Je n’étais qu’une gamine émerveillée par un soleil dissimulant un trou noir qui a annihilé mes espoirs, ma confiance en moi, mes désirs, mes projets. Minuscule flamme d’une bougie anéantie par un souffle fétide. La douleur, atténuée par les derniers événements, revient me transpercer le cœur.

Un sentiment inconnu, pressant, qui me coupe le souffle, s’est emparé de chaque parcelle de mon corps. Il est si puissant qu’il me paralyse sur place. Ma peau s’est subitement couverte de transpiration alors que seule sa silhouette m’apparaissait à travers le plastique rendu opaque par le temps et la crasse. Bien que l’air se soit empli des parfums ferreux de l’hémoglobine, j’ai perçu une note de chèvrefeuille parmi ces dernières et cela a empiré lorsqu’il s’est rué sur moi.

Les cendres qui recouvrent l’asphalte s’envolent jusqu’à mon visage. Je remercie les cieux de posséder la capacité de cesser ma respiration sans conséquences. Cela ne serait en rien décent d’inhaler les restes de mes semblables. Ce soir, la lune est ronde et éclaire les lieux de sa lumière tamisée. J’avance au milieu de l’ancienne avenue en conquérant. Les autres terminent le boulot à l’intérieur des décombres de bâtiments. Je me délecte des cris me parvenant de chaque recoin des ruines. La fumée des incendies que nous avons allumés fait suffoquer les plus téméraires qui osent encore se cacher. Ce simple son, même atténué, gagne les oreilles de mes hommes qui les débusquent pour faire le tri. D’ailleurs, en parlant de tri, je m’arrête au lieu de rassemblement où des dizaines de paires d’yeux vitreux me fixent.

D’un claquement de doigts, il envoie un filet de flocons filer au ras du sol,
tel un serpent. L’amas de neige fonce vers la sortie de la grotte. Je ne le
distingue plus. L’inconnu reste immobile, concentré, ne quittant pas des yeux
l’obscurité qui règne face à nous. À peine cinq minutes plus tard, le cortège de
flocons réapparaît, couvert d’un plaid. Il plane jusqu’à moi pour se poser
délicatement sur mes épaules. Je saisis le tissu doux et chaud entre mes mains.
Dès qu’il a glissé sur moi, la neige s’évapore. Choquée, je relève la tête vers
l’homme face à moi et lui demande :
— Mais… qui êtes-vous ?
Sa réponse a le mérite de me faire éclater de rire.
— Jack Frost, l’esprit de la montagne !

Combien de fois peut-on encaisser le choc d’une mort imminente en peu
de temps ? Est-ce que mon palpitant va résister à ces frayeurs ou lâchera-t-il
d’un coup ? Vais-je finir par attraper des cheveux blancs à force de craindre la
grande faucheuse ? Est-ce que je vais vieillir plus vite ? Je ferme les yeux, les
mains crispées au maximum. La glace qui entrave mes mouvements
commence à me brûler la peau. Alors que je me sens suspendue dans le vide,
j’ouvre un œil, prête à hurler malgré mon bâillon gelé.

Je repère le motel de loin. Je ne sais pas encore quelles
horreurs s’y sont déroulées, mais vu le nombre de voitures
de patrouille, ça ne doit pas être beau à voir. Je sors de mon
véhicule et aperçois immédiatement Mallon. Rouge de colère, une blonde à la bouche, il hurle sur tout ce qui bouge.
Ouais, ça ne va pas être de la tarte ! À l’instant où ses petits
yeux verts de fouine se posent sur moi, je regrette d’avoir
été aussi rapide sur la route.

Dimitri, mon employeur de
l’époque, connaissait l’agoraphobie. Une de ses tantes en
avait souffert. Lorsqu’il a découvert que j’avais lâché mon
job et que je croulais sous les dettes, il a parlé de moi à
l’un de ses confrères qui démarrait son activité : une ligne
coquine en direct.

Lorsqu’enfin elle a terminé, Lucy récupère son sac, son
matériel, vérifie que personne ne peut la voir quitter la
chambre, puis grimpe dans la voiture. Elle abandonne, un
peu plus tard, cette dernière sur le bas-côté de la route avant
d’y mettre le feu et rejoint son propre véhicule à pied pour
rentrer chez elle.

