Extraits

— C’est bon ? demande Tori une heure plus tard en entrant dans la cuisine où je rêvasse toujours en sirotant mon café. Tout le monde est habillé ?

— Je suis toute seule. Et je porte un bas de pyjama et un sweat.

— Merci mon Dieu, répond-elle.

Elle se précipite sur la cafetière et se sert une grande tasse. Je la regarde avec amusement y ajouter assez de sucre pour mettre une usine de bonbons à sec, suivi d’une bonne dose de crème. Elle porte le récipient à sa bouche et vide la moitié du contenu d’un trait.

— Comment ça se fait que tu ne pèses pas une tonne ? dis-je, incrédule.

— C’est la génétique et mon mode de vie irréprochable.

— Sur les gènes, je ne vais pas te contredire…

“— Je veux ce qui nous liera le plus, répond-elle.

J’ai l’impression que mon cœur va s’envoler. Il bat comme les ailes d’un oiseau dans ma poitrine.

— Tu es sûre ?

Je lui passe un bras autour de la taille et l’attire contre moi, si près que son corps épouse le mien.

Si près que je sens son pouls qui bat à toute allure.

Que nous respirons le même air.

— Parce que c’est définitif, lui dis-je. Une fois que tu m’auras épousé, je ne te laisserai plus jamais partir. On peut avoir des problèmes, on peut ne pas être d’accord sur la façon de les régler, on peut parfois se faire du mal – même si je ferai en sorte de ne plus jamais te blesser –, mais ça n’aura pas d’importance. Parce que c’est pour toujours. Je ne te quitterai jamais. Je serai là pour t’épauler quand tu auras besoin de moi. Il faut que tu sois sûre de toi, Chloe, sûre et certaine. Parce qu’une fois qu’on sera mariés, je ne te laisserai plus jamais filer. Tu seras coincée avec moi pour le reste de ta vie dans ce monde, et celui d’après.

Je ne sais pas si j’essaie de la terroriser ou de la rassurer – peut-être un peu des deux, car je ne suis toujours pas certain d’être le meilleur choix pour elle –, mais peu importe. Car c’est avec une expression plus résolue que jamais qu’elle murmure :

— Et toi, tu seras coincé avec moi.”

“— Tu es tout pour moi, lui dis-je d’une voix saccadée.

Mon cerveau est loin de fonctionner à plein régime, mais je tiens à ce qu’elle le sache. À ce qu’elle l’entende.

— Ne me quitte plus jamais. Je veux bien qu’on s’engueule, que tu m’envoies chier, que tu ne m’adresses plus la parole. Tout ce qui te sera nécessaire. Mais je t’en supplie, ne me quitte plus.

Les joues ruisselantes de larmes, elle me regarde dans les yeux. Je me sens tellement mis à nu, tellement vulnérable devant elle, que pendant un instant j’ai envie de me détourner. Mais elle me répond.

— Je ne te quitterai plus. J’en serais incapable, même si je le voulais.

Et tout le reste s’évanouit.”

“Je ne veux pas tout faire foirer encore une fois.

Elle me regarde, et je vois des larmes briller dans ses beaux yeux. Mais aussi de la douleur et de la peur, une peur immense. Je manque de me briser de chagrin. Je pourrais tomber à genoux devant elle pour la supplier à nouveau de me pardonner. Pour tout ce qui s’est passé avant qu’on se rencontre… et tout ce qui s’est produit ensuite. Je ne mérite pas cette femme. Ni maintenant, ni jamais. Mais je n’ai pas le courage de la laisser partir, car elle est l’air que je respire, le sang qui coule dans mes veines.

— Ma chérie.

Je penche la tête pour l’embrasser avec douceur sur les joues, le front, les paupières. Ses larmes tièdes et salées me tordent les entrailles.

— Tout ira bien. Je te le promets.

— Je sais.

À présent, c’est elle qui pose les mains sur mon visage et m’attire vers elle afin de me regarder droit dans les yeux.

— Je t’aime, Ethan.

Je sens mon cœur fondre.

— Moi aussi, je t’aime.

— Je le sais bien. Et je sais aussi que ça implique pour toi de me protéger. Mais j’ai besoin que tu me promettes quelque chose.

— Tout ce que tu voudras, dis-je sans prendre le temps de réfléchir.

Elle respire un grand coup, et je remarque enfin qu’elle tremble. J’esquisse le geste de la serrer contre moi afin de la réchauffer, mais elle résiste. Elle reste campée sur ses talons.

— Plus de mensonges. Je peux supporter tout le reste. Brandon, ta mère, même ces vautours de journalistes si mon passé vient à s’ébruiter. Mais tu ne dois plus me mentir. Pas si on veut avoir une chance de se construire un avenir ensemble.

Ses paroles tombent dans l’abîme grandissant qui nous sépare.

Merde.

Je sais qu’elle a raison. Et je n’ai aucune envie de lui mentir. Je ne l’ai jamais souhaité. Mais elle est si fragile en ce moment, tout son univers ébranlé par la réapparition de mon connard de frère. La dernière chose que je veux, c’est lui causer plus de tourments. Plus de souffrance.

— Chloe…

— Non, m’interrompt-elle, d’une voix qui est tout sauf fragile. Ce serait un motif de rupture, Ethan. J’ai passé de trop nombreuses années enfermée dans le mensonge. Je ne veux plus vivre ainsi. Je ne baisserai plus la tête, je ne ferai plus semblant parce que ça arrange tout le monde. Et je ne te laisserai pas le faire, toi non plus. Si tu veux qu’on reste ensemble, si tu veux que je prenne l’avion pour Vegas et qu’on se marie dans quelques heures, alors tu dois me promettre de toujours me dire la vérité.”