Extraits

En fait, après avoir parcouru son histoire, je ne m'attendais pas à ce qu'adulte, elle ait conservé cette espèce de gravité qui me ramène aux fondements de mon être. Captif de ce qu'elle dégageait gamine, j'ai découvert, hébété, une addiction encore plus prégnante devant la femme. J'ai surmonté cette surprise, pas mon envie de la toucher en vrai.

« Tu m’as permis d’entrer dans ta vie, Savage. J’aurais pu me tenir loin de toi (il se tait une seconde, puis esquisse un sourire diabolique) ou peut-être pas… mais tu m’as autorisé à te goûter et à te posséder, me confesse-t-il à cette seconde où ma logique chancelle. Il n’y aura pas de retour en arrière, peu importe que tu réalises un jour qu’il y a réellement un monstre en moi. Toi et moi, Savage, nous sommes liés. À jamais. Et personne ne changera ça ! »

Elle n'est pas seulement à moi, elle a été créée pour se fondre dans l'abysse de mon être. Peu importe si les ombres qui me constituent menacent sa lumière. Au milieu de mes ténèbres, l'éclat de son âme est comme un dianmant brut qui m'est aussi nécessaire que l'air que je respire.

Je ne suis plus maîtresse de moi, Tyee s'empare de mon souffle et de chaque parcelle de mon être comme si je lui appartenais. Entre ses bras, je deviens une poupée avide de sa chaleur et de sa passion, même si elle est débridée et sauvage.

... pire que la mort: l'oubli n'est pas uniquement une triste fatalité, il vous arrache le coeur et l'âme en vous volant celle que vous étiez.

Chapitre 4 :

Tyee

« … Les mâchoires verrouillées d’une tension soudaine qui se répercute dans mes muscles, j’effleure une dernière fois la joue ronde sur le papier glacé, puis referme le dossier d’un claquement sec, me focalisant sur la seule chose importante à mes yeux : je la tiens ! Elle l’ignore encore, mais je la tiens ! ...»

Chapitre 2 :

Savage

«… En revanche, il y a chez Tyee Claymore une acuité inhabituelle. Une espèce d’attention qui me dicte qu’il ne loupe rien de mes réactions, même les plus infimes. Évidemment, il est flic, mais ça va au-delà. J’en frissonne, sans discerner quelle émotion prédomine chez moi.

– En vérité, j’étais pressé de vous rencontrer, continue-t-il. Vous savez que vous êtes une légende pour mes gars ?

– Une légende ? raillé-je. Rien que ça !

– Vous avez un score de cent pour cent d’identification et un talent reconnu par tous pour découvrir les causes de décès, même les plus énigmatiques.

– Je me sentirais bien flattée si ce n’était pas mon boulot…

Contre toute attente, Tyee bascule la tête en arrière et libère un éclat de rire puissant. Les courbes de sa gorge ainsi exposées me dévoilent un détail que je n’avais pas encore noté. Sous le col de sa chemise, je repère des lignes noires, preuve qu’un tatouage court sur son torse jusqu’à la limite de son cou.

– Pourquoi êtes-vous là, chef ?

– Tyee, me corrige-t-il de nouveau.

Je me mords les lèvres pour ne pas laisser sortir un « chef » sarcastique, pour le simple plaisir de lui tenir tête. Mais un élancement désagréable au bas de ma nuque me rappelle que ma migraine n’est pas si loin de la surface…

– Écoutez, Tyee, j’ai une autopsie qui m’attend et pas vraiment le temps de jouer aux devinettes.

– On m’avait prévenu que vous étiez franche du collier…

– Eh bien maintenant que vous avez vérifié ce point, on peut conclure ?

Il me faut une seconde pour intégrer le double sens de mes propos. Je ne suis pas du genre à me décomposer ou à rougir pour aussi peu, mais mes orteils se recroquevillent dans mes chaussures lorsque le regard noir de mon visiteur me balaie avec lenteur, comme on évalue un mets particulièrement délectable, avant de revenir s’ancrer au mien.

Tyee n’est pas seulement attentif, il me donne à cette seconde l’impression que je suis l’unique personne digne de son intérêt

...»