Extraits

— Vous me croyez stupide ? cria-t-il.

— Non ! Mais tu es naïf. Tu as vu une toute petite partie de moi, une toute petite partie de la galaxie, mais au fond, tu ne connais rien.

Comme si un drain s’ouvrait en lui, Haz se vida d’un coup de ses émotions. Il ne lui resta qu’une profonde lassitude et la douleur qui irradiait dans sa jambe.

Il se rassit et continua :

— Tu as beaucoup d’énergie potentielle, Mot, ne l’oublie jamais. Moi, mon énergie est destructrice. Je suis comme un rocher branlant tout au bord d’une falaise, un jour ou l’autre, je tomberai en écrasant tout ce qui se trouve autour de moi. Toi y compris.

— Non.

Après cette dénégation instinctive, Mot réfléchit un moment.

— Vous ne tombez pas, Haz, vous volez, souffla-t-il.

— Le bas, le haut… tout est question de perspective, surtout dans l’espace. Au final, Mot, c’est la même chose.

— Non.

Mot secoua lentement la tête, puis il tourna les talons et quitta la cabine.

Il ne revint pas cette nuit-là.

— Qu’il trouve sa vie d’artefact sinistre, marmonna Haz, un peu pour lui-même, je veux bien le comprendre, il n’a ni famille ni liberté, et ils lui plantent constamment des aiguilles partout… Szot ! Mais quand même, il n’est pas le seul à avoir une vie de merde, et la plupart des gens tiennent à leur existence, aussi misérable soit-elle.

D’ordinaire, il n’était pas du genre à philosopher.

D’ordinaire, il n’était pas aussi sobre.

— Molly ? Crois-tu vraiment que je ne saurais pas quoi faire d’un ami ?

Waouh ! Quelle déclaration stupide ! Et pathétique !

— Je peux modifier ma programmation et simuler une amitié si vous désirez faire un test, Capitaine.

— Non, non, laisse tomber. C’est sans importance. Bonne nuit.