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Mais n'importe quoi peut arriver n'importe quand. La sécurité ne fait pas tout. Et il ne suffit pas d'être vivant pour vivre.
Afficher en entierLA MARIÉE IRA MAL
Il m'arrive de relire mes romans préférés en partant de la fin. Je commence par le dernier chapitre, et je lis à rebours jusqu'au premier.
Quand on lit de cette manière, les personnages vont de l'espoir vers le désespoir, de la connaissance de soi vers le doute. Dans les histoires d'amour, les couples sont d'abord amants, avant de devenir des étrangers. Les récits d'initiations se transforment en récits d'égarement. Des personnages reviennent même à la vie.
Si ma vie était un roman qu'on lisait à l'envers, rien ne changerait. Aujourd'hui est pareil à hier, demain sera pareil à aujourd'hui. Dans le "Livre de Maddy", tous les chapitres se ressembleraient.
Jusqu'à l'arrivée d'Olly.
Avant lui, ma vie était un palindrome : exactement la même dans les deux sens, comme dans "Léon a rasé César à Noël" ou "La mariée ira mal". Olly est comme une lettre piochée au hasard, un grand X en caractère gras jeté au milieu d'une de ces phrases.
Et maintenant ma vie n'a plus aucun sens. Je voudrais presque ne l'avoir jamais rencontré. Comment pourrais-je retourner à mon existence d'avant ? Cette existence dans laquelle tous les jours s'étirent devant moi avec une similitude brutale et infinie ? Comment pourrais-je redevenir cette "fille-qui-lit" ? Non pas que je regrette l'ancienne vie que je passais plongée dans mes livres. Tout ce que je sais du monde, je l'ai appris grâce à eux. Mais la description d'un arbre ne sera jamais un arbre, et un millier de baisers de papier n'égaleront jamais la sensation des lèvres d'Olly posées sur les miennes.
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- Je t'aime toujours, Madeline. Et toi aussi, tu m'aimes toujours. Tu as toute la vie devant toi. Ne la gaspille pas. Pardonne-moi.
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L'océan.
C'est plus bleu, plus grand, plus turbulent que je ne l'imaginais. Le vent soulève mes cheveux, le sable et le sel fouettent ma peau, entrent dans mon nez. J'attends d'être en bas de la dune pour retirer mes chaussures. Je retrousse mon pantalon aussi haut que possible. Le sable est chaud, sec, et mouvant. Il dévale mes pieds, s'insinue entre mes orteils. Il change quand je m'approche de l'eau : le voilà collant, il fait comme une seconde peau sur mes pieds. Tout au bord de l'eau, il change de nouveau, et devient d'une texture aussi douce que du velours liquide, dans lequel mes pieds laissent leur empreinte.
Finalement l'eau vient lécher mes orteils, puis mes chevilles, puis mes mollets. Je continue d'avancer jusqu'à ce qu'elle m'arrive aux genoux et mouille mon jean.
- Fais attention ! crie Olly quelque part dans mon dos.
Etant donné le contexte, je ne comprends ce qu'il veut dire. Attention à ne pas me noyer ? Attention à ne pas attraper froid ? Attention parce que, une fois qu'on a goûté au monde, il fait partie de nous ?
Oui, parce qu'il n'y a pus aucun doute, maintenant. Le monde fait partie de moi. Et je fais partie de lui.
( pages 231-232 )
Afficher en entierJ'aimerais pouvoir répondre quelque chose, pas la première chose qui me passe par la tête non, les paroles parfaites pour le consoler, pour lui faire oublier sa famille pendant quelques minutes, mais je ne trouve pas. C'est pour ça que les gens se touchent. Parce que, parfois les mots ne suffisent pas.
( page 126 )
Afficher en entierL'après-midi, j'admets sans le dire que Carla a peut-être mis le doigt sur quelque chose. Je ne suis sans doute pas amoureuse, mais je l'aime bien. Je l'aime sincèrement bien.
( page 95 )
Afficher en entier-En fait, si, déclare enfin Olly. Je suis nerveux.
-Pourquoi ?
Il prend une grande inspiration, mais je ne l'entends pas expirer.
-Je n'ai encore jamais ressenti ce que je ressens pour toi.
[...]
Il inspire de nouveau.
-Au fond de moi, je sais que j'ai déjà été amoureux, mais ça n'avait rien à voir. Être amoureux de toi, c'est encore mieux que de l'être pour la première fois. C'est comme si c'était la première, la dernière et l'unique fois en même temps.
-Olly, dis-je, s'il y a une seule chose que je connais en ce monde, c'est mon cœur. Crois-moi.
Il revient sur le lit et étend un bras. Je me blottis contre lui et pose la tête à cet endroit qui semble avoir été conçu juste pour moi, entre son cou et son épaule.
-Je t'aime, Maddy.
-Je t'aime, Olly. Je t'aimais avant même de te rencontrer.
Nous dérivons doucement vers le sommeil, lovés l'un contre l'autre, sans plus parler, laissant le monde faire du bruit pour nous, car, pour l'instant, plus aucun mot n'a d'importance.
Afficher en entierLe même jour, 20:16
Olly : déjà connectée ?
Madeline : J'ai dit à ma mère que j'avais beaucoup de devoirs.
Olly : tu vas bien ?
Madeline : Tu veux savoir si je suis malade ?
Olly : oui
Madeline : Jusque-là tout va bien.
Olly : tu es inquiète ?
Madeline : Non, je vais bien.
Madeline : Je vais bien, j'en suis sûre.
Olly : tu es inquiète
Madeline : Un peu.
Olly : je n'aurais pas dû je regrette
Madeline : Faut pas. Moi, je ne regrette pas. Je n'échangerais ça contre rien au monde.
Olly : oui mais
Olly : t'es sûre que ça va ?
Madeline : Je me sens comme neuve.
Olly : tout ça rien qu'en me tenant la main, hein, t'imagines si tu m'embrassais
Madeline : ...
Madeline : Les amis ne s'embrassent pas, Olly.
Olly : les vrais, si
Afficher en entier-Pourquoi j'ai l'impression de te connaître depuis toujours ? demande-t-il.
Je n'en sais rien, mais je ressens la même chose.
Afficher en entierNous observons la façon avec laquelle l'eau recule, puis repart à l'assaut du sable, cherchant à grignoter la terre. Et même si elle n'y parvient pas, elle prend à nouveau son élan, attaque encore et encore, comme s'il n'y avait pas eu de fois précédentes, comme s'il n'y avait pas eu de fois suivantes, comme si seul comptait le temps présent.
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