Extraits

« Je crois bien que c’est à ce moment-là, ce moment précis, que j’ai compris que j’étais vaincu. Ce mec m’attirait comme un aimant. »

« Quel ramassis de conneries ! L’amour, c’est pour les faibles, j’en ai aujourd’hui la preuve. Être amoureux, c’est mettre son cœur à nu, donner sans rien attendre en retour, c’est espérer, c’est y croire, comme un con. »

« Il dépose son blouson sur un portemanteau et me jette un coup d’œil.

— Enlève ton tee-shirt.

J’ouvre les yeux en grand, étonné par sa requête. Je balbutie quelques mots, tel un ado prépubère au QI négatif.

— Quoi ? Je… Moi ?

Keagan se tourne vers moi en fronçant les sourcils.

— Non, le voisin. Évidemment, toi ! Tu vois quelqu’un d’autre ici ?

La mâchoire serrée, je m’exécute, ôtant blouson et tee-shirt. Est-ce l’air un peu frais ou son œil gourmand posé sur mon torse qui me donne la chair de poule, je ne sais pas, mais, en tout cas, je frissonne. Il s’approche et vérifie le pansement. Du bout des doigts, il lisse le morceau de cellophane qui se tend sur mon pectoral gauche. »

Effronté, audacieux, il se lève et se plante devant moi, m’obligeant à faire de même. Il s’avance et ses lèvres attrapent les miennes dans un nouveau geste possessif, mais assuré. Je dois me pencher en avant tant je suis plus grand que lui d’une bonne tête et demie. Sa main gauche s’achemine sous ma chemise et la chair de poule qui ravage mon corps ravive ma queue endormie. De sa main droite, il attrape une mèche de mes cheveux et tire dessus d’un coup sec. Alec se détache difficilement de moi et murmure, les yeux clos.

Jay nous apporte nos verres et je bois une gorgée de ce qui semble être une vodka pomme. Je me redresse et adopte une attitude nonchalante. Le bras passé sur le dossier de ma chaise, je laisse glisser son regard sur ma peau. Ma chemise à carreaux, dont j’ai décousu les manches, laisse apparaître les tatouages qui marquent mes membres. Mains, avant-bras, biceps, épaules, ce sont les seules parties visibles aux yeux d’Alec. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé dessiner. J’étais très doué, tellement que j’ai même pensé un temps devenir dessinateur de bandes dessinées. Finalement, à seize ans, je me suis fait tatouer par le père d’un ami et ce fut pour moi une révélation. J’avais trouvé mon futur métier. Mon regard perçant se pose sur le visage angélique qui me fait face.

— Salut. Je m’appelle Alec.

J’attends quelques secondes avant de me décider à la lui serrer. Ses doigts sont fins, sa peau est douce et chaude.

— Keagan.

Il hausse un sourcil.

— Keagan ? J’adore. Un prénom aussi sexy que le mec qui le porte. Vous habitez ici, tous les deux ?

Je lève les yeux au ciel pendant que les tourtereaux s’embrassent et je tourne la tête vers King. Les deux hommes ont le regard braqué sur moi et mon pote me fait signe de les rejoindre. Bon Dieu, qu’est-ce qu’il a encore inventé ?

— Arrête, mec ! Ce gars-là est maqué, ça crève les yeux.

Affalé avec King sur l’un des canapés rouges du bar de Jay, nous attendons le reste du groupe qui doit arriver d’une minute à l’autre.

— Je te dis que non. Regarde, il est assis seul depuis tout à l’heure, il ne regarde jamais vers la porte, ni même sa montre. Vas-y, va le voir.