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5 Léo

LEO VOULAIT ETRE CAPABLE D’INVENTER UNE MACHINE A VOYAGER DANS LE TEMPS. Il retournerait deux heures en arrière et empêcherait les évènements précédents de se produire.

Ou bien, il inventerait une machine « frappe la tronche à Léo » pour se punir, mais il se dit que ça ne serait rien par rapport aux regards que lui lancer Annabeth.

« Encore une fois » dit-elle. « Que-ce-qui s’est passé exactement ? »

Léo était affalé contre le mât. Sa tête lui faisait encore mal depuis qu’elle avait frappé le pont du navire. Tout autour de lui, son beau navire tout neuf était en ruines. Les arbalètes arrière n’étaient plus que des morceaux de bois fumants. Une des voiles était en lambeaux. L’antenne satellite qui alimentait Internet et la télévision à bord avait volé en éclats, ce qui avait rendu Hedge complétement fou.

Leur figure de proue, Festus, crachait de la fumée comme s’il s’agissait d’une boule de poils, et Léo pouvait deviner aux bruits du côté bâbord, que certaines rames étaient hors services, ou simplement cassées. Cela pouvait expliquer pourquoi le navire était incliné et pourquoi le moteur faisait des bruits semblables au sifflement d’un train asthmatique.

Le garçon étouffa un sanglot : « Je ne sais pas. C’est flou »

Trop de monde l’observa : Annabeth (Léo détestait la mettre en colère, cette fille lui faisait peur), Hedge avec ses pattes de bouc velues, son polo orange, et sa batte de baseball (l’avait-il tout le temps avec lui ?), ainsi que le petit nouveau qui répondait au nom de Frank.

Léo ne savait pas trop quoi penser de Frank. Il ressemblait à un bébé sumotori mais il n’était pas assez stupide pour le dire à voix haute. La mémoire de Léo était encore floue, même semi-conscient, mais il était quasi-sûr d’avoir vu un dragon se poser sur le navire. Puis le dragon s’était transformé en Frank.

Annabeth croisa les bras : « Tu es en train de me dire que tu ne te souviens pas ? »

« Je … » Léo avait l’impression d’essayer d’avaler une bille. « Je me souviens, mais c’était comme si je m’observais en train de le faire… Je ne pouvais pas me contrôler »

Hedge frappa le pont avec sa batte. Dans ses vêtements de sports, avec sa casquette cachant ses cornes, il était exactement le même qu’à l’Ecole du Monde Sauvage, où le satyre s’était infiltré comme enseignant pour les protégerlui et ses amis, Jason et Piper.

La façon dont le satyre l’observa était terrible, Léo se demanda si l’entraineur allait lui demander de faire des pompes.

« Ecoute, petit ! » dit Hedge. « Tu as fait sauter des tas de trucs. Tu as attaqué les Romains. Incroyable ! Excellent même ! Mais pourquoi as-tu fait sauter l’antenne satellite ? J’étais en train de regarder un match en cage »

« Coach » l’interrompit Annabeth.« Pourquoi ne pas vous assurer que tous les feux soient éteins ? »

« Mais j’ai déjà vérifié ça! »

« Faîtes-le encore une fois ! »

Le satyre se retira à contrecœur, marmonnant dans sa barbe. Même Hedge n’était pas assez fou pour oser défier Annabeth.

Elle s’agenouilla aux côtés de Léo. Ses yeux gris semblaient imperturbables. Ses cheveux blonds tombaient au niveau de ses épaules, mais Léo ne la trouvait pas si belle que ça.

Il n’avait aucune idée d’où le stéréotype de la blonde stupide et sans cervelle était apparu. Depuis qu’il avait rencontré Annabeth l’hiver dernier au Grand Canyon. Depuis qu’elle avait marché vers eux avec cette expression : « Donnez-moi Percy Jackson, ou je vous tue ! », Léo considérait les blondes comme trop intelligentes et trop dangereuses.

« Léo » dit-elle calmement. « Octave ne t’aurait pas trompé en quelque sorte ? T’aurait-il manipulé … ? »

« Non » Léo aurait préféré mentir et pouvoir blâmer ce stupide Romain, mais il ne voulait en aucun cas aggraver la situation. « Ce gars est un abruti, mais il n’a pas tiré sur le camp. Moi si … »

Le petit nouveau, Frank, fronça les sourcils : « Intentionnellement ? »

« Non » Léo ferma les yeux. « En fait, si …Enfin, je ne le voulais pas. Mais en même temps, c’était comme si je le désirais. Quelque chose me forcer à le faire. Il y avait cette sensation de froid à l’intérieur de moi … »

« Une sensation de froid » le ton d’Annabeth avait changé. Elle paraissait effrayée à présent.

« Ouais » dit Léo. « Pourquoi ? »

Sous le pont, Percy appela sa petite-amie : « Annabeth, nous avons besoin de toi »

« Oh, par les dieux ! » pensa Léo. « Pitié, faites que Jason aille bien ! »

Dès qu’ils étaient arrivés à bord. Piper avait amené Jason à l’abri. Sa blessure à la tête avait l’air assez grave. Léo avait côtoyé Jason plus que quiconque à la Colonie des Sang-Mêlé. Ils étaient meilleurs amis. Si Jason ne s’en sortait pas …

« Il va s’en sortir » l’expression d’Annabeth s’adoucit. « Frank, je vais revenir. Peux-tu … garder un œil sur Léo, s’il te plait ? »

Frank hocha la tête.

S’il était possible que Léo se sente plus mal, et bien c’était le cas. Annabeth faisait plus confiance à un demi-dieu Romain qu’elle avait côtoyé l’espace de … trois secondes, qu’elle ne faisait confiance à Léo.

Une fois partie, les deux garçons se dévisagèrent. Le grand gaillard avait une allure bizarre dans son drap de lit … ah toge pardon, son sweat gris, son jean et son arc avec un carquois de flèches sur ses épaules (que le garçon avait dû piocher dans l’arsenal du navire).

Léo se souvenait de la fois où il avait rencontré les chasseresses d’Artémis – un tas de jolies filles agiles portants des vêtements d’argent, toutes armées d’un arc. Il s’imagina Frank à leur côté. L’idée était si ridicule qu’il commençait presque à se sentir mieux.

« Alors » dit Frank. « Tu ne t’appelles pas Sammy ? »

Léo fronça les sourcils : « C’est quoi cette question, mec ? »

« Rien » lui répondit rapidement Frank. « Je pensais… oh c’est rien ! A propos de ton attaque sur le camp … Octave pourrait y être pour quelque chose, avec de la magie ou un truc dans le genre. Il ne voulait pas que les Romains s’entendent avec vous les gars »

Léo voulait bien le croire. Il était reconnaissant envers ce gars de ne pas le haïr. Mais il savait qu’il ne s’agissait pas d’Octave. Léo avait marché en direction d’une baliste et s’était mis à tirer. Une partie de lui savait que c’était mal. Il s’était demandé : « Mais diable ! Que-ce que je fais ? »

Dans tous les cas, il était responsable.

Peut-être qu’il était devenu tout simplement fou. Ces longs mois de travail sur l’Argo II… étaient finalement parvenus à venir à bout de lui.

Ah non, il ne pouvait pas penser à des trucs pareils. Il avait besoin de s’occuper l’esprit. Ses mains avaient besoin de travailler.

« Ecoute » dit-il. « J’ai besoin de parler à Festus afin d’obtenir un rapport sur l’état du navire. Tu pourrais ? … »

Frank l’aida à se relever. « Qui est Festus ? »

« Mon ami » dit Léo. « Son nom n’est pas Sammy au cas-ou tu te poserais la question. Viens. Je vais te le présenter »

Heureusement, le dragon de bronze n’était pas endommagé. Enfin, mis à part le fait que l’hiver dernier, il avait tout perdu, sauf la tête, mais Léo ne faisait pas allusion à cela.

