’esquivai, et rassemblai toutes mes forces pour lui envoyer mon poing dans la figure.

Il poussa un cri de douleur, et tituba en arrière, les mains plaquées sur le visage. Derrière moi, Stick glapit.

Rat se rua alors maladroitement sur moi. Je l’évitai de justesse ; emporté par son élan, il percuta le mur de plein fouet. Sa tête résonna lourdement contre le plâtre.

— Maintenant, sors de ma chambre !

Etourdi par le choc, il glissa le long du mur, laissant une trace rouge sur le plâtre. Stick s’était réfugié dans un coin, et se cachait derrière la table.

— Sors d’ici et n’y remets jamais les pieds, Rat ! Si jamais je t’y revois, je te promets que tu devras manger de la paille jusqu’à la fin de tes jours !

Rat se releva péniblement. Il s’essuya le nez, maugréa une insulte et sortit, chancelant, en renversant une chaise au passage.

Je claquai la porte et la verrouillai derrière lui.

— Quel fumier ! Menteur et voleur, avec ça ! Ouille…

Je m’étais ouvert une jointure sur la dent de Rat, et le sang commençait à couler abondamment.

— Super ! J’espère que je ne vais pas attraper une saloperie…

— Il va être furieux, commenta Stick en sortant de sa cachette, le visage blême.

— Et alors ? Qu’il ose tenter quoi que ce soit, et je lui fracasse le nez pour de bon.

J’attrapai un morceau de tissu sur l’étagère et le pressai sur ma plaie.

— J’en ai assez de ses manières. Ce n’est pas parce qu’il est plus grand qu’il peut faire ce qui lui chante.

Ça lui pendait au nez depuis un moment.— Il risque de s’en prendre à moi, maintenant, dit

Stick d’un ton accusateur, comme si je n’avais pas été

assez prudente, comme si je n’avais pas pensé aux conséquences que mon geste pourrait avoir pour lui.

— Eh bien, dans ce cas, mets-lui un bon coup de pied dans les tibias et dis-lui de se barrer ! répondis-je, agacée.

Je jetai le tissu souillé sur l’étagère et ramassai précautionneusement mon livre. Sa couverture avait

été arrachée et la première page déchirée, mais à part

ça, il semblait intact.

— Rat s’en prend à toi parce que tu te laisses faire,

Stick. Défends-toi, et il te fichera la paix.

Il ne répondit rien et se mura dans le silence. Je ravalai mon irritation. Il ne riposterait pas. Il ferait ce qu’il avait toujours fait : courir me chercher en espérant que je l’aide. Je m’agenouillai en soupirant à

côté d’une boîte en plastique qui était normalement dissimulée sous un vieux drap, mais Rat l’avait arraché

et lancé dans un coin, cherchant probablement de la nourriture ou des choses à voler. Apparemment, son contenu était intact.

C’étaient des livres pour moitié, certains en format poche, comme celui que j’avais entre les mains, d’autres dans une édition plus robuste. Certains étaient moisis, d’autres à moitié carbonisés. Je les connaissais tous de

A à Z. Ils étaient ce que je possédais de plus précieux et de plus secret au monde. Si les vampires apprenaient l’existence de cette collection, ils nous tueraient tous sur-le-champ et feraient raser le bâtiment. Mais pour moi, le jeu en valait la chandelle. Les vampires avaient interdit les livres dans la Bordure, ils les avaient méthodiquement

éliminés à leur arrivée, et je savais pourquoiParce que chaque livre témoignait de l’existence d’un autre monde ; un monde antérieur à celui-ci, où les humains ne vivaient pas dans la peur des vampires, des murs et des monstres de la nuit. Un monde où ils

étaient libres. Où nous étions libres…

Je remis délicatement le livre à sa place, et mon regard se posa sur un autre ouvrage fatigué, grignoté

par la moisissure à un angle. Il était plus grand que les autres. C’était un album pour enfants. Des animaux aux couleurs vives dansaient sur la couverture.

Je parcourus sa surface du bout des doigts.

Maman…

Stick s’était rapproché et regardait maintenant par-dessus mon épaule.

— Est‑ce que Rat t’a pris quelque chose ? demandat‑il doucement.

— Non.

Je refermai le couvercle pour cacher mes trésors.

— Mais tu ferais bien d’aller vérifier ta chambre, toi aussi. Et de rendre tout ce que tu aurais emprunté

récemment, au cas où…

— Je n’ai rien emprunté depuis des mois, se défendit

Stick, l’air effrayé et offusqué par ma remarque.

