Extraits

— J’aimerais te parler. Je suis d’abord allé chez toi, mais tu n’y étais pas, explique-t-il d’un air penaud. Et puis je me suis souvenu que parfois tu montais ici pour réfléchir.

Oh non…

— Qui t’a ouvert la porte ?

Il se dandine d’un pied sur l’autre, mal à l’aise.

— Je n’ai pas toqué. Je suis euh… passé par derrière et j’ai jeté des cailloux par ta fenêtre ouverte.

Romantique… ou désespéré.

— La lune ne cause pas la folie, explique le Selenae. Mais elle a le don de l’inciter à se dévoiler.

Les yeux de Simon s’écarquillent de panique et il a un mouvement de recul qui le déstabilise au point de lui faire lâcher prise. J’ai à peine le temps de changer de direction pour me précipiter vers lui. Au passage, mon épaule heurte la lanterne et la fait basculer dans le vide au moment où j’empoigne le neveu du comte de Montcuir par le poignet. Le verre vole en éclats et la faible lumière que nous fournissait la lampe s’évanouit. Dans l’élan, le jeune homme se cogne contre une poutre et parvient à s’y accrocher d’un bras – heureusement, d’ailleurs, car je n’aurais pas pu supporter tout son poids très longtemps.

— Par tous les feux du Soleil ! jure Simon dans un souffle. C’est toi, Cat ?

— C’est bien moi. Je peux te lâcher, maintenant ?

— Ta famille pensait que ta place était dans la Lumière.

— Eh bien, c’est faux ! Je n’ai pas ma place derrière des murs et des portails. Ma place n’est pas dans une cage !

— Nous vivons tous dans une cage, Catrin. Seuls les plus chanceux d’entre nous peuvent choisir laquelle.

La disposition de ces deux éléments ne doit rien au hasard : le maître architecte ne regardera jamais le symbole de sa plus grande réussite sans voir en même temps une preuve de son plus grand échec.

— Et si je finis par te tirer tout droit de l’autre côté de la lune, jusqu’aux portes de l’enfer ?

— Alors on trouvera ensemble le chemin du retour.

Un don mal utilisé est une malédiction. Ne l’oublie jamais.

"Sauve-moi de moi-même, Cat. Je t'en prie. Tu es la seule à en être capable."

On ne peut pas être vraiment bon à moins d’avoir le choix de ne pas l’être.

— Nous vivons tous dans une cage, Catrin. Seuls les plus chanceux d’entre nous peuvent choisir laquelle.