Quand ils arrivèrent à la proue du navire, le dragon se retourna de cent-quatre vingt degrés et les observa. Frank glapit et recula.

« Il est vivant ! »

Léo aurait ri s’il ne se sentait pas aussi mal. « Ouais, Frank, je te présente Festus. Avant, il était un dragon de bronze complet, mais nous avons eu un accident … »

« Tu as beaucoup d’accidents dis-moi ! » lui fit remarquer Frank.

« Mmh… la plupart d’entre nous ne peuvent pas se transformer en dragons, donc nous devons construire les nôtres ». Léo leva un sourcil en observant Frank. « Quoi qu’il en soit, je l’ai remis en état comme figure de proue. C’est l’interface principale du navire maintenant. Comment va le navire, Festus ? »

Festus renifla la fumée et produit une série de grincements et de sifflements. Au cours des derniers mois, Léo avait appris à comprendre ce langage des machines. Les autres demi-dieux pouvaient comprendre le grec ou le latin. Léo pouvait parler le Sifflement et le Grincement.

« Ah » Léo hocha la tête. « Ça aurait pu être pire, mais la coque est vraiment endommagée à certains endroits. Les rames du pont doivent être réparées pour que nous puissions à nouveau avancer à pleine vitesse. Nous aurons besoin de différents matériaux de réparation : le bronze céleste, le goudron et la chaux »

« De quel truc chaud as-tu besoin ? »

« Mec, je parle de la chaux. Du carbonate de calcium, utilisé pour faire le ciment et d’autres trucs … oh, laisse tomber … Le problème, c’est que le navire n’ira pas très loin si nous ne réglons pas ce problème rapidement ».

Festus fit un bruit de claquement que Léo ne comprenait pas. Cela ressemblait à « Ah … zèle !»

« Oh… tu veux dire Hazel ? » traduisit le garçon. « C’est la fille avec les cheveux bouclés, c’est ça ? »

Frank déglutit : « Elle va bien ? »

« Ouais, elle va bien ! » le rassura Léo. « Selon Festus, son cheval coure en dessous de nous. Elle nous suit »

« Nous devons nous poser, alors » dit Frank.

Léo l’étudia. « C’est ta petite-amie ? »

Frank se mordit les lèvres : « Ouais »

« Tu sembles hésiter ? »

« Oui, oui …c’est ma petite-amie. J’en suis certain ! »

Léo leva ses mains : « Bon, très bien ! Le problème, c’est que nous ne pourrons qu’atterrir une seule fois. La coque et les rames sont dans un tel état qu’il serait impossible de décoller à nouveau, pas avant de les avoir réparées en tout cas. Nous devons donc trouver un endroit où nous poser, assez proche de chaque matériaux qu’on recherche ! »

Frank se gratta la tête. « Où trouver du bronze céleste ? Tu ne peux pas simplement t’approvisionner chez Home Dépôt ? »

« Festus, scanne la région s’il te plait ! »

« Il peut détecter le bronze magique ? » demanda Frank, émerveillé. « Il y a un truc qu’il ne puisse pas faire ? »

Léo se disait : « Si tu l’avais vu lorsqu’il était en un seul morceau ». Mais il resta silencieux. C’était trop douloureux, de penser à quoi ressemblait Festus avant.

Léo regarda par-dessus la proue du navire. La vallée centrale de la Californie s’étendait sous ses pieds. Léo n’avait aucun espoir sur le fait qu’ils puissent trouver ce dont ils avaient besoin dans un seul lieu, mais ils devaient essayer. Léo voulait également mettre le plus de distance possible entre lui et la Nouvelle-Rome.

L’Argo II pourrait couvrir une distance assez importante en peu de temps, grâce à son moteur magique, mais Léo comprit que les Romains avaient également leurs moyens de transports magiques.

Derrière lui, les escaliers grincèrent. Percy et Annabeth sont apparus, le visage sombre.

Le cœur de Léo flancha : « C’est Jason, c’est ça ? »

« Il se repose » lui dit Annabeth. « Piper garde un œil sur lui, il devrait aller mieux d’ici peu de temps … »

Percy lui lança un regard sévère : « Annabeth m’a dit que tu avais tiré avec la baliste ? »

« Mec, Je … je ne comprends pas comment cela est arrivé. Je suis tellement désolé »

« Tu es désolé ?!! » gronda Percy.

Annabeth posa la main sur la poitrine de son copain. « Nous règlerons cela plus tard, nous devons nous regrouper et élaborer un plan. Quel est l’état actuel du navire ? »

Les jambes de Léo tremblèrent. La façon dont Percy l’observa lui fit la même sensation que lorsque Jason invoquait la foudre. La peau de Léo vibra, et toutes les molécules de son corps lui dit : « Sauve-toi ! »

Il énuméra à Annabeth les dégâts et les matériaux dont ils avaient besoin. Au moins, parler de quelque chose de réparable lui fit du bien.

Le garçon énonça le besoin de trouver du bronze céleste lorsque Festus se mit à ronronner et à grincer.

« Oh génial ! » dit-il en poussant un soupir de soulagement.

« Que-ce qui est génial ? » lui rétorqua Annabeth. « Je ne pense pas que le mot « génial » soit idéal pour décrire notre situation »

Léo se mit à sourire. « Tout ce dont nous avons besoin se trouve dans un seul et même lieu. Frank, pourquoi ne pas te transformer en oiseau ou un truc dans le genre ? Vol vers le bas, et dit à ta copine de nous retrouver au Grand Lac Salé dans l’Utah »

Une fois sur place, ce ne fut pas un atterrissage en douceur. Avec les rames et la coque endommagées, Léo pouvait à peine contrôler le navire. Les autres se sont attachés en bas, à l’exception de Mr.Hedge, accroché à la rampe avant, criant : « YEAH !!! En plein dans le lac !! »

Léo était à l’arrière, seul à la barre, et visa du mieux qu’il put.

Festus grinça et ronronna des signaux d’avertissements, très vite transmis par l’interphone situé à l’arrière.

« Je sais, je sais » lui répondit Léo, en grinçant des dents.

Il n’avait pas beaucoup de temps pour admirer le paysage. Au sud-est, une ville était nichée dans les contreforts d’une chaine de montagnes, bleus et violettes dans l’ombre de l’après-midi. Un paysage désertique plat se prolongeait vers le sud. Directement en dessous du navire, le Grand Lac Salé brillait comme des feuilles d’aluminium accompagnées de littoraux de sables blancs qui rappela à Léo des photos de la planète Mars.

« Accrochez-vous, Coach ! » cria Léo. « Ça va faire mal ! »

« Je suis né pour souffrir ! »

WHOOM ! Une tonne d’eau salée se déversa sur la proue, arrosant Mr.Hedge. L’Argo II pencha dangereusement à tribord, se redressa puis se stabilisa sur la surface du lac. Les machines aériennes qui travaillaient à plein régime, se transformèrent en machines de navigation aquatique. Trois rangs de rames robotisées plongèrent dans l’eau et commencèrent à les faire avancer.

« Beau travail, Festus ! » dit Léo. « Conduis nous jusqu’à la rive sud »

« Ouais ! » Mr.Hedge leva ses poings en l’air. Il était trempé des cornes aux sabots, mais il sourit comme une chèvre folle. « Refaisons-le !! »

« Heu… peut-être plus tard » dit Léo. « Il faut que quelqu’un reste sur le pont, d’accord ? Vous pouvez surveiller le lac, je ne veux pas qu’il se mette à nous attaquer »

« Bien sûr » promis Hedge.

Léo sonna la cloche « fin d’alerte » et se dirigea vers les escaliers. Avant d’arriver à destination, un Clump-Clump-Clump bruyant secoua la coque. Un étalon apparu sur le pont avec Hazel Levesque sur son dos.

