Extraits

« Tu m’as embrassé », dit Pat.

Vic ne put s’empêcher de rougir. Il avait presque espéré que Pat avait oublié. « C’est vrai. Euh…

- Pourquoi ? »

Il haussa les épaules d’un air gêné. Il aurait voulu que Pat lui lâche la main, mais il n’essaya pas de se dégager. « Parce que j’en avais envie. Parce que je devais te rappeler que tu n’es pas PRATH.

- Je suis Pat, chuchota-t-il.

- Oui. Tu es Pat.

- Je l’ai s… senti. J’étais p… perdu dans le sang. Tu m’as trouvé. Encore une fois. »

Vic tourna la main, son pouce frôlant celui de Pat. « Pas faux. Peut-être que j’étais fait pour ça. Te trouver. Avant et maintenant. »

Pat détourna le regard. Vic pensa que leur conversation était terminée. Mais il ajouta quelque chose qui allait tout changer.

« Tu… tu p… peux recommencer ? »

Vic ferma les yeux. « C’est ce que tu veux ?

- Je choisis, dit lentement Pat, chaque mot semblant expulsé de sa poitrine. Je fais mon propre choix. Je n’ai plus de ficelles. »

– Le temps est le le temps. Il avance et ne revient jamais en arrière. Une branche de la philosophie appelée éternalisme soutient que les événements présents, passés et futurs qui paraissent se succéder lors du passages du temps coexistant en réalité sur la ligne du temps.

Il avait vaguement compris que le monde hors de la forêt était beaucoup plus vaste qu'il l'imaginait. Mais là, c'était trop. Trop grand. Et lui, trop petit.

« Vic ? », chuchota Rambo.

Il ne leva pas la tête. Il resserra sa prise sur ses jambes, ses doigts s'enfonçant dans sa peau assez fort pour laisser des traces.

« Ça va aller, Vic, dit Rambo, touchant son pied. Promis. Je sais que ça a l'air difficile, mais nous devons tous être courageux. Ton cerveau te dit que tu n'y arriveras pas, mais tu n'as pas besoin de toujours l'écouter. Parfois, il te raconte des bobards. Comme quand il me dit : « Non, non, tu n'es pas courageux, tu as peur de tout ». Ou : « Non, tu n'y arriveras pas, parce que tu mourras dans d'atroces souffrances, et que tes entrailles s'échapperont de ton corps complètement écrabouillé. »

- Victor, coupa son père d’une voix plate. Éloigne-toi de cet androïde.

- Il s’appelle Pat, précisa Rambo. Nous l’avons fabriqué, comme qui dirait.

- J’ai fait le plus gros du travail, Gio, intervint l’infirmière Ratched. Si des éloges sont de circonstance, c’est à moi qu’il faut les prodiguer. En revanche, si tu es en colère et que tu as l’intention d’infliger une punition, sache que Victor est seul responsable de cette initiative. »

- Et moi, j’ai un anus ? demanda Rambo.

- Non, lui répondit l’infirmière Ratched. Mais tu es un trou du cul.

Rambo bipa, confus.

- Je pensais que j’étais un aspirateur.

- Oui. Tu es un aspirateur doublé d’un trou du cul.

Rambo alla baisser les stores des fenêtres, tandis que l’infirmière Ratched et Vic soulevaient l’androïde sur la table. Puis, Vic s’écarta, se prenant le dos entre les mains avec une grimace. « Il est lourd.

- C’est vrai, acquiesça l’infirmière Ratched. Il pèse plus de cent trente-cinq kilos.

- Et moi ? demanda Rambo.

- Un peu plus de deux kilos.

- Oh. Et c’est bien ?

- Je pourrais te lancer très loin, si j’en avais envie. Alors, oui, c’est bien », dit-elle.

- F… ff… fourre encore ce tr… truc sur moi, et je te l’arrache pour te l’enf… ff… foncer dans la gorge. »

Quelque chose bougea à l’intérieur de l’infirmière Ratched : un grincement d’engrenages se fit entendre, suivi par un signal sonore grave et retentissant. Puis : « Ceci était une menace sérieuse. Bien que je ne possède pas de gorge, mes capteurs n’indiquent aucune tromperie. Je te crois. » Elle se retourna vers Vic et Rambo. « Il me plaît », leur annonça-t-elle. Les mots « C’EST UN GARÇON ! » s’affichèrent sur son écran, qui vira au bleu pâle.

Vic se passa la main sur le visage. « Qu’est-ce que c’est ?

- Je ne sais pas, répondit-elle. Mais ce bégaiement – un trouble de la parole – suggère différents problèmes, allant du virus à des dégâts subis par le module vocal de l’androïde, en fonction du type et du modèle. Mais, en dépit de ce défaut, cette machine reste capable de proférer des menaces lourdes de sous-entendus, qu’il ne faudrait pas ignorer. Pouvons-nous le garder ?

‘you are hope, a dream of a forgotten world. carry that in your soul, victor. carry that and may the burden never cause you to stumble.’