Extraits

Même avec les poings sur les hanches et le regard menaçant, Bo était terriblement sexy.

— Je ne suis pas un nounours.

Peu de gens arrivaient à se montrer intimidants en tenue d’Adam.

— J’ai jamais dit que c’était le cas. Allez, viens sous ces putains de couvertures, qu’on puisse dormir.

Il sifflota et sautilla jusqu’à la porte, une énergie nouvelle dans sa démarche. S’arrêtant sur le seuil pour se retourner, il lui lança un dernier sourire.

— Souhaite-moi bonne chance.

Lucky s’appuya sur le plan de travail, son café encore plein dans la main.

— Pourquoi est-ce que je me sens comme une femme au foyer ? demanda-t-il aux rideaux vert moche.

Puis Bo se redressa, ses yeux brillant d’une couleur d’ambre dans la lumière du soleil. Ils se plantèrent dans ceux de Lucky, soutenant son regard, la tension tangible entre eux. Au fond de Lucky, un déclic se fit, et un éclat soudain de surprise sur le visage de Bo se transforma en compréhension. Ils inclinèrent tous les deux la tête, sans qu’aucun des deux guide vraiment l’autre.

Sur les marches du Starbucks à l’extérieur d’Orlando, Floride, Lucky tomba amoureux. Ce ne fut pas un amour qui se construisit petit à petit, avec le temps qui passe. Au contraire, ça le choqua comme s’il avait mis les doigts dans une prise, et toute pensée cohérente s’enfuit de son esprit. Il s’arrêta en plein milieu d’une phrase, hypnotisé par la vue devant lui.

— Chaos, destruction et confusion. Notre travail ici est terminé. Une idée d’où se trouve le Starbucks le plus proche ?

Il plaça ses Ray-Bans sur son nez d’un geste du doigt et laissa un sourire satisfait se peindre sur ses lèvres.

Je viens de mettre l’une des plus grosses entreprises américaines à genoux, et j’ai besoin de ma dose de café. L’homme du jour, c’est moi.

« — T’as ton portable ?

Il enclencha la marche arrière et sortit de l’allée de leur maison.

— Oui, maman.

Lucky ignora la moquerie dans son ton, passa la première et s’engagea dans la rue.

— Mon numéro enregistré ?

— Oui, maman.

Tournant à gauche sur l’avenue, il relut la liste mentale des choses que Bo pouvait avoir oubliées.

— T’as de l’argent pour le déjeuner ?

Un soupir contrarié parvint de sa droite.

— Oui, maman.

— T’as préparé tes réponses s’ils commencent à poser des questions ?

Bordel, je me prends pour qui, son mari ?

— Lucky ?

— Oui ?

— C’est peut-être difficile à croire pour toi, mais j’ai, va savoir comment, réussi à exister avant de te rencontrer.»

« Lucky et le tact ne se croisaient pas souvent, et quand c’était le cas ils se contentaient d’un signe de la main avant de continuer leur chemin. »

« Au fond de Lucky, un déclic se fit, et un éclat soudain de surprise sur le visage de Bo se transforma en compréhension. Ils inclinèrent tous les deux la tête, sans qu’aucun des deux guide vraiment l’autre. Leurs lèvres se touchèrent brièvement. Ils reculèrent, étudiant l’autre, puis se retrouvèrent dans une frénésie passionnée de lèvres et de langues s’entremêlant. »

En théorie, Lucky savait que les végétariens existaient, mais il ne se souvenait pas d'en avoir jamais rencontré en vrai. C'étaient pas sensé être des petits geeks à lunettes? Comment Bo arrivait-il à garder une telle carrure en se nourrissant de laitue?

- Ok, monsieur le maniaque de la nourriture saine, réponds à ça: comment on est censés avoir notre dose de protéines si on mange pas de viande?

- Tu vas voir, T-Rex, tu vas voir.

- T-Rex?

Bo ramena ses mains contre ses épaules en agitant les doigts.

- Gros carnivore vicieux à petits bras.

Il sautilla hors d'atteinte du coup de Lucky.

- Comme tu viens de le prouver.

Temporairement figé sur place par cette répartie plus percutante que la sienne, Lucky lui accorda à contrecoeur dans sa tête un «bien joué».

- Que transportait-il exactement? demanda un homme pâle qui portait une cravate orange.

Le directeur devrait renvoyer cet abruti sur le champ pour avoir osé porter une couleur qui n'allait pas avec la salle de réunion. Orange, vraiment? Quelle horreur!