Extraits

Il est recroquevillé, les genoux contre la poitrine, les bras autour des jambes, la tête enfouie dans ses bras. Et il tremble.

De tout son corps.

Je ne l'ai jamais vu sous les traits d'un enfant auparavant. Jamais, pas une seule fois depuis que je le connais. Mais en cet instant précis, il a l'air d'un petit garçon. Effrayé. Vulnérable. Seul au monde.

J’ignore où tout cela nous mènera. On est des heures et des minutes qui tentent de saisir la même seconde ; on gravite ensemble, main dans la main vers des jours nouveaux et la promesse d’un avenir meilleur.

Mais si on connaitra l’avenir et qu’on connait le passé, on ne connaitra jamais le présent. Cet instant et le suivant, et même celui qui aurait dû suivre ne sont plus là, sont déjà écoulés, et il ne nous reste plus que ces deux corps épuisés, unique preuve qu’on a traversé le temps et qu’on y a survécu.

Mais ça vaudra le détour, au final.

De se battre pour toute une vie jalonnée de ces instants précieux.

-Qu'est ce qui s'est passé ? Finit par me demander Warner.

Je suis assise sur le lit. Il se tient debout près de la porte et fixe le mur.

-De quoi tu parles?

- Avec Kent, explique t-il. Tout à l'heure. Qu'est ce qu'il t'a dit?

-Oh...(Je marque un temps de pause,gênée.) Il m'a virée de chez lui.

-Ok, mais pourquoi ?

-ça le rendait fou...que je puisse te défendre. Et t'inviter à revenir.

J'entend presque nos coeurs battre dans le silence qui nous sépare.

-Tu me défendais ? Reprend enfin Warner.

-Oui.

Il n'ajoute rien.

Moi non plus.

-Alors il t'a dit de partir, reprend Warner, parce que tu me défendais.

-Oui.

-Et c'est tout?

Mon coeur s'affole, je me sens soudain agitée.

-Non.

-Il y a eu d'autres trucs ?

-Oui.

Warner bat des paupières, les yeux rivés au mur. Il reste immobile.

-Vraiment ?

J'acquiesce.

Il ne dit rien je murmure :

- Il s'est mis dans tout ses états, parce que je l'ai contredit en affirmant que tu n'étais pas cinglé. Et il m'a accusée... d'être amoureuse de toi.

Warner exhale un bref soupir. Sa main effleure l'encadrement de la porte.

Mon coeur bat à tout rompre.

Warner ne quitte pas le mur des yeux.

-Et tu l'as traité d'imbécile...

- Non.

"J’ignore où tout cela nous mènera, lui et moi, mais je sais que je veux y aller en tout cas. On est des heures et des minutes qui tentent de saisir la même seconde ; on gravite ensemble, main dans la main vers des jours nouveaux et la promesse d’un avenir meilleur.

Mais si on connaîtra l’avenir et qu’on connaît le passé, on ne connaîtra jamais le présent. Cet instant et le suivant, et même celui qui aurait dû suivre ne sont plus là, sont déjà écoulés, et il ne nous reste plus que ces deux corps épuisés, unique preuve qu’on a traversé le temps et qu’on y a survécu.

Mais ça vaudra le détour, au final.

De se battre pour toute une vie jalonnée de ces instants précieux."

Juliette

– Hé… l’arme fatale ! aboie Kenji. Ramène ton petit cul par ici. (Il en fait des tonnes pour avoir l’air le plus agacé possible.) On reprend le boulot. Et cette fois-ci, concentre-toi. T’es pas un gorille. Alors évite de tout saccager.

Warner rit de bon cœur.

À gorge déployée.

Je me retourne vers lui et il regarde vers le mur, en essayant de réprimer un sourire, tandis qu’il se passe la main dans les cheveux.

– Au moins, quelqu’un apprécie mon sens de l’humour, ajoute Kenji en me tirant par le bras. Viens, princesse. Essayons de recommencer. Et par pitié, tâche de ne tuer personne 

Castle prend une profonde inspiration.

– Peut-être… commence-t-il en se penchant en arrière, joignant les mains. Peut-être que vous pourrez réussir là où j’ai échoué. Je suis votre aîné de vingt-sept ans, et n’ai jamais eu votre assurance, mais je comprends réellement le courage qui vous anime. Et je crois en la sincérité de vos propos. Nous vous soutiendrons. Mais sachez que vous allez endosser une énorme et terrifiante responsabilité. Qui risque de se retourner contre vous de manière irréversible.

– J’en ai pleinement conscience, je déclare calmement.

– Très bien. Dans ce cas, mademoiselle Ferrars, bonne chance et bon vent. Notre monde est entre vos mains.

"– On t’a fait entrer, soupire Warner, en te cachant dans un sac mortuaire.

Mon corps se raidit, épouvanté.

– Vous avez fait quoi ?

– Tu étais inconsciente, mon cœur. On n’avait pas le choix. Je ne pouvais décemment pas te ramener à la base dans mes bras. La bataille s’était soldée par un certain nombre de victimes. Dans les deux camps. Un sac mortuaire passait facilement inaperçu.

Je le dévisage, bouche bée.

– Ne t’inquiète pas, dit-il en souriant. J’avais fait quelques trous pour que tu puisses respirer.

– Trop aimable ! je lui rétorque.

– C’était prévenant de sa part, intervient Delalieu."

Aucun pistolet, aucune épée, aucune armée, aucun souverain n'auront jamais plus de pouvoir qu'une simple phrase. Les épées peuvent blesser et tuer, mais les mots vous poignardent et s'enfoncent dans la plaie, s'incrustent dans votre corps pour devenir des cadavres qu'on trimballera avec vous plus tard, tout en essayant de creuser et d'arracher leur squelette qui se cramponne à votre chair.

" Mes doigts effleurent mes lèvres, tellement j'ai encore peur de parler.

Je fais tant de choses avec ces lèvres, je me dis soudain. Je goûte, j'effleure, j'embrasse, et je les ai posées sur les parties les plus tendres de sa peau, et j'ai fait des promesses et j'ai dit des mensonges et j'ai touché des vies avec ces deux lèvres et les paroles qui s'en échappent, les formes et les sons qu'elles dessinent. Mais à cet instant précis, mes lèvres aimeraient qu'il lise dans mon âme, parce qu'en vérité j'espérais n'être jamais obligée de dire tout ça, ces pensées, à voix haute.

- Je te veux, j'avoue à une voix tremblante. Je te veux tellement que ça me terrifie. "

" Je ne crains plus la peur et ne la laisserai plus me dominer.

La peur va apprendre à me connaître. "