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Elle était sur le point de perdre le contrôle de son existence au profit d'un cheval, d'un revenant et d'une broche.
Afficher en entierAbram s'arrêta et leva les yeux. Karigan suivit son regard et contempla le pin blanc le plus haut qu'elle ait jamais vu. Son tronc était si épais que même Abram ne pouvait l'entourer entièrement de ses bras.
Afficher en entierElle pouvait presque entendre ses tantes énumérer ses tares. « Irresponsable », dirait tante Gretta. Tante Brini ajouterait : « Entêtée ». « Impulsive », la déclarerait tante Tory. Tante Stace résumerait le tout d'un mot : « G'ladheon », et les tantes hocheraient toutes la tête d'un air entendu, signifiant leur unanimité. Karigan rejeta vivement une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle ne pouvait s'empêcher d'approuver l'appréciation de ses tantes. On aurait dit qu'elle faisait toujours les mauvais choix, le genre de choix destiné à la fourrer dans le pétrin.
Afficher en entier— Si tu ne sais pas de quoi je parle, mon enfant, alors ce n’est peut-être pas à nous de te l’expliquer, répondit Mlle Feuille Sorbier.
— Oh ! Allons, Feuille. Elle va nous prendre pour de vieilles idiotes. Ma chère enfant, un esprit est à tes côtés.
Une gorgée de thé fit fausse route et Karigan s’étrangla violemment.
— Ha ! fit Fleur, tracassée. J’avais bien dit à Letitia de ne pas mettre de noix dans les scones.
Mlle Feuille Sorbier tapa Karigan dans le dos énergiquement.
— Un quoi m’accompagne ? bredouilla celle-ci.
— Mince, dit Fleur. En plus, elle est sourde.
Afficher en entierMelry : - Ca te dérangerait d'aller surveiller dehors Fastion ? Laisse un peu d'intimité à Karigan d'accord ? Si tu veux voir une fille à poil, va en ville.
Afficher en entierDes écureuils roux traversèrent la route à toute allure juste devant eux. Le mot « route » était d’ailleurs risible. Elle servait plutôt de gouttière, lorsque les fossés étaient recouverts de végétation ou trop remplis de débris pour drainer correctement. Elle résolut d’informer le roi Zacharie de l’état déplorable de la route, lorsqu’elle le rencontrerait, et de lui demander d’employer les taxes à bon escient afin de l’entretenir. Bon, peut-être pas « demander ». On ne pouvait rien exiger d’un roi, mais elle émettrait tout de même une chaude recommandation.
Afficher en entier— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle. Et que faites-vous ici, au milieu de nulle part ?
Le pommeau de la canne de Mlle Feuille Sorbier cogna contre la table basse. Scones et cookies rebondirent, les tasses à thé s’entrechoquèrent.
— Fleur, dis-moi. Avons-nous oublié de faire les présentations ?
Une expression horrifiée passa sur le visage dodu de Fleur, et elle plaqua les mains sur sa bouche.
— Oh ! Feuille. Dans notre empressement à plaire, nous avons oublié. Cela fait si longtemps que personne ne nous a rendu visite. Mon enfant, peux-tu nous pardonner d’avoir oublié cette très élémentaire politesse ?
Karigan les regarda sans prononcer un mot.
Les demoiselles durent interpréter cela comme un signe de pardon, puisqu’elles poussèrent toutes deux des soupirs d’authentique soulagement.
— Bon, alors, dit Mlle Feuille Sorbier, laisse-nous nous présenter de manière appropriée. Nous sommes les sœurs Sorbier. Je suis Feuille, et voici ma sœur Fleur.
— Notre cher papa, le défunt professeur Sorbier, nous a donné des noms rappelant des éléments de la végétation locale, dit Fleur avec un petit rire. Des surnoms affectueux, pour être exacte. Rien de plus que des diminutifs.
— À la naissance, dit Mlle Feuille Sorbier, on nous a baptisées Isabelle…
— … et Pénélope, compléta Fleur. Mais nous usons rarement e nos prénoms officiels.
Afficher en entierLa Mort du Cavalier
- Je suis un messager... Cavalier Vert. (Le corps du jeune homme fut parcourut de convulsions douloureuses, un filet de sang coula de ses lèvres le long de son menton.) La sacoche, derrière la selle... message important... le roi. Question de vie ou de mort. Si vous aimez la Saco... Sacoridie et son roi, prenez-le. Apportez-le-lui.
