Ajouter un extrait
Liste des extraits
Elle avait reconnu, à travers les traits de ce jeune homme assis dans un coin, celui qu’elle n’avait pas revu depuis au moins trois ans, ce garçon qui à l’époque était bien trop jeune pour qu’elle ose s’y intéresser. C’était du moins ce que supposait Hayley, elle qui, à la façon dont sa mère en parlait, l’avait toujours soupçonnée d’être tombée amoureuse de lui bien avant leur rencontre. Elle avait vu des photos de son père à quinze ans. Il était déjà irrésistible. Ils avaient passé toute la nuit ensemble et ne s’étaient, dès lors, plus jamais quittés.
Afficher en entierC’était le dixième animal qu’il rapportait depuis le début de l’été. Il avait commencé par des chats ou des lapins, puis avait capturé un chien errant aux alentours du vieux château d’eau en l’appâtant avec un morceau de viande. Il les lui fallait vivants, il avait passé l’âge de jouer avec les cadavres. C’était leur chaleur qu’il voulait leur voler, et savoir combien de souffrances ils pouvaient endurer, combien de sang s’écoulerait de leurs plaies avant que leur cœur ne s’arrête définitivement de battre. Morts, ils lui appartenaient totalement. Morts, ils lui appartenaient tous.
Afficher en entierElle referma son œil. Et quand elle le rouvrit, elle se trouva à nouveau seule dans la chambre. Une fois encore abandonnée.
Et elle entendit le grincement du parquet derrière elle, vit avec terreur la sombre silhouette brandir son arme étincelante. Elle n'eut pas le temps de hurler qu'elle sentit le choc contre sa tête, son visage se pulvériser, et le monde tout autour d'elle redevint, en un instant, absolument rouge.
Afficher en entierHailey sentit d'emblée que quelque chose était différent quand la voiture entra dans la propriété de Norma, quelque chose d'impalpable, comme une harmonie brisée.
Pourtant c'était la même maison, le même terrain, le même ciel sans nuages.
Afficher en entierIls restèrent ainsi tous les trois, jusqu'à ce que le soleil disparaisse complètement, qu'une nuit noire se déverse comme du sang dans les artères frémissantes de Manhattan, d'éphémères lueurs orangées persistant aux sommets des tours de Financial District. Trois gamins du Kansas qui, enlacés et ivres de l'air des hauteurs, regardaient bien en face, liés par un même souffle mêlé de défi et d'espoir, toutes les belles vies qui les attendaient trois cent mètres plus bas.
Afficher en entierHailey s'assit un instant dans l'herbe. Elle s'imagina s'y allonger pour regarder les étoiles jusqu'à ce qu'une main ferme l'invite à se relever.
Pour une danse, une caresse, une discussion prolongée.
Comment était-ce possible de se sentir si seule, entourée d'autant de monde ?
Afficher en entierHayley alluma la télévision de la cuisine et tomba sur un bulletin d’information de Fox News. Un 747 d’American Airlines venait de se crasher dans l’Atlantique, au large des Açores. Il n’y avait aucun survivant. Les équipes envoyées sur place étaient à la recherche des boîtes noires de l’appareil. Hayley avait une peur absurde de l’avion et ne put s’empêcher de frémir en regardant les débris calcinés qui flottaient sur l’eau, imaginant ce qu’avaient dû subir les passagers affolés, conscients que ces instants où la raison se perd seraient les derniers qu’ils vivraient dans cette vie chutant droit vers l’océan.
Afficher en entierElle l’avait enfin trouvé dans une des chambres d’amis du deuxième étage, couché à demi nu sur Sydney Bose. Ahurie, Hayley n’avait su quoi faire, pendant qu’eux s’étaient rhabillés en hâte. Elle s’était ensuite enfermée dans les toilettes de l’étage, sourde aux demandes de Neil de lui ouvrir. Elle y était restée une heure entière, agenouillée sur le sol, vomissant de temps en temps dans la cuvette tout l’alcool qu’elle avait ingurgité, la bouche pleine d’un goût de menthe amère, incapable de penser à autre chose qu’à Sydney plaquée contre le matelas, ses cheveux roux et bouclés comme électrifiés, et qui l’avait toisée en se délectant du mal qu’elle lui faisait. Mais la haine qu’elle avait ressentie pour elle n’était rien en comparaison de celle qu’elle avait éprouvée pour Neil Barnes, qui avait couché avec une autre alors qu’il était censé la rejoindre pour leur première nuit.
Afficher en entierHayley marcha par inadvertance sur une bougie laissée sur la moquette. Elle pensait les avoir toutes enlevées avant de se coucher, ainsi que cette décoration niaise à mourir qu’elle avait préparée pour lui, dans l’espoir que le moment qu’ils passeraient ensemble soit le plus parfait possible. De rage, elle avait tout jeté dans un sac-poubelle qui traînait près de sa porte. Elle se méprisait d’avoir été aussi naïve.
Afficher en entierPuis, ne parvenant plus à se contenir, il la pressa contre la gorge du chien, qu’il trancha d’un geste sec, le sang qui gicla de la blessure lui éclaboussant les cuisses. Il ne s’était pas attendu à ce qu’il en sorte autant en une seule fois, comme s’il avait été concentré dans la partie supérieure de l’animal. Tommy retira son T-shirt à l’effigie des Royals et le balança un peu plus loin, près de son jean et de ses baskets brunies par la terre. Il était maintenant entièrement nu. C’était ainsi qu’il se sentait le plus à l’aise pour mutiler la chair, et sa mère ne le laisserait plus jamais en paix si elle découvrait des taches de sang sur ses vêtements. Tommy planta le couteau dans le flanc du chien et recommença aussitôt, encore et encore, accélérant le rythme des perforations, poussant des cris de joie en sentant les os rompre sous ses coups.
Afficher en entier