Extraits

- Un amour "cruel, violent et funeste" ? Est-ce ce que tu veux vraiment ?

A l'extérieur, j'entendis un cri aigu, suivi d'un éclat de rire. J'écartai le rideau. Lucius et Faith étaient dans la cour, et faisaient une bataille de boules de neige. Lucius entraîna Faith sur un gros tas de neige et lui en balança sur son bonnet de laine rose.

- Oh, Lucius ! cria-t-elle en le repoussant. Tu n'es qu'un imbécile !

Oui, Lucius... tu es vraiment un imbécile.

- Je vais t'aider... pour cette fois.

- Merci, Jessica, dit Lucius en s'asseyant dans son fauteuil en cuir.

- J'ai dit que j'allais "t'aider", pas que j'allais le faire à ta place.

Il éclata de rire, puis toussa un peu en se tenant les côtes.

- Mince.

- ça va ?

- Oui, je me fais juste littéralement mourir de rire.

Évidemment, il vaut mieux être traquée part un grand Européen que par un Américain de taille moyenne.

Cher Vasile,

Savais-tu qu’ici, aux États-Unis, on a tellement de « choix » à faire que les individus les plus faibles d’esprit se retrouvent débordés et doivent aller consulter un psychologue (je sais… c’est risible !), juste parce qu’ils sont incapables de trouver la bonne voie parmi ces options apparemment infinies pour chaque petit geste de la vie quotidienne ?

Ici, même commander une pizza (j’ai enfin trouvé quelque chose de comestible) requiert que l’on prenne plusieurs décidions. Grande ? Très grande ? Boulettes de viande ou pepperoni ? Légumes ? Supplément de fromage ? Moins de fromage ? Fromage caché comme une surprise filamenteuse dans la croûte ? À moins que l’on change d’avis et se rabatte sur une pizza à « l’américaine » ? Ou une « Sicilienne » peut-être ?

Je t’assure, Vasile, téléphoner pour se faire « livrer »(j’ai d’ailleurs découvert que je dirigeais toute une armée virtuelle de serviteurs, qui quadrillent la ville à bord de « Ford Escort » cabossées) demande qu’on fasse preuve d’autant de stratégie qu’un général qui s’apprête à mener une bataille où du vrai sang (et pas juste de la sauce tomate) sera versé.

— On ne sent même plus l’odeur du lièvre, rétorquai-je. L’odeur de l’eau oxygénée est tellement forte. Tu devrais faire attention avec les décolorants, Faith, ou tu vas finir chauve.

— Ça pourrait être pire, lança-t-elle en désignant ma coiffure. Il vaut mieux être chauve qu’avoir une tête de caniche.

— Je préfère avoir une tête de caniche qu’être une vraie chienne.

Moi, j’avais quelques plaintes à émettre. Comment étais je supposée assumer mon rang de princesse des vampires alors que mon moyen de transport avait la taille d’une voiturette de golf et le moteur d’un ventilateur d’après-guerre ?

N'est-elle pas belle, puissante, royale... Comme toi?

Je suis sur que tu apprécierais la representation naïve mais omniprésente des vampires que les Américains affichent un peu partout en cette période de l'année. C'est à croire que notre race se limite à des hommes d'un certain âge à la peau très pâle et ayant un fort penchant pour l'application abusive du gel capillaire