« Comment … ? » Léo ne parvint pas à finir sa question. « Nous sommes au milieu d’un lac ! Cette bestiole peut voler ? »

Le cheval hennit furieusement :

« Arion ne peut pas voler ! » corrigea Hazel. « Mais il peut courir à travers n’importe quoi, l’eau, les surfaces verticales et les petites montagnes, rien de tout cela ne le dérange »

« Oh »

Hazel l’observa étrangement, comme au diner sur le forum du Camp Romain.

Elle semblait cherchait quelque chose à travers lui. Le garçon était tenté de se demander s’il ne l’avait pas rencontré par le passé, mais il en était certain : il ne l’avait jamais vue.

Il se souviendrait d’une fille qui lui prête autant d’attention.

« C’est la petite-amie de Frank » se réprima le garçon.

Frank était encore au niveau inférieur, mais Léo voulait qu’il monte les escaliers. La façon dont Hazel l’observait le mettait vraiment mal à l’aise et le gêner profondément.

Mr.Hedge se dirigea vers eux, armé de sa batte de baseball, observant le cheval d’un air soupçonneux. « Valdez » dit-il. « S’agit-il d’une invasion ? »

« Non » dit subitement Léo. « Hazel, tu ferais mieux de venir avec moi. J’ai construit des écuries assez chouettes, afin qu’Arion puisse … »

« Il s’agit plus d’un esprit libre » Hazel se laissa tomber de la selle. « Il va se balader autour du lac, jusqu’à ce que je l’appelle. Mais, je veux visiter le navire. Montre-moi le chemin »

L’Argo II était conçu de la même manière qu’une trirème antique, sauf qu’il était deux fois plus grand. Le premier pont possédait un couloir central avec des cabines pour l’équipage de chaque côté. Sur une trière normale, la plupart de l’espace serait occupé par une centaine de bancs, prêts à accueillir une centaine de mecs, prêts à suer pour faire le travail manuel. Mais les rames de Léo étaient automatisées et rétractables, comme ça elles prenaient peu de place dans la coque.

La puissance du navire provenait de la salle des machines situées sur le deuxième pont puis plus bas, se trouvait l’infirmerie, les réserves et les écuries.

Léo ouvrit la voie en marchant dans le couloir. Il avait équipé le navire de huit cabines, sept pour les demi-dieux de la Grande Prophétie et une pour Gleeson Hedge (Sérieusement … Comment Chiron pouvait le considérer comme un adulte responsable ?)

A la poupe se trouvait un salon, c’était vers là que se dirigeait Léo, accompagné d’Hazel.

Sur le chemin, ils passèrent devant la chambre de Jason. La porte était ouverte, Piper lui tenait la main, tandis que son ami dormait avec un énorme sac de glaces sur la tête.

Piper observa Léo. Elle mit un doigt sur ses lèvres pour lui dire de ne pas faire de bruit, mais elle n’était pas en colère. C’était déjà ça. Léo refoula au plus profond de son esprit sa culpabilité, et il continua son chemin. Quand ils arrivèrent dans la salle à manger, Percy, Annabeth et Frank s’y trouvaient déjà, assis tristement autour de la table.

Léo avait fait du salon la pièce la plus agréable du navire, puisqu’il s’était dit qu’ils y passeraient pas mal de temps ensemble. Le placard était remplit de tasses et de plateaux magiques de la Colonie des Sang-Mêlé, qui se remplissaient de ce qu’ils souhaitaient manger ou boire. Il y avait aussi une glacière magique, qui se remplissait de nourritures et boissons, parfaite pour un pique-nique. Les chaises étaient des fauteuils douillets avec quelques milliers de doigts vous massant, accompagnés de porte-casques et de porte-épées, des outils vitaux pour des demi-dieux.

Il n’y avait aucune fenêtre, mais les murs étaient également enchantées et diffusaient des images en temps réel de la Colonie des Sang-Mêlé : la plage, la forêt, les champs de fraises … Mais à présent, Léo savait que cela allait plus donner le mal du pays à certains que de les rendre heureux.

Percy regardait avec envie le coucher de soleil sur la Colline des Sang-Mêlé, où la Toison d’Or brillait dans les branches du Grand Pin.

« Bien, nous avons atterri » dit Percy. « Et maintenant, que faisons-nous ? »

Frank jeta au coup d’œil aux cordes de son arc : « Essayez de déchiffrer la prophétie ? Je veux dire … c’était bien une prophétie qu’Ella a mentionné, non ? Elle venait des Livres Sibyllins ? »

« Les quoi ? » le questionna Léo.

Frank expliqua à Léo que leur amie Ella la Harpie était douée pour mémoriser des livres. Par le passé, elle avait dû mémoriser des passages de livres qui étaient censés avoir disparu depuis la chute de l’Empire Romain.

« C’est pour cela que vous n’avez rien dit aux Romains » devina Léo. « Vous ne vouliez pas qu’ils mettent la main sur elle »

Percy fixait toujours l’image de la Colline des Sang-Mêlé. « Ella est quelqu’un de sensible. Elle était prisonnière lorsque nous l’avons trouvé. Je ne voulais pas … » Le garçon frappa du poing sur la table. « Ça n’a plus aucune importance à présent ! J’ai envoyé un IrisMail à Tyson, lui disant de conduire Ella à la Colonie des Sang-Mêlé, ils seront en sécurité là-bas … »

Léo en doutait fortement, maintenant qu’ils avaient mis les Romains en colère. Venant s’ajouter les problèmes de Gaïa et des Géants … il préféra la fermer.

Annabeth se tourna les pouces. « Permettez-moi d’oublier un peu la prophétie, en ce moment, nous avons un problème plus grave à régler. Le navire doit être réparé. Léo, de quoi avons-nous besoin ? »

« La première chose est la plus facile à trouver, du goudron » Léo était heureux de changer de sujet. « Nous pouvons en trouver dans la ville, dans un magasin spécialisé dans les toitures ou un truc dans le genre. Puis, il faut également du bronze céleste et de la chaux. Selon Festus, on peut s’en procurer sur une île du lac, à l’ouest d’ici »

« Il faut se dépêcher » reprit Hazel. « Je connais Octave, il doit être en train de nous chercher à travers ses augures. Les Romains enverront une force de frappe après nous. C’est une question d’honneur »

Léo sentit que tout le monde l’observait. « Les mecs … Je ne sais pas ce qui s’est passé. Honnêtement, je … »

Annabeth leva la main. « Nous en avons parlé. Nous sommes d’accord sur le fait que ce nn’était pas ta faute, Léo. C’est la faute de la sensation de froid que tu as mentionné … je l’ai ressentie, moi aussi. Il doit y avoir un truc de magique dans le coin, ça pourrait être Octave, ça pourrait-être Gaïa ou même l’un de ses sbires. Mais en attendant que nous comprenions ce qui s’est passé … »

Frank lui coupa la parole et marmonna : « Comment peux-tu être certaine que cette chose ne va pas revenir ? »

Les doigts de Léo se réchauffèrent, comme s’ils étaient sur le point de prendre feu. Un des pouvoirs que lui avait transmis son père Héphaïstos était de pouvoir invoquer le feu à volonté, mais il devait faire très attention à ne pas foutre le feu à un navire plein d’explosifs et de trucs inflammables.