Je réprimai une remarque cinglante. Il y avait peu de temps encore, avant que Rat n’intègre la bande, il m’était souvent arrivé de trouver Stick dans sa chambre, recroquevillé contre le mur, un de mes livres

à la main, totalement absorbé par sa lecture. C’était moi qui lui avais appris à lire. Des heures longues et pénibles, assis tous les deux sur mon matelas, à revenir encore et encore sur les lettres, les sons et les mots. Il lui avait fallu un certain temps pour apprendre, mais une fois que ce fut fait, la lecture devint son moyenfavori d’échapper à tout ce qui se trouvait de l’autre côté de sa porte.

Puis Patrick l’avait informé de ce que les vampires faisaient aux Borduriens qui savaient lire, et il ne voulut plus toucher un seul livre. Tout ce temps, tout ce travail pour rien… Ça m’énervait à un point incroyable, que

Stick ait trop peur des vampires pour oser apprendre quoi que ce soit de nouveau. J’avais aussi proposé à

Lucas de lui apprendre à lire, mais ça ne l’intéressait absolument pas. Quant à Rat…

Ma colère n’était pas uniquement due à la peur de Stick ou à l’ignorance de Lucas. Je voulais qu’ils apprennent, qu’ils progressent, parce que c’était justement un privilège que les vampires nous avaient enlevé.

Ils apprenaient à lire à leurs larbins et aux esclaves, mais faisaient tout pour maintenir dans l’ignorance le reste de la population. Ils voulaient faire de nous des animaux passifs et décérébrés. Si les gens venaient à

savoir comment était la vie avant, combien de temps faudrait‑il pour qu’ils se rebellent et reprennent leurs droits ?

Peut‑être était‑ce mon rêve secret, ça… Mais je ne pouvais pas forcer les autres à désirer apprendre. Ce qui ne m’empêchait pas d’essayer.

Stick recula comme je me redressais pour remettre le drap en place sur la boîte.

— Tu crois qu’il a trouvé l’autre endroit ? demandat‑il.

Il faudrait peut‑être vérifier aussi.

Je coulai vers lui un regard résigné.

— Tu as faim ? C’est ce que tu essaies de me dire ?

Il haussa les épaules, une lueur d’espoir dans les yeux.

— Pas toi ?

Je me dirigeai alors vers mon matelas et le soulevaipour accéder aux planches amovibles cachées dessous.

Je les écartai ensuite pour scruter la cavité obscure.

— Bon Dieu ! marmonnai-je en tâtonnant à l’intérieur du petit espace.

Il ne restait pas grand-chose : un bout de pain rassis, deux cacahuètes et une patate qui commençait à avoir des yeux. C’était certainement ce que Rat cherchait : ma réserve secrète. Nous en avions tous une quelque part.

Les non-enregistrés ne se volaient jamais entre eux.

Du moins n’étions-nous pas censés le faire. Telle était la règle tacite. Mais au fond, nous étions tous des voleurs, et la faim poussait les gens à des actes désespérés. Je n’avais pas survécu tout ce temps en étant naïve. La seule personne qui connaissait l’existence de ce trou

était Stick, et je lui faisais entièrement confiance. Il n’aurait pas risqué tout ce qu’il possédait en me volant.

— C’est la misère, chuchotai-je en secouant la tête.

Et ils serrent de plus en plus la vis, là-bas. Plus personne ne revend ses tickets de rationnement, quel que soit le prix.

Le ventre creux — sensation hélas familière —, je replaçai les lattes du plancher et partageai le bout de pain avec Stick. Je n’étais jamais complètement rassasiée, mais la sensation de faim était particulièrement aiguë

en cet instant. Je n’avais rien mangé depuis la veille au soir. Ma tournée des poubelles du matin n’avait rien donné. Après plusieurs heures de quête, je n’en étais revenue qu’avec une coupure à la main et l’estomac vide. Ma descente du côté des pièges à rats du vieux

Thompson ne s’était pas révélée plus concluante ; soit les rats du coin devenaient plus malins, soit l’espèce

était en voie d’extinction à force. Je m’étais glissée sous les barrières barbelées du jardin aérien de la veuveTanner après avoir escaladé les escaliers de secours, pour découvrir qu’elle avait déjà procédé à une récolte méticuleuse. J’avais ensuite fouillé les bennes à ordures derrière l’échoppe de chez Hurley. Parfois, bien que très rarement, on y trouvait un morceau de pain tellement moisi que même les rats n’y touchaient pas, un sac de germes de soja à moitié pourris ou une pomme de terre flétrie. Je n’étais pas difficile. Mon estomac s’était habitué à supporter presque tout, même les choses les plus dégoûtantes. Insectes, rongeurs, pain moisi, l’important était peu ou prou que ça se mange. J’étais capable d’ingérer beaucoup de choses intolérables pour d’autres ; mais aujourd’hui, il semblait bien que la chance n’était pas à mes côtés.

