Extraits

Emergeant d’un tourbillon de cauchemars plein de violence et de frayeur, Aline revint peu à peu à la conscience. Elle avait la tête lourde et les membres ankylosés, son estomac l’élançait douloureusement et la nausée la submergeait. Elle ouvrit les yeux, pour les refermer aussitôt sous l’effet de la douleur qui lui martelait le front. Elle déglutit avec difficulté ; sa gorge était sèche.

Un balancement régulier lui fit comprendre qu’elle se trouvait dans un véhicule en marche, encore qu’elle fût incapable de dire lequel. Les dents serrées pour affronter la douleur, elle se força à rouvrir les yeux. Ce fut plus supportable cette fois et, lorsque sa vision se précisa, elle s’appuya sur ses bras tremblants pour s’asseoir. Aussitôt, une violente nausée la plia en deux. Par chance, une personne attentionnée avait placé un seau à sa portée.

— C’est le pavot qui vous fait cet effet-là, madame.

Aline sursauta et, d’instinct, elle se rencogna dans la voiture avec un gémissement d’angoisse, les poings serrés.

— Où suis-je ? Qui êtes-vous ? demanda-t-elle, affolée.

Elle se mordit la lèvre pour cesser de claquer des dents. Un jeune homme était assis sur le banc en face d’elle, une courte épée sur les genoux. Il semblait n’avoir pas même vingt ans et ses cheveux étaient coupés à la façon des soldats. Dieu merci, ce visage n’était pas celui qu’elle redoutait de voir ! Elle se sentit trembler sous l’effet du soulagement.