Extraits

Victoire retint un soupir de lassitude. Elle était dans la file qui menait au comptoir du Starbucks depuis près d’une demi-heure et avait l’impression que cette dernière ne finissait pas de s’allonger. Abritée derrière ses lunettes de soleil adaptées à sa vue, Victoire pensa à Roméo qui devait sûrement se demander si elle l’avait oublié.

Dès que son alarme avait retenti, Victoire s’était précipitée sous la douche,frissonnant dans l’air frais. Elle avait ensuite rejoint sa chambre, s’était glissée dans des sous-vêtements sexy et avait enfilé un jean et un top imaginé par Shauna qu’elle avait elle-même cousu. Une fois correctement chaussée, elle avait emporté son sac à main et filé en direction de la boulangerie où elle avait fait l’acquisition de viennoiseries toutes fraîches avant de se rendre au spécialiste du café situé près de l’hôpital.

Chapitre 1 :

« … – Dégagez ! Je ne veux voir personne ! éructa une voix qui venait du fond du lit ! Fichez le camp !

Sans même prendre la peine de lui répondre, Victoire se dirigea vers le bouton servant à relever les volets et l’actionna, laissant le soleil envahir la pièce, puis elle ouvrit la fenêtre, appréciant le courant d’air qui rafraîchit son visage.

– Bordel, vous ne pigez pas lorsqu’on vous cause ! gronda Roméo en se redressant d’un bond.

– Bonjour, Roméo, comment vas-tu ? demanda Victoire en lissant sa longue jupe blanche.

– Putain de merde, mais qu’est-ce que tu fiches ici, toi ? Fous le camp ! s’énerva-t-il.

– Non, pas tout de suite, réfuta-t-elle en s’asseyant sur le bord du fauteuil, les genoux serrés l’un contre l’autre.

– Je vais appeler une infirmière et lui demander de te jeter dehors ! cria-t-il.

– Le problème, d’après ce que j’ai compris, c’est qu’aucune d’elles ne bougera le petit doigt pour la simple et bonne raison que tu es infect avec le personnel médical et aussi avec tes amis !

– Ce sont eux qui t’envoient ? Si c’est le cas…

Victoire laissa échapper un léger rire qui sonna comme une musique aux oreilles de Roméo.

– Les Fighters savent très bien que tu ne ferais qu’une bouchée de moi si j’osais t’approcher ! Non, si je suis là, c’est de mon propre chef !

…

– Apprends une chose Roméo : j’ai horreur d’utiliser mon nom pour venir en aide à des petits cons dans ton genre. Alors, écoute-moi bien ! Je sais que tu es triste, en rage et que plein de sentiments tournicotent là, dans ta tête ! explosa-t-elle en tapotant sa propre tempe. Mais ce n’est pas une raison pour te comporter comme un crétin et envoyer tout le monde bouler. Alors si tu n’as pas envie que je te frappe, là tout de suite, tu vas bouger ton cul de ce lit et me suivre jusqu’à la salle de bains. Je vais t’aider à te laver, te changer et ensuite, on ira prendre un repas à la cafétéria.

– Hors de question ! la contredit-il.

– Oh si, tu vas le faire, parce que sinon, je vais venir ici tous les jours, je vais même dormir à tes côtés, le menaça-t-elle. Je vais te chanter des berceuses, te lire du Maupassant ou du Byron. Je vais…

– C’est bon, c’est bon ! T’es franchement chiante !

Il se redressa péniblement et un vertige s’empara de lui.

– Je parie que tu ne t’es pas levé de ce lit depuis ton arrivée ici, lui dit-elle gentiment. Tu peux t’appuyer sur moi, si tu veux !

– Vu ton gabarit et le mien, la seule chose que tu réussiras à faire, c’est m’entraîner dans ta chute, maugréa-t-il. Donne-moi une minute.

... »