"Jamais je n'avais senti le sol se dérober sous mes pieds à ce point. J'ai l'impression qu'un monstre invisible aspire ma joie de vivre, mes résolutions, mes rêves, l'avenir que je traçais en un claquement de doigts. Tout ce que je suis capable de faire à cet instant, c'est de me reculer pour aller m’asseoir sur la fontaine afin de ne pas chuter. Evan demeure silencieux, comme suspendu à mes lèvres dans l'attente d'une réponse. Mais je ne sais pas quoi dire. Ni quoi penser. "

Stéphanie Delecroix
L'étoile et le rayon de lune
Recueil doux cœurs de Noël

"Cela dit, cette année sera particulière. Nos retrouvailles se feront dans un bar pour un speed dating de Noël. Quelle blague ! Je me demande bien laquelle des deux a eu cette idée. Cependant, je ne me voyais pas refuser l’offre. Elles méritent que je les rejoigne là où elles veulent, quoiqu’il m’en coûte. Mais un regroupement de célibataires pour les fêtes de Noël, ça me semble pitoyable."

Anaïs Mony
Rencontre de Noël
Recueil Doux cœurs de Noël

"Je l'ignorais encore, et lui aussi, mais dès que cette suite de mots fût sortie de sa bouche, mon cœur ne battit plus jamais de manière régulière en sa présence. "

Angie K.
Notre premier décembre
Recueil Doux cœurs de Noël

Quand nos regards se croisent, un violent frisson de désir s'empare de moi. J’essaie de refouler cette sensation interdite, mais je n'y parviens pas. Lorsque nos nez se retrouvent séparés que de quelques centimètres, je ne peux m'empêcher d'entrouvrir les lèvres sous le coup des flammes ardentes qui envahissent chaque terminaison nerveuse de mon corps. Puis il me menace :
— La prochaine fois que tu tenteras quoi que ce soit dans ce genre, j'entre dans cette cage et je te mettrai la fessée la plus mémorable de l'histoire.

Elle porte sa main à ma joue puis approche lentement son visage du mien. À quelques millimètres de ma bouche, elle dévie vers mon oreille et me lance :
— As-tu envie d’un petit extra aujourd’hui ?
Ses yeux se chargent de désir auquel je ne peux résister. Après tout, qui suis-je pour la décevoir ? Sans ajouter un mot, je plonge la tête dans son décolleté puis y récupère le sachet qui m’est destiné. Ma dose d’évasion en poche, je l’embrasse avidement puis lui dit à l’oreille :
— Retrouve-moi dans la limousine en fin de soirée.
Sans une parole de plus, je me dirige vers les toilettes sous son regard satisfait.

Mon cœur vient de quitter ma poitrine et de tomber à mes pieds. Il n’a plus rien de l’organe vital qui me tient en vie, mais est semblable à une larve écœurante qui percute le plancher dans un bruit mat et spongieux.

Mes divagations cessent lorsqu’une phrase attire mon attention. « Marre de cette vie où seul compte l’apparence… »
Prise d’une envie incontrôlable de répondre à cet inconnu qui semble ressentir le même mal être que moi, je clique sur le pseudo « Ameenperil ». Je rentre le pseudo qui me vient à l’esprit « fleurfanée » et une fenêtre de conversation privée s’ouvre instantanément.  

L’amour de ma vie file à travers les docks comme une déesse de la vélocité. C’est pour cela que je l’ai choisie, elle grimpe dans les kilomètre-heure à une vitesse hallucinante, laissant dans mon sillage mes vains poursuivants. Je me faufile rapidement dans la circulation de la voie rapide puis disparais dans le trafic routier. Plusieurs coups d’œil dans mon rétroviseur m’indiquent que je ne suis pas suivi, à mon grand soulagement. Le moment de me retrouver face à Juliette n’est pas encore venu.

Je ne me laisserai pas aller ni déborder. Je prendrai mon temps, je décortiquerai tous les indices, quitte à y risquer ma vie. Mais je n’aurai de cesse tant que cette pétasse ne sera pas morte de mes mains. J’ai l’argent, les moyens et surtout, les hommes pour parvenir à mes fins. Comme s’ils avaient entendu mon monologue interne, Miguel, Bradley, Ezra et Hank tournent le regard vers moi. Dès demain, je dois mijoter mon plan. Tout sera organisé, préparé, réfléchi et exécuté. Rien ni personne ne se placera sur mon chemin, quitte à l’écraser sur mon passage.