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« — Je t’aime, imbécile, déclara Gray.
— Mais… je suis…
— Tu n’as p-pas intérêt à dire que tu es laid ou stupide ou sans valeur. Tu n’as pas intérêt ! Tu es un géant parce que le corps d’un homme ordinaire aurait été t-trop petit pour ce que tu es. »
Afficher en entier- M-me détestes-tu maintenant ? demande-t-il après un instant. Maintenant que tu s-sais.
- Non, se contenta de répondre Aric, car une réponse simple semblait plus adaptée.
Une réponse simple venant d’un homme simple.
Afficher en entier- Ce n'est pas mon nom.
Il n'était clairement pas maître de sa propre langue.
Mais Gray se contenta de pencher la tête.
- Quoi ?
- Brute. C'est ainsi qu'ils m'appellent. Ainsi que tout le monde m'appelle, depuis... depuis que je suis jeune. Mais ce n'est pas mon nom.
Afficher en entier— Un homme vous trouvera, Brute, et il vous fera tourner la tête, et ensuite il passera le reste de ses jours à se rendre compte combien il est sacrément chanceux !
La voix d’Alys s’était amplifiée, et plusieurs membres du personnel de la cuisine se tenaient là, souriant. Mais bien que Brute soit embarrassé et ne puisse s’empêcher de rougir de nouveau, il ne nota aucun signe de rejet sur leurs visages – juste un certain amusement à la façon dont cette femme plutôt petite parvenait à intimider un homme aussi gigantesque.
Sur une impulsion, Brute se pencha et déposa un baiser rapide sur la tête couverte d’un foulard.
— Merci, dit-il.
Afficher en entierPeut-être que Brute aurait dû refuser. Mais personne n’avait jamais voulu se souvenir de lui avant, et il fallait reconnaître que les gens ne se bousculaient pas pour le toucher. Sa peau était affamée de contact, tout comme son estomac pouvait être affamé quand il sautait plusieurs repas. Alors il se laissa tomber sur le sol, assis les jambes croisées, à côté de Gray, si près que ses genoux frôlaient la jambe de Gray sous la couverture.
— D’accord.
Afficher en entierDésormais, les cris au milieu de la nuit étaient devenus familiers, alors Aric n’hésitait plus à réagir. Dès que le premier cri se répercuta sur les murs de pierre, il sortit de son lit d’un bond, se jetant spontanément sur les barres de fer. Il glissa la tige du verrou en position ouverte dans un mouvement fluide et se précipita vers la silhouette tremblante au sol, avant de ramasser doucement l’homme en larmes dans ses bras, comme un parent l’aurait fait avec son enfant.
Afficher en entierBrute n'avait pas le moindre regret lorsqu’il tourna le dos à son village natal pour la dernière fois. En fait, il se sentait merveilleusement libre. C’était comme si pendant toutes ces années il avait porté un poids sur ses épaules, sans jamais en avoir conscience. Il s’était acquitté de sa dette envers Cecil avant d’acheter d’occasion un manteau encore en bon état. Il possédait une grande poche dans laquelle Brute pourrait coincer le moignon de son bras gauche. Il était toujours énorme et laid, et les gens continueraient à le regarder, mais de cette façon, il se sentait presque entier.
Afficher en entier— Il y a beaucoup de façons de méditer. L’une d’elles est d’apprécier les cadeaux que les dieux nous ont donnés. C’est pourquoi ils le donnent, après tout. Supposons que vous ayez une enfant et que vous lui donniez une poupée. Qu’est-ce qui vous plairait le plus : sa sincère reconnaissance, ou les heures qu’elle passerait à jouer avec sa poupée ? Le véritable remerciement, c’est le bonheur du destinataire.
Afficher en entier— Vous avez toujours été aussi imposant ? demanda-t-il.
Brute baissa les yeux sur lui-même. Il ne se sentait pas particulièrement imposant. Il avait perdu du poids et de la masse musculaire depuis l’accident, mais sa poitrine volumineuse était encore assez impressionnante sous son duvet de poils noirs.
— Avant j’étais petit, dit-il. Jusqu’à ce que j’atteigne à peu près votre âge. Ensuite, j’ai grandi.
— Votre père est-il aussi grand ?
Le père de Brute avait semblé très grand en effet, quand Brute était enfant. Au moins jusqu’au jour où il l’avait vu suspendu à une corde. Ce jour-là, son père avait eu l’air très petit.
— Pas à ce point, répondit Brute. — Hum.
Warin haussa les épaules, puis fit signe à Brute de se dépêcher de poursuivre. Mais quand Brute réussit à délacer son pantalon et se dépouiller de son caleçon, Warin siffla sans aucune discrétion.
— Je suppose que tout chez vous a grandi, fit-il, clairement impressionné.
Afficher en entierBrute ne pouvait pas vraiment le contredire – le prince aurait dû être plus prudent. Alors, sans rien ajouter, il continua à manœuvrer Aldfrid aussi doucement que possible, tout en restant très conscient de la proximité du précipice. Le prince aidait du mieux qu’il le pouvait, et bientôt il se retrouva assis dans la sangle arrière, les bras enroulés autour du cou de Brute.
— Ne m’étranglez pas, conseilla Brute.
— Ce serait contre-productif, ironisa le prince en retour.
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