Et pas question de continuer la chasse à la nourriture après une exécution. La présence massive de larbins dans la Bordure rendait tout le monde nerveux. Je ne voulais pas risquer de me faire prendre pour vol avec autant de gardes dans le coin.

Les poubelles de mon territoire habituel ne m’étaient plus d’aucun secours. J’en avais épuisé toutes les ressources, et les enregistrés commençaient à connaître mes méthodes. Me rendre dans d’autres secteurs n’aurait servi à rien, la majeure partie de la Bordure avait été

mise à sac depuis longtemps. Dans cette zone remplie de crève-la-faim, il ne restait plus rien. Si nous voulions manger, j’allais donc devoir m’aventurer plus loin.

Quitter la ville.

La matinée touchait déjà à sa fin. L’après-midi ne durait pas bien longtemps ; je n’aurais que quelques heures devant moi pour trouver de la nourriture, une fois franchi le Mur. Si je ne rentrais pas avant le coucher du soleil, la traque changerait de camp. Dèsque la lumière quittait le ciel, c’était leur heure. Celle des Maîtres. Des vampires.

J’ai encore le temps, songeai-je en me livrant à un rapide calcul mental. C’est une assez belle journée. Je peux passer sous le Mur, fouiller les ruines et être revenue avant la nuit.

— Où vas-tu ? me demanda Stick lorsque j’ouvris ma porte.

J’avançai dans le couloir en guettant la présence

éventuelle de Rat dans les parages.

— Allie, attends ! Où vas-tu ? Emmène-moi avec toi. Je peux te donner un coup de main.

— Non, Stick.

Je me tournai vers lui et secouai la tête.

— Je ne vais pas aux endroits habituels, cette fois. Il y a trop de gardes partout. Je vais essayer les ruines.

Il tressaillit.

— Quoi ? Tu sors de la ville ?

— Je serai de retour avant la tombée de la nuit. Ne t’inquiète pas.

— Mais, s’ils t’attrapent…

— Ils ne m’attraperont pas.

Je m’adossai au mur et lui adressai un sourire en coin.

— Comment le pourraient‑ils ? Ils ne savent même pas que ces tunnels existent !

— J’ai l’impression d’entendre Patrick et Geoffrey.

Je sursautai, piquée au vif.

— Tu y vas un peu fort, là, non ?

Il haussa les épaules, et je croisai les bras, l’air hostile.

— Si c’est vraiment ce que tu penses, ce n’est peut‑être plus la peine que je partage ce que je trouverai avec toi.

Peut‑être que tu devrais chercher toi-même ta bouffe, pour changer.

— Pardon Allie, fit‑il avec un petit sourire d’excuseJe m’inquiète pour toi, c’est tout. Tu me promets de revenir ?

— Tu le sais très bien.

— O.K.

Il fit demi-tour et se replongea dans l’obscurité du couloir.

— Bonne chance, alors.

Etait‑ce un effet de mon imagination ? Je crus sentir dans son intonation qu’il souhaitait plutôt que j’aie des ennuis. Non, c’était idiot… Stick avait besoin de moi. J’étais sa seule amie. Et il n’était pas rancunier au point de me souhaiter du mal, juste parce j’avais suggéré que Gracie était en partie responsable de ce qui lui était arrivé.

Je balayai cette pensée dérangeante de mon esprit tout en traversant le terrain jusqu’à la barrière et les rues de la Cité. Puis je me faufilai par le grillage. L’heure n’était pas à me préoccuper des états d’âme de Stick.

Ma priorité, c’était de trouver de quoi nous maintenir tous deux en vie.

Le soleil dardait au-dessus des grands immeubles squelettiques, inondant les rues de lumière. Reste donc là encore un moment, pensai-je en contemplant le ciel.

Encore quelques heures comme ça, ce serait parfait. Tu peux même totalement arrêter de bouger, si tu veux.

Comme par esprit de contradiction, l’astre du jour parut alors descendre dans le ciel, pour aller se cacher derrière un nuage. Les ombres s’allongèrent d’un coup, dessinant des doigts avides sur le sol. Je frémis, et m’élançai dans les rues.

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Je coulai un regard à Kanin.

— Tu es au courant qu’ils vont vouloir nous tuer, s’ils nous trouvent ici ?

Il opina du chef.

— J’y compte bien.

— Tu es aussi au courant qu’ils mangent les gens, n’est-ce pas ?

Kanin s’arrêta et plongea ses yeux noirs dans les miens.

— Absolument. Sauf que maintenant, toi aussi.

Un léger haut-le-coeur m’envahit. Ah oui, c’est vrai…

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