« Je vais bien, maintenant » insista Léo. « Peut-être que nous devrions utiliser un système de surveillance mutuelle. Personne n’ira nulle part seul. Nous pouvons laisser à bord Piper et Hedge pour qu’ils veillent sur Jason. Envoyer une autre équipe chercher le goudron en ville. Et une autre à la recherche du bronze céleste et de la chaux »

« Se séparer ? » dit Percy. « C’est une très mauvaise idée »

« Ça sera plus rapide » lui répondit Hazel. « Et puis, il doit bien avoir une raison pour qu’une quête soit limitée à trois demi-dieux, non ? »

Annabeth haussa les sourcils, comme si elle approuvait l’idée d’Hazel. « Tu as raison. C’est la même raison qu’il nous faut absolument l’Argo II … en dehors du camp. Sept sang-mêlé dans un même endroit attireraient beaucoup trop de monstres. Le navire a été conçu pour nous dissimuler et nous protéger. Nous serons en sécurité à bord, mais si nous voyageons dehors, ça ne sera que par groupe de trois au maximum. Nous ne devons en aucun cas alerter les sbires de Gaïa de notre présence »

Percy n’avait pas l’air emballé par cette perspective, mais il prit la main d’Annabeth : « Tant que tu es avec moi, je suis partant ! »

Hazel sourit. « Oh et c’est simple, Frank tu as été incroyable en te transformant en dragon. Pourrais-tu le refaire pour amener Annabeth et Percy en ville, à la recherche du goudron ? »

Frank ouvrit la bouche comme s’il voulait protester. « Je … je suppose ! Mais, tu ne viens pas ? »

« Je vais monter Arion avec Sa … avec Léo » Elle jouait avec la pointe de son épée, ce qui mettait Léo très mal à l’aise. Elle semblait aussi nerveuse que lui. « Nous allons trouver le bronze céleste et la chaux. On se donnent rendez-vous ici à la tombée de la nuit »

Frank fronça les sourcils. De toute évidence, le garçon n’aimait pas l’idée que Léo parte avec Hazel. Pour une raison quelconque, cette désapprobation de la part de Frank donnait envie à Léo d’y aller. Il devait prouver qu’il était digne de confiance. Il n’allait pas faire feu avec les balistes cette fois-ci.

« Léo » déclara Annabeth. « Si nous parvenons à ramener tous cela, combien de temps faudrait-t’ il pour que le navire reparte ? »

« Avec de la chance, quelques heures seulement »

« Parfait ! » a-t-elle décidé. « Nous vous retrouverons ici aussi vite que possible, mais soyez prudents. Nous pouvons user d’un peu de chance. Cela ne veut pas dire que ça sera toujours le cas »

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Il avait les cheveux plaqués en arrière, des lunettes de soudeur su le front, un marque de rouge à lèvres sur la joue et les bras et le t-shirt couverts de tatouages qui disaient "CHAUD BOUILLANT", "BAD BOY" et "ALLEZ LES LEO !"

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Tremblez devant le terrible coca light !

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2 Annabeth

UNE ASSEMBLEE DE DEMI-DIEUX se mit de côté rapidement tandis qu’Annabeth marchait à travers le forum. Parmi ceux qui l’observaient, certains semblaient tendus, d’autres nerveux. Certains portaient encore les blessures de leur récente bataille contre les Géants. Personne n’était armé. Personne ne l’a attaqué.

Des familles entières s’étaient rassemblées pour observer les nouveaux arrivants. Annabeth a vue des couples portant leurs bébés, des tout petits accrochés aux pattes de leurs parents et même des personnes âgés portant un mélange de vêtements Romains et Modernes. Etaient-ils tous des demi-dieux ? Annabeth en doutait, mais elle n’avait jamais vue un endroit comme celui-là. A la Colonie des Sang-Mêlé, la plupart des demi-dieux étaient adolescents. S’ils avaient survécu assez longtemps pour obtenir leur diplôme universitaire, ils restaient comme conseillers ou ils tentaient de recommencer leur vie tant bien que mal dans le monde des mortels. Ici, c’était une immense communauté intergénérationnelle.

A l’extrémité de la foule, Annabeth reconnue Tyson, le cyclope et la chienne des Enfers de Percy, Kitty O’Leary- qui avaient été les premiers à partir de la Colonie des Sang-Mêlé pour se rendre au Camp Jupiter. Ils avaient l’air de bonne humeur. Tyson lui fit signe et sourit. Il portait une bannière SPQR tel un bavoir géant.

Une partie de l’esprit d’Annabeth mémorisait la beauté de la ville – les odeurs en provenance des boulangeries, les fontaines qui chantaient, les fleurs qui fleurissaient dans les jardins. Et l’architecture bien sûr … par les dieux, les colonnes de marbre, les éblouissantes mosaïques dorées, les arches monumentales et sans compter les magnifiques villas mitoyennes.

En face d’elle, les demi-dieux ont fait place à une jeune fille en armure Romaine avec une cape violette. Ses cheveux noirs tombaient sur ses épaules. Ses yeux étaient noirs comme de l’obsidienne.

Reyna.

Jason l’avait vraiment bien décrite. Même sans cela, Annabeth l’aurait identifiée comme la cheffe de file. Des médailles décoraient son armure. Elle affichait une telle confiance que les autres demi-dieux reculèrent et détournèrent le regard à son passage.

Annabeth a décelé autre chose dans le visage de la jeune fille, son expression était dure, ses lèvres ne cessaient de bouger, elle leva le menton comme si elle était prête à accepter n’importe quel défi. Reyna était contrainte d’afficher un regard courageux, tout en cachant un mélange d’espoir, de peur et d’inquiétude qu’elle gardait au fond d’elle.

Annabeth connaissait cette expression. Elle l’a voyait à chaque fois qu’elle se regardait dans un miroir.

Les deux filles se tenaient l’une en face de l’autre et les amis d’Annabeth se placèrent de chaque côté en éventail. Les Romains murmurèrent le nom de Jason, le regardant avec admiration. Puis quelqu’un d’autre est apparu dans la foule, et la vision d’Annabeth s’éclaircit.

Percy lui sourit-ce sourire sarcastique, fauteur de troubles, qui l’avait ennuyé pendant des années, avant de devenir attachant. Ses yeux verts océans étaient aussi magnifiques que dans ses souvenirs. Ses cheveux noirs étaient balayés sur le côté, comme si le garçon venait de faire une balade sur la plage. Il avait l’air encore mieux qu’il y a six mois-bronzé, beaucoup plus grand, plus maigre et plus musclé.

Annabeth était trop abasourdie pour se déplacer. Elle estimait que si elle se rapprochait un peu plus de lui, toutes les molécules de son corps allaient s’enflammer. Elle avait secrètement eu le béguin pour lui, depuis ses douze ans. L’été dernier, elle était vraiment tombée amoureuse de lui. Ils avaient été un couple heureux durant quatre mois, puis il avait disparu.

Lors de cette séparation, quelque chose était arrivée aux sentiments d’Annabeth. Ils avaient grandi intensément dans la douleur, comme si on l’avait forcé à abandonner une drogue. Maintenant, elle ne savait pas ce qui était le plus horrible- la vie avec cette horrible absence ou être de nouveau à ses côtés.

Le prêteur Reyna se redressa. Avec une réticence apparente, elle se tourna vers Jason.

« Jason Grace, mon ancien collègue… ». Elle avait prononcé le mot « ancien » comme s’il s’agissait d’une menace. « Bienvenue à la maison. Et à vos amis- »

Annabeth ne le voulait pas, mais elle a fait un bond en avant. Percy se précipita vers elle au même moment. La foule se raidit. Certains cherchaient leurs épées qui n’étaient visiblement pas ici.

Percy l’enveloppa de ses bras. Ils se sont alors embrassés, et pendant un moment rien d’autre n’avait d’importance. Un astéroïde pouvait frapper la Terre et anéantir toutes formes de vie, elle ne s’en rendrait même pas compte.

Percy sentait l’air marin. Ses lèvres étaient salées.

« Cervelle d’algues » pensait-elle, étourdie.

Percy recula et étudia son visage : « Par les dieux, je n’aurais jamais pensé … »

Annabeth a saisi son poignet et lui a retourné vers son épaule. Le garçon a heurté le pavé. Les Romains criaient. Certains se sont avancés, mais Reyna a crié : « Arrêtez ! Restez où vous êtes !».