- J... je...
Une part d'elle-même mourait d'envie de prendre ses jambes à son cou en hurlant, tandis que l'autre ressentait l'urgence de la situation. S'enfuir à Corsa au lieu d'attendre que son père vienne la chercher à Selium comportait un irrésistible parfum d'aventure qu'elle avait anticipé. Mais c'était le terrifiant visage de la véritable aventure qui la regardait à présent.
[...]
- C'est dangereux.
Il frémit.
Partout autour d'eux le silence se fit, un calme chargé d'espoir, comme si le monde retenait son souffle en attendant sa décision.
Avant de pouvoir s'en empêcher, Karigan dit :
- J'irai.
Afficher en entierLe granit était froid et rugueux sous les paumes de l’homme à la cape grise. C’était du bon granit bien solide, issu du tréfonds même de la terre. Il suivit la trace à peine perceptible de joints entre les pans immenses du mur. Les joints, pensait-il, étaient la clé. La clé pour détruire le mur.
Celui-ci le dominait de toute sa hauteur, difficile à évaluer. Épais de plusieurs pas, il courait le long de la frontière sud de la Sacoridie sur des centaines de kilomètres, de la mer Orientale à la baie d’Ullem, à l’ouest. Il protégeait la Sacoridie, ainsi que les autres terres, de Kanmorhan Vane, qui en langue commune signifie « la forêt du Voile Noir ».
Le mur résistait depuis mille ans. Il avait été construit après la Longue Guerre, au tournant du Premier Âge. Durant ce millénaire, les hôtes de la forêt sombre étaient devenus agités, aigris d’être emprisonnés derrière le mur.
À présent, l’Homme Gris devait faire appel à eux et mettre un terme à leur exil. Il ramènerait au monde ces créatures de cauchemar, à la lumière du jour. Il les amènerait lentement. Dans un premier temps.
La magie imprégnait si profondément le mur que ses mains en fourmillaient. Elle était ancienne et puissante, même à l’aune des ouvrages des hommes du temps jadis. Maintenant, les humains n’y comprenaient goutte. Ils ignoraient à peu près tout de ce que leurs ancêtres avaient pu réaliser. Ils ne savaient pas non plus ce qu’eux-mêmes, citoyens de l’actuelle Sacoridie, étaient encore capables de faire.
Une bonne chose.
Son esprit frôla les couches de magie. On avait incorporé de la magie à chaque bloc de granit du moment où il avait été extrait, puis durant sa taille, l’exécution des finitions et son incorporation au mur. On avait incrusté des sortilèges fortifiants dans le mortier, non seulement pour s’assurer que le mur tiendrait indéfiniment, mais aussi pour empêcher sa destruction par la magie.
Oh, ces chants ! Quels sortilèges les tailleurs de pierre avaient dû chanter, alors qu’ils enfonçaient des forets dans la roche et peaufinaient la préparation du mortier. Le mur était vraiment magnifique. Une construction prestigieuse qui avait donné du travail à des générations d’humains. Quel dommage de devoir le détruire.
L’Homme Gris sourit sous les ombres de sa capuche. Il replongerait le monde dans un état qu’il n’avait pas connu depuis longtemps, bien avant la Longue Guerre et le Premier Âge, en un temps immémorial. Un temps où les humains vivaient en clans primitifs, chassant troupeaux et gibier. Il n’y avait alors pas de rois, pas de pays, pas de cultes organisés. Rien que ténèbres et superstitions. Durant les Âges Sombres, ainsi qu’on appelait maintenant cet ancien temps, ils comprenaient mieux la magie qu’aujourd’hui.
Afficher en entierCertains habitants dirent avoir vu l’esprit tourmenté de la Première Cavalière passer à toute allure sur son fougueux coursier. Spoiler(cliquez pour révéler)La Première Cavalière, selon eux, était courroucée de l’éviction du roi Zacharie. Certains n’entendirent qu’un martèlement de sabots suivi d’une brise momentanée. D’autres virent la silhouette fantomatique de la Cavalière, ou un éclair vert.
- [L'Allée des Héros]
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