Extraits

"L'enfer, c'est les Autres. "

Alors c'est ça l'enfer. Je ne l'aurais jamais cru… Vous vous rappelez : le souffre, le bûcher, le gril.. Ah quelle plaisanterie. Pas besoin de gril, l'enfer c'est les autres.

Inès :

Qu’est-ce que tu as là, au bas de la joue ? Une plaque rouge ?

Estelle, sursautant :

Une plaque rouge, quelle horreur ! Où ça ?

Inès :

Là ! là ! Je suis le miroir aux alouettes ; ma petite alouette, je te tiens ! Il n’y pas de rougeur. Pas la moindre, hein ? Si le miroir se mettait à mentir ? Ou si je fermais les yeux et refusais de te regarder, que ferais-tu de toute cette beauté ? N’aie pas peur : il faut que je te regarde, mes yeux resteront grand ouverts. Et je serais gentille, tout à fait gentille. Mais tu me diras : tu.

Inès :

Regarde dans mes yeux ; est-ce que tu t’y vois ?

Estelle :

Je suis toute petite. Je m’y vois très mal.

Inès :

Je te vois, moi. Tout entière. Pose-moi des questions. Aucun miroir ne sera plus fidèle.

LE GARCON - Mais de quoi parlez-vous ?

GARCIN - Des paupières. Nous, nous battions des paupières. Un clin d'oeil ça s'appelait. Un petit éclair noir, un rideau qui tombe et qui se relève : la coupure est faîte. L'oeil s'humecte, le monde s'anéantit. Vous ne pouvez pas savoir combien c'est rafraîchissant. Quatre mille petites évasion.

On meurt toujours trop tôt - ou trop tard. Et cependant la vie est là, terminée ; le trait est tiré, il faut faire la somme. Tu n'es rien d'autre que ta vie.

"Au secours, Garcin."

Mais toi, toi qui me hais, si tu me crois, tu me sauves.

Je ne peux pas supporter qu'on attende quelque chose de moi. Ca me donne tout de suite envie de faire le contraire.

Comme c'est vide, une glace où je ne suis pas.