Annabeth a mis son genou contre la poitrine de Percy. Elle a placé son avant-bras contre sa gorge. Elle ne se souciait guère de ce que les Romains pensaient. Une boule de colère grandissait dans sa poitrine, un mélange de l’amertume et de l’inquiétude qu’elle transportait avec elle depuis l’automne dernier.

« Si jamais tu me quittes une nouvelle fois, » dit-elle, les yeux picotant, « Je jure devant tous les dieux que… »

Percy a eu le culot de rire. Tout à coup, la boule d’émotions qui s’étaient formées chez la jeune fille s’évapora.

« Je me considère prévenu » dit Percy. « Tu m’as manqué aussi ! »

Annabeth se releva et aida le garçon à son tour. Elle voulait à nouveau l’embrasser mais elle a réussi à se contenir.

Jason se racla la gorge : « Heu, oui… C’est super d’être de retour »

Il a présenté Reyna à Piper, qui avait l’air un peu vexée de n’avoir pas eu l’occasion de réciter les lignes qu’elle avait apprise, puis à Léo, qui sourit et fit un signe de paix.

« Et voici Annabeth, » dit Jason. « Heu, normalement elle ne menace personne avec des prises de judo ».

Les yeux de Reyna brillaient. « Tu es sûre que tu n’es pas Romaine Annabeth ? Ou bien une Amazone ? »

Annabeth ne savait pas s’il s’agissait d’un compliment mais elle lui tendit la main. « J’attaque seulement mon copain de cette manière, » a-t-elle promit. « Je suis ravis de te rencontrer ».

Reyna lui serra la main fermement. « Il semble que nous ayons à discuter de beaucoup de choses. Centurions ! ».

Quelques pensionnaires Romains ont bousculé la foule pour pouvoir passer devant, certainement les officiers supérieurs. Deux personnes se tenaient aux côtés de Percy, les mêmes personnes qu’Annabeth avait aperçues du haut de l’Argo II, marchant aux côtés de son petit-ami.

Le gars costaud asiatique à la coupe rasé devait avoir quinze ans. Il était mignon car il ressemblait à un gigantesque ours/panda faisant des câlins. La jeune fille était plus jeune, peut-être treize ans, avec des yeux couleur ambre et une peau chocolat ainsi que de longs cheveux bouclés. Son casque de cavalerie était sous son bras.

Annabeth pouvait analyser dans leur langage corporel qu’ils étaient proche de Percy. Ils se tenaient à côté de lui de façon à le protéger, comme s’ils avaient déjà partagé de nombreuses aventures ensembles. Elle ressentit une pointe de jalousie. Etait-il possible que Percy et cette fille … non. L’’alchimie entre ces trois-là n’était pas comme cela.

Annabeth avait passé la majeure partie de sa vie à lire à travers les gens. C’était une technique de survie. Si elle devait analyser le groupe en profondeur, elle dirait que le grand type asiatique était le petit-ami de la jeune fille, tout en devinant qu’ils n’étaient pas ensemble depuis très longtemps.

Il y avait cependant un truc qu’elle ne comprenait pas : Que-ce que la jeune fille regardait sans cesse ? Elle n’arrêtait pas de froncer les sourcils en direction de Piper et Léo, comme si elle avait reconnu l’un des deux et que ce souvenir n’était pas franchement agréable.

Pendant ce temps, Reyna donnait des ordres à ses officiers : « Dites à la légion de se retirer. Dakota, alerte les esprits de la cuisine. Dis- leur de préparer une fête de bienvenue. Et, Octave …»« Tu acceptes ces intrus dans le camp ? ».

Un grand gars aux cheveux blonds filandreux se précipita à l’avant. « Reyna, les règles de sécurité … »

« Nous n’allons pas les appliquer à l’intérieur du camp, Octave ». Reyna lui lança un regard sévère. « Nous allons manger ici, à l’intérieur du forum ! »

« Oh très bien ! », grommela Octave. Il avait l’air d’être le seul à ne pas accepter que Reyna soit sa supérieur, en dépit du fait qu’il était maigre et pâle, et pour une raison quelconque possédait trois ours en peluche attachés à sa ceinture. « Tu veux qu’on se détendent à l’ombre de leur navire de guerre ».

« Ce sont nos invités » le coupa Reyna. « Nous allons leur souhaiter la bienvenue, et nous parlerons avec eux. En tant qu’Augure, tu devrais brûler une offrande aux dieux pour les remercier de nous avoir ramené Jason en toute sécurité ».

« Bonne idée » reprit Percy. « Va faire brûler tes ours, Octave »

Reyna l’observa comme si elle se retenait de sourire. « Tu as mes ordres ! Vas-y ! »

Les officiers se sont dispersés. Octave a lancé un regard dégouté en direction de Percy puis observa Annabeth d’une manière suspicieuse avant de s’éloigner.

Percy glissa sa main dans celle d’Annabeth. « Ne fais pas attention à Octave, » a-t-il dit. « La plupart des Romains sont des gars super cool - comme Frank, Hazel et Reyna. Tout se passera bien »

Annabeth se sentait comme si on lui avait posé un gant de toilettes froid sur le cou. Elle entendit le rire chuchoter à nouveau, comme si cette chose l’avait suivie hors du navire.

Elle leva les yeux vers l’Argo II. Sa coque en bronze massif brillait au contact des rayons du soleil. Une partie d’elle voulait kidnapper Percy en ce moment, monter à bord, et partir d’ici tant qu’ils le pouvaient.

Elle ne pouvait pas chasser ce sentiment que quelque chose allait mal tourner. Il était hors de question qu’elle puisse perdre Percy de nouveau.

« Tout se passera bien » répéta-elle, essayant de le croire.

« Excellent » a déclaré Reyna. Elle se tourna vers Jason, et Annabeth remarqua qu’il y avait une sorte de lueur de famine dans ses yeux. « Parlons, ici nous pouvons avoir une réunion appropriée ».

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- Nous avons formé tous les héros de mer célèbres! Donne-moi un nom, je te parie qu'il ou elle sort de chez nous!

- D'accord, dit Léo. Par exemple, euh, la Petite Sirène?

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"Touchées par la lumière du jour qui inondait la caverne, les tapisseries d'Arachné pendues aux murs tombèrent en poussière, ce qu'Annabeth trouva insupportable à regarder, surtout celle d'elle avec Percy.

Mais plus rien n'eut d'importance quand elle entendit la voix du jeune homme l'appeler d'en haut:

-Annabeth!

-Je suis là! sanglota-t-elle.

Toute sa terreur l'abandonna dans un grand gémissement. L'Argo II descendit et elle aperçut Percy penché au bastingage. Son sourire valait toutes les tapisseries qu'elle avait jamais vues."

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Il l'a regarda avec ses grands yeux bleu-vert, comme un mignon bébé phoque qui a besoin d'aide. Elle se demanda comment Annabeth pouvait avoir gain de cause quand elle se disputait avec ce gars.

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Et de tous les dieux susceptibles de les aider, les seuls à ne pas être touchés par le schisme entre Grecs et Romains semblaient être Aphrodite, Némésis et Dionysos.

L'amour, la vengeance et le vin. Tu parles d'un secours !

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3 Annabeth

ANNABETH VOULAIT AVOIR FAIM, parce que les Romains savaient comment manger.

Un ensemble de canapés et de tables basses ont été transportées dans le forum jusqu’à ce que celui-ci ressemble à une salle d’exposition de meubles. Les Romains flânaient par groupe de dix ou vingt ans, parlant et riant, tandis qu’un groupe d’esprits venteux –les Aurae- tourbillonnaient au-dessus d’eux, apportant un assortiment sans fin de pizzas, sandwichs, frites, boissons froides et des biscuits frais. A travers la foule, des fantômes pourpres en toges et armures de légionnaires circulaient. Aux alentours, les satyres (non, les faunes, pensait Annabeth) trottaient de table en table, mendiant pour de la nourriture ou de la monnaie. Dans les champs voisins, l’éléphant de guerre gambadait avec Kitty O’Leary, et les enfants jouaient ensemble autour des statues de Terminus qui bordaient les limites de la ville.

