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Pourquoi n'avons-nous pas pu vivre dans le temps comme des oiseaux dans l'air, comme des enfants? C'est la faute de l'Empire! L'Empire a créé le temps de l'Histoire. L'Empire n'a pas situé son existence dans le temps uni, récurrent, tournant, du cycle des saisons, mais dans le temps déchiqueté de l'ascension et de la chute, du commencement et de la fin, de la catastrophe. L'Empire se condamne à vivre dans l'Histoire et à conspirer contre l'Histoire.
Afficher en entierQuand le gardien m'apporte à manger , je lui demande : "Quel est ce bruit?". Ils démolissent les maisons bâties contre le mur sud de la caserne, m'explique-t-il ; ils vont aggrandir la caserne et faire de vraies cellules. "Bien sûr, dis-je, il est temps que s'épanouisse la fleur noire de la civilisation". Il ne comprend pas.
Afficher en entierPour moi, au moment présent, alors que je m'éloigne à grands pas de la foule, il importe par-dessus tout de ne pas être contaminé par l'atrocité qui va bientôt être commise, et de ne pas non plus être empoisonné par ma haine impuissante de ceux qui la perpètrent. Je ne peux pas sauver les prisonniers : je me sauve donc moi- même. Que du moins l'on dise, si l'on en vient un jour à le dire, s'il existe un jour, dans un lointain avenir, quelqu'un que notre façon de vivre intéresse : dans cet avant-poste extrême de l'Empire de la lumière, il y avait un homme qui, dans son cœur, n'était pas un barbare.
Afficher en entierMais de celle-ci, je ne peux rien dire avec certitude. Je ne peux définir aucun lien entre son être de femme et mon désir. Je ne peux même pas dire à coup sûr que je la désire. Mon comportement érotique est entièrement indirect : je rôde autour d'elle, lui touchant le visage, lui caressant le corps, sans la pénétrer, sans trouver en moi l'impulsion qui m'y inciterait.
Afficher en entierDormir dans les bras d'une femme, dans un vrai lit, avoir de bonnes choses à manger, marcher au soleil - comme tout cela paraît plus important que le droit de déterminer sans que la police s'en mêle qui sont mes amis et qui mes ennemis!
Afficher en entierPeut-être que si j'avais su dès le début employer avec elle ce jargon jovial et sans souci, il y aurait eu plus de chaleur entre nous. Mais - imbécile que je suis - au lieu de la faire rire, je lui ai imposé ma tristesse oppressante. En vérité, le monde devrait appartenir aux chanteurs et aux danseurs ! Amertume futile, mélancolie oiseuse, vains regrets !
Afficher en entierLa souffrance, c'est la vérité : tout le reste est soumis au doute. Voilà ce que je retiens de ma conversation avec le colonel Joll, cet homme aux doigts fuselés, aux mouchoirs mauves, aux pieds minces dans des chaussures souples, que je ne cesse d'imaginer dans la capitale qu'il a visiblement hâte de retrouver, chuchotant avec ses amis dans les couloirs d'un théâtre, à l'entracte.
Afficher en entierQuel oiseau a le coeur à chanter, dans un buisson d'épines ?
Afficher en entierHier soir, je suis monté jusqu’à la chambre, mais la porte était fermée. J’ai fait comme si cela m’était égal. Elle a beaucoup d’amis, je n’ai pas cru que j’étais le seul... Mais qu’est-ce que je voulais ? Un endroit où dormir, c’est certain ; mais plus encore. Pourquoi nous le masquer ? Ce que les vieillards cherchent, nous le savons tous, c’est à recouvrer leur jeunesse dans les bras de jeunes femmes.
Afficher en entierJe ne peux pas sauver les prisonniers : que je me sauve donc moi-même. Que du moins l'on dise, si l'on en vient un jour à le dire, s'il existe un jour, dans un lointain avenir, quelqu'un que notre façon de vivre intéresse : dans cet avant-poste extrême de l'Empire de la lumière, il y avait un homme qui, dans son cœur, n'était pas un barbare.
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