Extraits

— Vous m'avez coupée à la main, m'entends-je dire.

C'est arrivé, non ?

— Vous m'avez fait bien pire. Que dois-je faire de vous, Romeria ? soupire-t-il.

“Even though I know there is something you continue to hide, I am fighting against this constant aching pull I feel toward you … fighting and losing.”

Je détache mon regard blasé de la fenêtre pour accueillir Corrin.

L’arrogante servante se tient dans l’encadrement de la porte avec un plateau de nourriture. Je sais déjà sans le détailler qu’il contient un verre de vin dilué, un bol de ragoût sans viande, une tranche de pain sec, et soit une pomme soit une poire. Tous les repas sont les mêmes, la seule variante étant le ratio de légumes mous et le mélange d’herbes.

— Ici. Merci.

Corrin entre pour poser mon déjeuner sur le petit bureau dans le coin, sa jupe bleu marine bruissant au rythme de ses pas précipités. À part les visites de Wendeline, qui vient soigner mes blessures, la petite domestique est ma seule compagne. Si on peut qualifier de « compagne » une femme qui livre de la nourriture et des habits propres en me toisant avec une animosité non dissimulée.

Elle m’a été assignée par « bonté du roi », m’a-t-elle annoncé le premier jour où elle est venue m’apporter mon repas et récupérer les serviettes sales, l’air pincé, comme si je dégageais une odeur nauséabonde. Elle avait ensuite listé tout ce qu’elle ne ferait pas pour moi – m’aider à m’habiller, me préparer, me laver. En somme, que des choses pour lesquelles je ne veux pas et n’attends pas d’assistance, même en étant blessée ; mais elle les a énoncées à voix haute et d’un air suffisant, comme si elle lisait une lettre disant : Va te faire voir la princesse déchue, Signé le personnel.

Elle sourit.

— Je vois une jeune femme futée qui a appris à survivre et à s’adapter après avoir été trahie et abandonnée par ses proches, qui est parfaitement consciente de ce qui l’entoure, qui sent le danger mais a le courage de rester sur le qui-vive même dans les situations les plus périlleuses, et qui sait reconnaître quand elle n’a pas d’autre choix que de tirer le meilleur parti des circonstances dans lesquelles elle se trouve. Toutes ces choses vous seront utiles.

Je rougis. Je n’ai pas l’habitude qu’on me fasse des compliments

- Ils n'ont pas le choix. Ces nobles ont accumulé un pouvoir qu'ils n'ont pas le droit d'exercer. Cela va changer à partir de maintenant. Ils n'ont pas leur mot à dire sur la personne que je vais épouser ou que j'aime.

— Est-il fréquent que vous ayez du public pendant votre bain ?

— Si une femme vient dans ma salle de bains, elle ne s'assied pas sur une chaise à côté de moi, répond-il avec un sourire moqueur.

Je sais qu'il y a encore une chose que vous me cachez, et je me bats contre cette attirance constante et douloureuse qui me tire vers vous. Je me bats et je perds.