La scène était si familière et pourtant si étrangère qu’elle donnait le vertige à Annabeth.

Tout ce qu’elle voulait, c’est être avec Percy – de préférence seul. Elle savait qu’elle allait devoir attendre. Si leur quête était couronnée de succès, ils allaient avoir besoin de ces Romains, ce qui signifiait apprendre à les connaitre et faire preuve de bonne volonté.

Reyna et quelques-uns de ses officiers (y compris le gamin blond Octave, fraichement revenu du sacrifice de son ours en peluche pour les dieux) étaient assis aux côtés d’Annabeth et de ses amis. Percy se joignit à eux avec ses deux nouveaux amis, Frank et Hazel.

Tandis que nombreux plateaux de fruits s’installaient sur la table à la vitesse d’un ouragan, Percy se pencha et chuchota : « Je voudrais te faire visiter la Nouvelle-Rome. Juste toi et moi. L’endroit est incroyable ».

Annabeth aurait dû être aux anges. Juste elle et lui, c’est exactement ce qu’elle désirait. Au lieu de cela, un sombre ressentiment se gonfla dans sa gorge. Comment Percy pouvait-il parler de cet endroit avec un tel enthousiasme ? Qu’en est-il de la Colonie des Sang-Mêlé -leur camp, leur maison ?

Elle essaya de ne pas regarder les nouvelles marques sur l’avant-bras de Percy – un tatouage SPQR comme Jason. A la Colonie des Sang-Mêlé, les demi-dieux obtenaient des colliers de perles pour fêter leurs années de formation. Ici, les Romains brulaient un tatouage dans votre chair, comme pour dire : « Tu nous appartiens. A tout jamais ».

Elle ravala quelques commentaires désagréables. « Ok, bien sûr »

« J’ai pensé que ... » dit-il nerveusement. « J’ai eu cette idée … »

Il s’arrêta lorsque Reyna porta un toast à l’amitié.

Après que tout le monde se soit présenté, les Romains et l’équipage d’Annabeth ont commencé à échanger leurs histoires. Jason expliqua comment il était arrivé à la Colonie des Sang-Mêlé sans aucun souvenir et comment il s’était engagé dans une quête avec Piper et Léo pour sauver la déesse Héra (ou Junon, faîtes votre choix : elle est aussi ennuyante sous sa forme grecque que sous sa forme romaine) qui était retenue prisonnière à la Maison du Loup, au nord de la Californie.

« Impossible ! » l’interrompit Octave. « C’est notre lieu le plus sacré. Si les géants avaient emprisonnés une déesse à cette endroit … »

« Ils l’ont détruite », a dit Piper. « Ils voulaient rejeter la faute sur les Grecs pour qu’une nouvelle guerre civile avec les Romains débute. Maintenant, tu te tais et tu laisses Jason finir. »

Octave ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Annabeth aimait vraiment le don d’enjôlement de Piper. Elle a également remarqué que Reyna ne cessait d’observer Jason et Piper en plissant le front, comme si elle venait de réaliser que ses amis étaient en couple.

« Donc » reprit Jason. « C’est de cette manière que nous avons découvert que cette idée émanait de Gaïa, la déesse de la Terre. Elle est encore à moitié endormie, mais elle lève en ce moment une armée de monstres du Tartare et ressuscite ses fils les Géants. Leur chef Porphyrion, que nous avons combattu à la Maison du Loup, a dit qu’il se retirait dans les anciennes terres, en Grèce.

Il a prévu de réveiller Gaïa et de détruire les dieux par… comment a-t ‘il dit cela ? En les détruisant par leurs racines ».

Percy hocha la tête pensivement. « Gaïa a été très occupée ici, aussi. Nous avons eu l’occasion de rencontrer personnellement son visage hideux ».

Percy raconta à son tour son aventure. Il a mentionné son réveil à la Maison du Loup sans aucun souvenir, sauf un nom – Annabeth.

Quand elle apprit la nouvelle, Annabeth a dû se retenir de pleurer. Percy leur a ensuite raconté comment il avait voyagé jusqu’en Alaska avec Frank et Hazel et comment ils avaient vaincus le Géant Alcyonée, libérés le dieu de la mort Thanatos puis comment ils étaient rentrés avec l’aigle royal perdu au Camp Jupiter pour repousser une armée de monstres.

Lorsque Percy termina son récit, Jason siffla de reconnaissance. « Pas étonnant qu’ils t’ont nommé prêteur ».

Octave renifla. « Ce qui signifie que nous avons trois prêteurs à présent ! Les règles stipulent que le camp ne peut en avoir que deux ! »

« Voyons le bon côté des choses », dit Percy. « Jason et moi nous sommes tes supérieurs, Octave. Ainsi, nous pouvons te dire ensemble de te la fermer ».

Octave est devenu pourpre comme un tee-shirt Romain. Jason été impressionné par les mots de Percy.

Même Reyna a réussi à sourire, mais ses yeux étaient orageux.

« Nous devrons régler le problème de prêteur plus tard » dit-elle. « En ce moment, nous avons des problèmes plus graves à traiter ».

« Je démissionnerais pour Jason » a répondu simplement Percy. « Ce n’est pas grave ».

« Pas grave ? » s’étouffa Octave. « La prêture de Rome n’est pas grave ? »

Percy l’ignora et se tourna vers Jason. « Tu es le frère de Thalia Grace, n’est-ce pas ? Woua, vous n’avez rien en commun les gars ».

« Ouais, je m’en suis rendu compte » dit Jason. « Au fait, je te remercie d’avoir aidé mon camp pendant mon absence. Tu as fait un travail impressionnant ».

« Merci à toi aussi » lui répondit Percy.

Annabeth frappa discrètement Percy dans le tibia. Elle détestait interrompre une amitié fraternelle naissante mais Reyna avait raison, ils avaient des choses plus importantes à régler. « Nous devrions discuter de la Grande Prophétie. Il semblerait que les Romains soient déjà au courant de celle-ci, n’est-ce pas ?».

Reyna hocha la tête. « Nous l’appelons la Prophétie des Sept. Octave, l’as-tu mémorisé ? »

« Bien sûr ! » a-t’ il dit. « Mais, Reyna …»

« Récite-la, s’il te plaît. En anglais, pas en latin »

Octave soupira. « Sept sang-mêlé obéiront à leur sort. Sous les flammes ou la tempête, le monde doit tomber, … »

« Serment sera tenu en un souffle dernier, » a poursuivit Annabeth. « Des ennemis viendront en armes devant les Portes de la Mort ».

Tout le monde l’observa, sauf Léo, qui avait construit un moulin à vent à partir d’emballages de tacos en aluminium, qu’il a ensuite collé à un esprit du vent qui passait.

Le grand garçon, Frank, était assis en avant, les yeux fixés sur elle avec fascination, comme si un troisième œil venait de pousser sur son visage. « C’est vrai que tu es une fille de Min… je veux dire, Athéna ? »

« Oui » répondit-elle, se sentant à présent sur la défensive. « En quoi cela est-il si surprenant ? »

Octave se moqua : « Si tu es vraiment une fille de la déesse de la sagesse … »

« Assez !! » coupa Reyna. « Annabeth dit la vérité. Elle est venue ici en paix. D’ailleurs … »

Elle a lancé avec réticence un regard de respect vers Annabeth. « Percy m’a dit beaucoup de bien sur toi. »

Les nuances de la voix de Reyna empêchaient Annabeth de la déchiffrer. Percy baissa le regard, prit d’un intérêt soudain pour son cheeseburger.

Le visage d’Annabeth vira au rouge. Oh, par les dieux ! … Reyna avait essayé de faire une proposition amoureuse à Percy. C’est ce qui pouvait expliquer l’amertume, peut-être même l’envie, dans ses paroles. Percy l’avait rejeté pour elle.

A partir de maintenant, Annabeth pardonnerait à son petit-ami toutes les choses stupides et ridicules qu’il avait faites par le passé. Elle voulait l’entourer de ses bras, mais elle se força à rester zen.

« Heu... merci » dit-elle à Reyna. « En tout cas, une partie de la prophétie devient claire. Des ennemis viendront en armes devant les Portes de la Mort … ce vers fait référence aux Grecs et aux Romains. Nous devons unirent nos forces pour trouver les portes ».

Hazel, la jeune fille avec le casque de cavalerie et les longs cheveux bouclés, ramassa quelque chose près de son assiette. Cela ressemblait à un gros rubis, mais avant qu’Annabeth puisse en avoir la certitude, Hazel l’avait glissé dans la poche de sa chemise en denim.

« Mon frère, Nico, est allé chercher les Portes », dit-elle.

« Attends ! » reprit Annabeth. « Nico Di Angelo ? Il s’agit de ton frère ? »

Hazel hocha la tête comme s’il s’agissait d’une évidence. Une demi-douzaine d’autres questions s’entassaient dans la tête d’Annabeth, mais elle tournait déjà comme le pinwheel que Léo détenait en ce moment-même. Elle a décidé de mettre ses questions de côté. « D’accord, tu disais ? »

« Il a disparu » Hazel se mordit les lèvres. « J’ai peur … Je n’en suis pas certaine, mais je pense qu’il lui est arrivé quelque chose »

« Nous allons le retrouver » a promit Percy. « Nous devons trouver les Portes de la Mort de toute façon. Thanatos a dit que nous allions trouver les réponses à Rome, la Rome Originelle. C’est sur le chemin de la Grèce, pas vrai ? »

« Thanatos vous a dit cela ? » Annabeth essayait de se faire à cette idée. « Le dieu de la mort ? »

Elle avait rencontré de nombreuses divinités. Elle avait même été aux Enfers ; mais l’histoire de Percy sur la libération de l’incarnation de la mort elle-même, paraissait surnaturelle.

Percy avala une bouchée de son cheeseburger. « Maintenant que la mort est libre, les monstres se désintègrent et repartent dans le Tartare comme ils le faisaient avant. Mais tant que les Portes de la Mort seront ouvertes, ils pourront facilement revenir. »

Piper a tordu la plume dans ses cheveux. « Comme l’eau qui fuit d’un barrage » a-t’ elle suggéré.

« Ouais » Percy sourit. « Le barrage est Hoover »

« Quoi ? » demanda Piper.

« Rien » a-t’ il dit. « C’est juste une blague. Le fait est que nous devrons trouver et fermer les Portes de la Mort avant de pouvoir voyager jusqu’en Grèce. C’est la seule chance que nous ayons de vaincre les Géants et faire en sorte qu’ils restent vaincus ».

Reyna a cueillit une pomme sur un plateau de fruits qui passait à ce moment-là. Elle la fit tourner entre ses doigts tout en observant sa couleur rouge. « Vous proposez un voyage vers la Grèce à bord de votre vaisseau de guerre ? Vous vous rendez compte que les terres anciennes et la Mare Nostrum sont dangereuses ? »

« Marie qui ? » demanda Léo.

« Mare Nostrum » rectifia Jason. « Notre Mer. C’est le nom que les Romains donnent à la Mer Méditerranée »

Reyna hocha la tête. « Le territoire qui était autrefois l’Empire Romain n’est pas seulement le berceau des Dieux. Il est également celui des Monstres, des Titans, des Géants et … de trucs bien pires. Voyager en Amérique pour un demi-dieu est quelque chose de dangereux. Là-bas, c’est dix fois pire »

« Tu avais dit que l’Alaska était dangereuse » lui rappela Percy. « Nous avons survécu »

Reyna secoua la tête. Ses ongles coupés la pomme en laissant comme marque des petits croissants lorsqu’elle s’est retournée vers lui. « Percy, voyager en Méditerranée est beaucoup plus dangereux. Cela fut interdit aux demi-dieux Romains pendant des siècles. Un héros avec un minimum de jugeote ne le ferait pas »

« Mais c’est trop cool ! » Léo sourit en levant la tête de son pinwheel. « Parce que nous sommes tous fous, pas vrai ? D’ailleurs, l’Argo II est un navire de guerre haut de gamme, il va nous aider à traverser ».

« Il va falloir se dépêcher » ajouta Jason. « Je ne sais pas exactement ce que les Géants préparent, mais Gaïa se rapproche rapidement de son réveil. Elle envahit les rêves, apparaissant dans des endroits bizarres, invoquant des monstres de plus en plus puissants. Nous devons vaincre les Géants avant qu’elle ne se réveille complétement ».

Annabeth frissonna. Elle avait eu sa part de cauchemars récemment.

« Sept sang-mêlé obéiront à leur sort » a-t’ elle dit. « Il doit y avoir un mélange entre nos deux camps. Jason, Piper, Léo et moi. Ca fait quatre ».

« Et moi » dit Percy. « Avec Hazel et Frank. Ca fait sept ».

« Quoi ? » bondit Octave. « Nous sommes juste censé l’accepter comme ça ? Sans un vote du sénat ? Sans un débat ? Sans … »

« Percy ! » Tyson le cyclope courait vers eux suivit de Kitty O’Leary. Sur le dos de la chienne des Enfers était assise la harpie la plus maigre qu’Annabeth avait vue jusque-là, une fille maladive aux cheveux roux, portant une robe en toile à sac ainsi que des plumes rouges sur les ailes.

Annabeth ne savait pas d’où venait la harpie, mais son cœur se réchauffa lorsqu’elle vit Tyson dans son pantalon de flanelle en lambeaux et sa bannière SPQR autour du cou. Elle avait eu de très mauvaises expériences avec les cyclopes, mais Tyson était adorable. Il était également le demi-frère de Percy (longue histoire…), ce qui faisait presque de lui un membre de la famille.

Tyson s’arrêta au niveau du canapé et se tortilla les mains. Son grand œil brun était plein d’inquiétude. « Ella a peur » a-t’ il dit.

« Pl… Plus de bateaux ! » Murmurait la Harpie, en arrachant furieusement ses plumes. « Titanic, Lusitania, Pax… les bateaux ne sont pas pour les harpies ».

Léo plissa les yeux. Il regarda Hazel, qui était assise à côté de lui. « Est-ce que ce poulet vient de comparer mon navire au Titanic ? »

« Ce n’est pas un poulet ! » Hazel détourna les yeux, comme si Léo la rendait nerveuse. « Ella est une harpie. Elle est juste… nerveuse »

« Elle est jolie » a déclaré Tyson. « Et elle a peur. Nous devons l’emmenez mais elle n’ira pas sur le bateau »

« Pas sur le bateau » répéta Ella. Elle regarda Annabeth droit dans les yeux. « Pas de chance, elle est là. La fille de la sagesse marche seule … »

« Ella ! » Frank sursauta de son canapé. « Ce n’est surement pas le bon moment pour … »

« La Marque d’Athéna brûle à travers Rome … » a continué Ella, en plaçant ses mains sur ses oreilles et en élevant la voix : « Les jumeaux ont mis fin au souffle de l’ange, qui détient la clé de la mort sans fin. Le fléau des Géants est d’or pâle, gagnait par la douleur d’une prison tissée ».

L’effet fut semblable au lancement d’une grenade Flashbang sur la table. Tout le monde regardait la harpie. Personne ne parlait. Le cœur d’Annabeth battait la chamade. La Marque d’Athéna … elle a résisté à l’envie de vérifier sa poche, mais elle sentait la médaille d’argent se réchauffer, le don maudit de sa mère. « Suis la Marque d’Athéna ! Venge-moi ! »

Autour d’eux, les bruits de la fête ont repris, mais le son était faible et lointain, comme si l’amas de canapé avait disparu dans un quartier étendu et calme. Percy a été le premier à se redresser, il se leva et prit Tyson par le bras.

« J’ai une idée » dit-il avec un enthousiasme forcé. « Que diriez-vous de prendre l’air avec Ella ? Toi et Kitty O’Leary ? »

« Une seconde ! ». Octave saisit un de ses ours en peluche et l’étrangla de ses mains. Il fixa Ella. « Que-ce qu’elle a dit ? Cela ressemblait … »

« Ella lit beaucoup », l’interrompit Frank. « Nous l’avons trouvé dans une bibliothèque ».

« Oui » reprit Hazel. « C’est probablement un passage qu’elle a lu dans un livre »

« Livres » murmura Ella. « Ella aime les livres »

Maintenant qu’elle avait récité ce passage, la harpie semblait plus détendue. Elle était assise les jambes croisées sur le dos de Kitty O’Leary, se lissant les plumes de ses ailes.

Annabeth a lancé un regard inquisiteur en direction de Percy. De toute évidence, lui, Frank et Hazel cachaient quelque chose. Tout comme il était évident qu’Ella avait récité une prophétie – une prophétie qui la concernait.

L’expression de Percy semblait vouloir dire : « Aide-moi ! »

« C’était une prophétie » insista Octave. « Cela y ressemblait en tout cas ! »

Personne ne répondit.

Annabeth ne savait pas exactement ce qui se passait, mais elle comprit que Percy était sur le point d’avoir de très gros ennuis.

Elle se força à rire : « Vraiment, Octave ? Peut-être que les harpies sont différentes chez les Romains. Les nôtres ont juste assez d’intelligence pour nettoyer les bungalows et préparer les repas. Prédisent-elles souvent l’avenir ici ? Les as-tu consultées pour les augures ? »

Ses mots avaient eu l’effet souhaité. Les officiers Romains se mirent à rire nerveusement et d’autres observaient Ella puis Octave en reniflant. L’idée d’un poulet qui avait le don de la prophétie était apparemment aussi ridicule pour les Romains que l’était l’existence des Grecs, avant.

« Je … heu … » Octave lâcha son ours en peluche. « Non, mais … »

« Elle vient de réciter quelques lignes d’un livre » dit Annabeth. « Comme l’a suggéré Hazel. De plus, nous avons déjà une autre prophétie bien plus inquiétante ».

Elle se tourna vers Tyson. « Percy a raison. Pourquoi ne pas partir en vol d’ombre quelque part avec Ella et Kitty O’Leary. ? Tu es d’accord Ella ? »

« Les grands chiens sont bons » a déclaré Ella. « Fidèle Vagabond, 1957, scénario de Fred Gipson et William Tunberg »

Annabeth ne savait pas comment interpréter cette réponse mais Percy sourit comme si le problème était résolu.

« Parfait » dit-il. « On vous enverra un Iris-Mail quand on partira les gars et vous nous rattraperez »

Les Romains se sont tournés vers Reyna, attendant sa décision. Annabeth a retenu son souffle. Le visage de Reyna était totalement impassible. Elle a étudié Ella, mais Annabeth ne pouvait en aucun cas deviner à quoi elle pensait.

« Bien » a dit finalement le prêteur. « Allez-Y »

« Yeah » Tyson a fait le tour des canapés en faisant un câlin à tout le monde – même Octave, qui n’avait pas l’air heureux. Puis il monta sur le dos de Kitty O’Leary en compagnie d’Ella, et la chienne des Enfers bondit hors de la tribune. Ils plongèrent directement à l’intérieur d’une ombre sur le mur du sénat et disparurent.

« Et bien ». Reyna posa sa pomme à présent terminée. « Octave a raison sur une chose. Nous devons obtenir l’approbation du sénat avant de pouvoir envoyer nos légionnaires dans une quête aussi dangereuse que celle-ci »

« Toute cette histoire sent la trahison » grommela Octave. « Cette trière n’est pas un navire pacifique »

« Viens à bord, mec » proposa Léo. « Allons faire un tour. Tu pourras diriger le bateau, et si tu es vraiment bon, je te donnerais une casquette de capitaine prête à être portée »

Les navires d’Octave frémirent : « Comment oses-tu … »

« C’est une excellente idée » a déclaré Reyna. « Octave, va avec lui. Visite le navire. Nous allons convoquer une réunion du sénat dans une heure »

« Mais … » s’arrêta Octave. Apparemment, il pouvait voir à travers l’expression de Reyna qu’une plainte supplémentaire serait dangereuse pour sa santé. « Entendu »

Léo se leva. Il se tourna vers Annabeth et son sourire avait changé. Ça s’est passé si vite, Annabeth pensait l’avoir imaginé, mais juste l’espace d’un instant quelqu’un d’autre avait pris la place de Léo, souriant froidement avec une lueur cruelle dans son regard. Puis Annabeth cligna des yeux, et Léo était redevenu le Léo habituel, avec son sourire espiègle.

« Nous serons de retour bientôt » a-t’ il promit. « Ça va être épique »

Un frisson terrible secoua la jeune fille. Lorsque Léo et Octave se dirigeait vers l’échelle, elle voulait les rappeler, mais comment pourrait-elle leur expliquer ? Leur dire qu’elle devenait folle, qu’elle voyait des choses étranges et ressentait une sensation de froid ?

Les esprits du vent ont commencé à retirer les plateaux.

« Heu, Reyna » a dit Jason. « Si cela ne te dérange pas, je voudrais montrer les alentours à Piper avant que la réunion ne commence. Elle n’a jamais vue la Nouvelle-Rome ».

L’expression de Reyna se durcit.

Annabeth se demandait comment Jason pouvait être aussi stupide. Etait-il possible qu’il ne remarque pas à quel point Reyna l’aimait ? C’était assez évident pour Annabeth. Lui faire une demande pareille ne faisait que remuer le couteau dans la plaie.

« Bien sûr » dit froidement Reyna.

Percy prit la main d’Annabeth. « Ouais moi aussi. Annabeth, je voudrais te faire visiter… »

« Non » l’interrompit Reyna.

Percy fronça les sourcils : « Quoi ? »

« Je voudrais dire quelque chose à Annabeth » a déclaré Reyna. « Seule, si ça ne te dérange pas, mon collègue prêteur »

Son ton indiquait clairement qu’elle n’avait pas vraiment demandé la permission. Le froid se répandit le long du dos d’Annabeth. Elle se demandait ce que Reyna lui voulait. Peut-être que le prêteur ne voulait pas que deux hommes l’ayant rejeté fassent visiter la ville à leurs copines. Ou peut-être qu’il y avait autre chose dont elle ne pouvait que parler en privé. Dans tous les cas, Annabeth était réticente à être seule et sans arme, avec la cheffe romaine.

« Viens, fille d’Athéna » Reyna se leva de son canapé. « Marchons ensemble ».

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- Oui, répondit elle en pesant ses mots. C'est au bord du Tibre. Je crois que je pourrai le trouver, mais je devrais ...

- M'emmener avec toi, completa Percy. Ouais, tu as raison.

Annabeth le fusilla du regard.

- Ce n'est pas ...

- Prudent, ajouta t'il. [...]

Ils se defierent silencieusement du regard, mais Percy ne se laissa pas infléchir.

[...]

- D'accord, marmonna Annabeth. Hazel, maintenant qu'on est à Rome, tu crois que tu pourra localiser l'endroit où est Nico ?

Hazel cligna des yeux, comme si elle s'eveillait d'une transe hypnotique ou l'avait plongé le numéro Percy/Annabeth.

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